L’Ai act : une innovation qui projette l’Union dans le futur ?

, par Le Courrier d’Europe, Lubna Bouchnak

L'Ai act : une innovation qui projette l'Union dans le futur ?
Margrethe Vestager, Commissaire européenne chargé du dossier de l’AI Act. © Parlement européen

Le 13 mars 2024, date désormais gravée dans l’histoire européenne : le Parlement européen a franchi un pas de géant en adoptant l’AI Act, un règlement pionnier visant à encadrer l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA). Cette initiative marque non seulement le tout premier cadre juridique complet régissant l’IA au monde, mais elle positionne également l’Europe en tant que leader mondial dans ce domaine en plein développement. Plus qu’une simple réglementation, l’AI Act représente une manifestation clé du soft power européen, renforçant encore un peu plus l’influence de l’Europe sur la scène mondiale.

L’adoption de l’AI Act survient à un moment crucial où l’IA offre des opportunités sans précédent, soulevant toutefois des préoccupations majeures concernant notamment les droits fondamentaux, la sécurité et l’éthique. En proposant un cadre réglementaire robuste et progressiste, l’Europe répond de manière proactive à ces défis, montrant ainsi son engagement envers la protection des citoyens et la promotion d’une utilisation responsable de la technologie.

Conception et adoption de l’AI Act

L’adoption de l’AI Act marque un tournant majeur dans la régulation de l’intelligence artificielle, positionnant l’UE sur le devant de la scène internationale. L’Union cherche à travers cette législation novatrice à promouvoir des normes avancées en matière de protection des données, de transparence et de responsabilité.

Le Parlement européen et le Conseil de l’UE ont ainsi voté en faveur de l’adoption de la loi sur l’IA Initialement, la proposition a été présentée par la Commission européenne le 21 avril 2021. Après des débats et des amendements, le Parlement a adopté sa position dès la première lecture le 20 juin 2023, suivi par le Conseil de l’UE quelques jours plus tard.

Ce texte a ensuite été soumis au processus de ratification par les États membres de l’Union européenne. Après sa promulgation, chaque pays devra définir des mesures nationales pour se conformer aux dispositions de la directive européenne sur l’IA. En cas d’absence de ratification dans le délai de prescription de deux ans, la législation européenne sera appliquée au niveau national telle qu’elle a été adoptée par les institutions européennes. Le règlement devrait entrer pleinement en vigueur en 2026, mais des exceptions seront prévues, notamment pour les interdictions d’usage, lesquelles seront applicables six mois après cette date.

Niveaux de risque et protection du consommateur

La loi sur l’IA repose sur une approche focalisée sur les risques que ces technologies émergentes pourraient représenter. Ainsi, l’Union européenne a défini quatre niveaux de réglementation pour classer les systèmes d’IA selon le degré de risque qu’ils constituent. Au plus faible, le niveau de risque négligeable comprend les systèmes qui présentent peu ou pas de danger pour les droits fondamentaux et la sécurité des individus. Ils sont soumis à des exigences minimales et bénéficient d’une réglementation souple. Deuxièmement, les systèmes à risque modéré, qui ne sont assujettis qu’à des exigences spécifiques de transparence et de surveillance. Ensuite, les systèmes à risque élevé, présentant des dangers importants pour la sécurité et la santé des consommateurs, et qui nécessitent un contrôle plus strict, avant leur mise sur le marché. Enfin, les systèmes à risque inacceptable, constituant une menace grave pour les droits fondamentaux ou la sécurité des individus, eux sont interdits sur le marché de l’UE.

Cette approche nuancée permet non seulement de protéger les droits fondamentaux des individus, mais aussi de promouvoir l’innovation dans le secteur de l’IA, en le rendant plus sûr à l’utilisation. En effet, l’IA est employée comme outil novateur dans plusieurs secteurs, comme la santé et les transports. Sa transparence et sa traçabilité sont des piliers essentiels à son développement, et de l’AI Act : les fournisseurs sont tenus de partager des informations claires sur le fonctionnement de leurs systèmes, et les utilisateurs sont encouragés à surveiller et à signaler les incidents graves. De cette manière, la confiance dans l’IA est renforcée, ainsi que correctement alignée aux valeurs européennes. Cette approche s’explique également en ce qui concerne l’attribution de la responsabilité en cas de litige engendré par un système d’IA défectueux. Le cas échéant, la responsabilité repose sur la présomption d’un lien de causalité entre le dommage subi par l’utilisateur et le dysfonctionnement du système d’IA concerné. En adoptant ces mesures, l’Union européenne cherche à promouvoir un environnement d’IA éthique et responsable, où l’innovation est encouragée, tout en protégeant les intérêts et les droits des utilisateurs.

Le « Brussels Effect » : le soft power à l’européenne

En adoptant l’AI Act, l’UE a réaffirmé son soft power sur la scène internationale. Celui-ci se manifeste par la promotion inédite de ses normes. En renforçant sa réputation en tant que championne des valeurs démocratiques et des droits de l’Homme, l’UE attire l’attention des autres acteurs mondiaux. Cette potentielle influence morale et éthique renforce son leadership dans de nombreux domaines, notamment celui de la technologie.

Le «  Brussels Effect » (effet bruxellois) permet à l’Europe de façonner les normes et les pratiques mondiales en matière de gouvernance technologique, en incitant les autres acteurs internationaux à s’aligner sur les normes européennes. Par conséquent, en tant que leader dans la définition de ces normes, l’UE impacte non seulement son marché intérieur, mais aussi les autres marchés de la planète, incitant les entreprises du monde entier à se conformer à la réglementation européenne pour accéder au marché européen. L’UE consolide ainsi son rôle en tant que leader mondial dans le domaine de la gouvernance technologique.

L’AI Act est donc une étape décisive dans la régulation de l’IA en Europe et dans le monde, démontrant l’engagement de l’Europe envers une utilisation éthique et responsable de la technologie. En tant que premier règlement de ce type au monde, la directive sur l’IA place l’UE en pole position dans le contrôle de cette nouvelle technologie.

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