L’hôpital transfrontalier en quelques chiffres
La Cerdagne est une large et haute vallée pyrénéenne située à plus de 1200m d’altitude et qui se partage entre les régions de Catalogne (Espagne) et du Languedoc Roussillon (France). La vallée compte environ 30 000 habitants permanents. Ce chiffre peut quadrupler en hiver du fait de l’affluence de nombreux skieurs. Un tiers de la population se concentre dans l’agglomération transfrontalière de Puigcerdà/Bourg-Madame. En cas d’urgence hospitalière, les habitants de la Cerdagne et de la vallée française du Capcir doivent se rendre à Barcelone ou à Perpignan à deux heures de route.
Si l’idée d’un hôpital transfrontalier a germé dans les esprits de part et d’autre de la frontière à la fin des années 1990, il a fallu attendre le lancement en 2003 d’une étude de viabilité décidée par la région du Languedoc Roussillon et la Communauté autonome de Catalogne. L’accord de création d’un hôpital transfrontalier est signé en 2007 entre les représentants des gouvernements français et catalan (en Espagne la santé est une compétence des communautés autonomes). Pour cela, les partenaires du projet décident d’utiliser un nouvel instrument juridique européen crée en 2006, le Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT). Le GECT, institué par un règlement européen du Parlement et du Conseil, a pour objectif de faciliter et promouvoir la coopération territoriale en Europe. 65% du coût des travaux de l’hôpital sont pris en charge dans le cadre du Fond Européen de Développement Régional (FEDER). Le GECT-Hôpital de Cerdagne est constitué en 2010. En septembre 2014, l’hôpital transfrontalier ouvre ses portes sur le territoire de la commune de Puigcerdà (Catalogne) non loin de la frontière française.
Innovation et persévérance
L’hôpital transfrontalier contribue grandement au bien-être des habitants de la Cerdagne et du Capcir en leur offrant des soins de santé de proximité (maternité, service de radiologie, spécialité en médicine du sport de montagne, etc.). L’hôpital fonctionne, avec un personnel médical et administratif binational qui accueille les patients dans 3 langues (catalan, espagnol et français). Les patients catalans et français utilisent leurs cartes de santé et ils sont pris en charge comme dans n’importe quel hôpital français ou catalan.
Même si l’hôpital fonctionne déjà depuis quelques mois, tout n’est pas encore réglé sur le plan administratif. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, la santé est une compétence régionalisée en Espagne alors que c’est une compétence nationale en France. La mise en commun d’une infrastructure de santé entre deux pays européen constitue un véritable « casse-tête administratif ». Les tracasseries et autres surprises sont nombreuses et il faut alors une certaine dose d’innovation, de flexibilité et de persévérance pour avancer. Faute de solution législative adéquate, les pompes funèbres françaises ont obtenu du consulat de France à Barcelone, une autorisation pour pouvoir se rendre à l’hôpital situé du coté espagnol afin de rapatrier les corps en France en cas de décès. Et la persévérance des partenaires finit aussi par porter ses fruits. Par exemple, la mise en place d’une boite à lettre de la poste française à l’hôpital de Puigcerdà est une vraie victoire. La voiture jaune de la poste française peut alors aller récupérer le courrier et éviter ainsi qu’une lettre envoyée à un patient résidant a quelques kilomètres du coté français ne passent par Madrid puis Paris et Perpignan avant d’arriver à sa destination.
Un projet hautement symbolique
L’Union européenne peine à sortir d’une grave crise économique et sociale qui dure depuis plusieurs années. De plus, l’euroscepticisme prend de plus en plus d’ampleur au sein des Etats membres. L’Union européenne est souvent accusée d’être coupée de la réalité de ses citoyens. Alors en ces temps de crise et de défiance envers le projet européen, il faut saluer ces hommes et ces femmes, qui par leur persévérance, s’affranchissent des frontières, pour améliorer le quotidien de leurs citoyens. « Nous unissons des hommes » aimait à rappeler Jean Monnet, l’un des pères fondateurs de l’Europe : l’humain doit être au cœur du projet européen.
Le programme européen de coopération territoriale INTERREG (ici, le volet transfrontalier France/Espagne/Andorre) qui a cofinancé la construction de l’hôpital, fête cette année ses 25 ans. Cet anniversaire est l’occasion de mettre en avant des projets concrets qui renforcent les liens et la solidarité entre les citoyens européens. La mise en commun d’une infrastructure de santé entre deux pays membres de l’Union européenne en est un magnifique exemple.
1. Le 15 mai 2015 à 23:17, par Chris Powers En réponse à : L’hôpital transfrontalier de la Cerdagne : De l’Europe concrète
Très bien ! Je viens de lire un article sur le Cerdagne et l’identité nationale. C’est ici mais en anglais : http://www.jstor.org/stable/1881132 (The Nation in the Village : State-Building and Communal Struggles in the Catalan Borderland during the Eighteenth and Nineteenth Centuries)
2. Le 9 juin 2016 à 17:43, par sournia claude En réponse à : L’hôpital transfrontalier de la Cerdagne : De l’Europe concrète
Bonjour, Bravo pour votre magnifique installation mais il semble l’absence regrettable d’un service de - neurologie vasculaire - et d’un médecin dans cette spécialité compte tenu de la qualité de vos équipements et de votre rapidité d’intervention CS
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