Carles Puigdemont, un homme aux profondes convictions
Il a suffi cinq heures ce dimanche pour que la Generalitat ait un nouveau président. Presque inconnu du grand public, Carles Puigdemont revêt un aspect moderne et dynamique. Polyglotte dans une Espagne allergique les langues étrangères, il parle catalan, espagnol, français, anglais et roumain.
Ancien journaliste de formation, il publia dans de nombreuses revues en faveur l’indépendantisme catalan. Tel Artur Mas, il devient en 2006 député de la Convergence Démocratique de la Catalogne (CDC), un parti de centre-droit. Maire de Gérone en 2011, il fut récemment nommé Président de l’association des communes indépendantistes (AMI), une organisation regroupant les collectivités locales qui souhaitent défendre les droits nationaux de la Catalogne.
Volontaire et discret face aux affaires de corruption, Carles Puigdemont s’impose en figure phare de la cause catalane et met d’accord les deux groupes indépendantistes : la CDC et le CUP. Dimanche dernier, il a été élu avec 70 voix contre 63 : 62 des députés de Junts pel Si (ensemble pour le oui) et 8 des anti-capitalistes de la CUP. En septembre dernier, les indépendantistes avaient obtenu la majorité des sièges du Parlement, mais pas des voix (47,8%).
Si Artur Mas a réussi à placer son protégé au devant de la scène, il fut victime de la défiance de la CUP. Puigdemont s’imposera-t-il en leader ou restera sous contrôle d’Artur Mas ? Dans tous les cas, les ambitions des indépendantistes sont au plus haut.
Des projets à court et long termes pour l’indépendance catalane
Le nouveau président suivra la feuille de route d’Artur Mas exposée le 9 novembre dernier qui a pour objectif “Le début de la création de la République Catalane”.
Dans les 30 prochains jours (jusqu’au 10 février), Carles Puigdemont posera les premières pierres de l’édifice étatique catalan. A savoir, la création d’une agence de sécurité sociale sur les pensions et le chômage, la création d’une banque centrale catalane, d’un trésor public ainsi qu’une réforme fiscale. Au-delà des enjeux socio-économiques, c’est une volonté de démontrer la compétence et le professionnalisme d’éventuels futurs dirigeants d’un Etat catalan.
Mais surtout, Carles Puigdemont souhaite instaurer dans un délai de 18 mois, un référendum portant sur la nouvelle Constitution catalane. Si une telle déclaration fut annulée par le Tribunal constitutionnel espagnol le 2 décembre dernier, Carles Puigdemont souhaite obtenir l’aval du tribunal dans les mois à venir.
Selon lui, il n’y a pas de temps pour les lâches. Se définissant comme le président de la post-autonomie et de la pré-indépendance, il veut négocier une rupture civilisée avec l’Etat espagnol. Le pays en proie à une instabilité gouvernementale tente de réagir tant bien que mal.
Une Catalogne armée face à une Espagne fragilisée
L’investiture de Carles Puigdemont a pris de cours Madrid. Depuis le 20 décembre, les négociations pour former un nouveau gouvernement sont au point mort et le calendrier est délicat. En cas de mesures fortes prises par le gouvernement catalan, la réponse espagnole sera timide. Malgré tout, Mariano Rajoy a exprimé un message de fermeté “Que tout le monde se rassure. Mon gouvernement ne laissera pas passer une seule initiative qui aille contre la souveraineté espagnole”.
Le Parti Populaire (PP) de Rajoy prône l’unité et souhaite s’allier avec le Parti Socialiste Ouvrier Espagnole (PSOE) de Pédro Sanchez dans une grande coalition. Mais, le leader socialiste aimerait suivre l’exemple portugais d’union des gauches. Il ajoute que s’allier avec Rajoy c’est “aggraver encore plus la confrontation”.
Si Podemos (Nous pouvons) et le PSOE rejettent la politique d’austérité, la Catalogne divise cette possible alliance. Le PSOE, dont les plus grands fiefs électoraux sont des communautés autonomes dépendantes de subvention espagnoles (Andalousie, etc.), bénéficie des rentrées fiscales de la Catalogne. Ainsi, le parti propose une réforme de la Constitution vers un Etat fédéral et davantage d’autonomie sans accorder l’indépendance. En revanche, Podemos propose un référendum en valorisant le droit des communautés autonomes, mais reste farouchement opposé à l’indépendance.
L’Espagne qu’on applaudi par son renouvellement politique rajeuni, est ingouvernable. Si le dernier recours reste la suspension de l’autonomie catalane et le contrôle de l’institution régionale, les indépendantistes sont en position de force. A l’heure actuelle, si tout pronostic hasardeux est à éviter, Carles Puigdemont affiche ses ambitions et se met à rêver.
1. Le 26 mai 2016 à 20:54, par Perico Chicano En réponse à : L’indépendantiste Carles Puigdemont prend le pouvoir au Parlement catalan
« les communautés espagnoles dépendantes des subventions espagnoles » On sent un petit parfum condescendent, sinon méprisant, pour les régions les moins bien loties historiquement, comme géographiquement. Vous connaissez la synergie ? ou la justice et la solidarité au delà des nations,des peuples ou des tribus ?
On vous sent également un petit faible pour le mouvement nationaliste catalan, « Le taurillon » a obtenu le prix de la citoyenneté européenne, décerné par le parlement européen, l’ANC, principale ONG pro-nationaliste catalane s’est présenté pour l’obtention de ce prix, elle n’a pas dépassé le premier tour éliminatoire. Et c’est la SCC, ONG anti nationaliste qui l’a obtenu. Savez vous pourquoi ?
2. Le 28 mai 2016 à 10:56, par Hervé Moritz En réponse à : L’indépendantiste Carles Puigdemont prend le pouvoir au Parlement catalan
Les colonnes du Taurillon sont ouvertes à tous. Sur ce sujet, les partisans d’une Catalogne espagnole peuvent également proposer des articles sur notre blog. Nous voulons alimenter le débat.
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