L’Europe a-t-elle raison de douter ou est-ce une autocritique injustifiée ?

, par Nathalie Bockelt, traduit par Lise Moutier

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L'Europe a-t-elle raison de douter ou est-ce une autocritique injustifiée ?
L’Europe en construction sous le feu des critiques ? - politheor.net

L’Union européenne a toujours été encensée comme étant un tournant majeur dans le destin des nations par les fédéralistes, alors que les supporters de la cause nationale la critiquent dénonçant sa lourde bureaucratie et son degré d’intégration jugé trop important. Les crises qu’elle traverse actuellement, ainsi que ses déficits institutionnels, entravent d’ailleurs un peu plus l’identité européenne commune. Cependant, quelle vision le reste du monde porte-t-il sur l’Europe ?

Des crises et de l’espoir

Les réfugiés, la crise de l’euro, le chômage des jeunes : ce sont entre autres les sujets que l’on trouve dans les journaux européens, nous délivrant ainsi une image désespérante d’une Europe comme tiraillée par la guerre. De plus, le terme « déficit démocratique », à la mode en ce moment, est régulièrement employé par des experts mettant ainsi un concept sur le scepticisme de plus en plus de citoyens envers l’Union européenne. En effet, la demande de réformes institutionnelles se fait de plus en plus pressante.

Néanmoins, l’Union européenne pourrait commencer par se féliciter, ne serait-ce que pour un court instant, et être fière de ce qu’elle a accompli alors que de nombreux pays l’admire pour son projet unique. De nombreux groupes humains en Afrique espèrent toujours une amélioration de leur situation économique en rejoignant l’Europe, quand bien même la situation des réfugiés pourrait les en dissuader. En même temps, l’Europe concernée par la protection des ressources naturelles est remise en cause en tant que modèle ainsi qu’en tant que partenaire international, par la mise en place de projets tels que « Desertec ». Les Etats-Unis d’un autre coté s’enthousiasment à propos de « l’Europe romantique » : des alliés peu encombrants, des bâtiments historiques ainsi que de petites étendues. Trois heures de train pour aller à Paris ? C’est inimaginable pour un pays d’envergure comme les Etats-Unis.

Une carte de préjugés

Les opinions divergentes en Europe sont souvent influencées par des disputes et des préjugés entre les pays membres. En 2014, Google a publié une carte du monde interactive formée à partir des recherches effectuées par les utilisateurs de la plate-forme internet. Ainsi, les personnes ayant effectué la recherche « Pourquoi les suédois sont si… » ont principalement reçu en suggestion « heureux ». En revanche, la carte révèle également des différences structurelles entre les pays de l’Union européenne. Alors que quasiment tous les pays d’Europe de l’Est sont référencés comme étant pauvres, la plupart des pays riches d’Europe de l’Ouest sont perçus par les utilisateurs de Google comme étant beaux ou heureux.

Le temps des réformes

Les impressions positives ne sont néanmoins pas une opportunité de souffler pour l’Europe. Les relations transatlantiques sont, depuis le scandale de la NSA et les difficiles négociations autours du traité transatlantique, de plus en plus froissées alors que l’attitude de l’Union européenne envers les réfugiés est fortement critiquée comme étant inhumaine et insoutenable. Les perceptions positives révèlent en revanche que l’Union a le potentiel de rayonner et d’agir activement pour changer le cours des choses dans le monde. Les problèmes actuels et son autocritique devraient alors être moteurs de réformes et de changements.

Vos commentaires
  • Le 6 octobre 2015 à 19:56, par Guillaume Bucherer En réponse à : L’Europe a-t-elle raison de douter ou est-ce une autocritique injustifiée ?

    Article simple, court, efficace. Oui, toutes les constructions politiques un tant soit peu démocratiques ont toujours subi des controverses politiques et idéologiques internes. En attendant, rappelons que l’UE est en tête de tous les classements : commerce (volume et valeur), technologies (exportations et dépôts de brevets), économie (1er PIB du monde), droits de l’homme et IDH... On pourrait multiplier. Allez, on n’est pas si mal en UE !

  • Le 7 octobre 2015 à 20:46, par Lame En réponse à : L’Europe a-t-elle raison de douter ou est-ce une autocritique injustifiée ?

    Les perceptions positives révèlent en revanche que l’Union a le potentiel de rayonner et d’agir activement pour changer le cours des choses dans le monde. Les problèmes actuels et son autocritique devraient alors être moteurs de réformes et de changements.

    A la lecture de cet article, j’ai l’impression que l’auteur essaye d’adopter sur l’UE le point de vue que les Américains ont de leur propre fédération. Non seulement j’ai le sentiment qu’il n’y croit pas lui-même mais est-ce la bonne attitude ?

    Ce dont les citoyens européens ont besoin, c’est d’une UE qui multiplie la force commune des Etats membres plutôt que de chercher à les déconstruire. Cette Europe, les citoyens ne peuvent l’instaurer en raison d’un déficit démocratique réel et voulu par leurs dirigeants, fonctionnaires européens en tête.

    Quelles que soient les qualités réelles ou imaginaires qu’on attribue aux institutions européennes, il n’en restera pas grand chose quand l’UE se sera diluée dans le Grand Marché Transatlantique. Le traité constitutif de cette kritarchie ultralibérale est négocié dans la plus grande discrétion et sans une once de démocratie.

    Une illustration supplémentaire du niveau de démocratie et d’eudémonisme de la « merveilleuse » Union européenne.

    P.S. : Si les Américains n’ont pas de TGV, c’est parce qu’il prenne l’avion.

  • Le 8 octobre 2015 à 01:23, par Alexandre Marin En réponse à : L’Europe a-t-elle raison de douter ou est-ce une autocritique injustifiée ?

    « Ce dont les citoyens européens ont besoin, c’est d’une UE qui multiplie la force commune des Etats membres plutôt que de chercher à les déconstruire. »

    L’UE actuelle est dirigée par les Etats membres. Ce sont les chefs d’Etats et de gouvernement les dirigeants de l’Europe, pas les fonctionnaires européens. A moins que les Etats ne soient masochistes et décident de s’auto-détruire, je vois mal en quoi l’UE chercherait à les détruire.

    Mais la faiblesse de l’UE vient de ce qu’elle est gouvernée par les Etats. Quelques exemples précis : TAFTA a été approuvée par les Etats européens. Si cet accord échoue, ce sera grâce au Parlement européen qui s’y opposera. Si on prend le traité international ACTA, ancêtre de TAFTA d’une certaine manière, les Etats membres l’avaient tous acceptés sans exception, cédant aux pressions américaines. Seul le Parlement européen s’y est opposé et a bloqué la ratification de l’accord.

    Tout récemment les accords euro-américains (Swift, PNR...) sur les données personnelles ont été remise en cause par la CJUE qui a invalidé l’accord Safe Harbor. Tous ces accords avaient pourtant été validés par tous les Etats européens. Aucun pays européen n’a osé s’attaquer aux services secrets américains, la CJUE vient de le faire.

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