L’UE lance son aide humanitaire contre le virus

, par Florian Laur

L'UE lance son aide humanitaire contre le virus
L’Union européenne va également agir hors de son territoire. Image : rockcohen / Flickr

Alors que les ministres des finances se sont accordés sur un plan de sauvetage à hauteur de 500 milliards d’euros pour l’Union européenne, les ministres des affaires étrangères ont annoncé eux le lancement d’un programme de plus de 20 milliards d’euros composé de fonds et de prêts destinés à venir en aide aux pays les plus vulnérables face à cette crise.

Un placement stratégique de la « Team Europe »

La commission européenne a révélé mercredi 8 avril la création d’un plan européen d’aide pour assurer une réponde globale à la pandémie. En effet, comme l’énonce la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen, il faut répondre globalement à une pandémie mondiale. Dans les faits, le plan est dirigé en trois objectifs : assurer une réponse d’urgence à hauteur de 502 millions d’euros, soutenir l’accès la recherche, l’accès à la santé et aux systèmes de distribution d’eau potable pour 2,8 milliards d’euros et avant tout assurer une réponse de 12,28 milliards d’euros aux conséquences sociales et économiques que pourraient avoir le coronavirus. Ce programme d’une valeur 15,6 milliards d’euros consiste donc en un déblocage d’urgence sans précédent de l’Union européenne en termes d’aide humanitaire quand on sait que le budget 2014-2020 consacraient seulement 2,6 milliards d’euros à la santé dans les pays partenaires.

L’originalité de ce programme vient du fait qu’il soit complété individuellement par les États membres pour atteindre une valeur de 20 milliards d’euros. Un système d’effacement de la dette reste lui encore en discussion. Cette réponse coordonnée à l’échelle européenne place donc l’Union comme un seul et un même bloc. C’est pourquoi la commissaire aux partenariats internationaux Jutta Urpilainen évoque une « Team Europe ». On ne peut que se féliciter de voir l’Union européenne se placer enfin pour assurer une réponse commune à l’échelle mondiale. Cette intervention de l’Union européenne est d’autant plus stratégique. En effet alors que les États-Unis semblent se concentrer sur une lutte interne à l’épidémie, d’autres pays profitent de cette crise pour renforcer leur influence. La Chine et la Russie en tête œuvrent de tout leur poids diplomatique pour assurer un soutien mondial envoyant tour à tour de l’aide dans tous les coins de la planète. En lançant un tel programme l’Union européenne essaye de trouver sa place dans le duopole jusque-là établi.

L’Afrique : une priorité

Le plan prévu par la Commission européenne prévoit un soutien global dans la lutte contre l’épidémie. Il se concentre néanmoins plus particulièrement sur l’Afrique en y dirigeant la part la plus significative soit 4,67 milliards d’euros. En effet, l’Afrique pour l’instant en partie épargnée par le virus se prépare à une crise majeure dans les prochaines semaines/mois alors qu’elle fait face à un manque d’infrastructure adaptée. Ce qui pourrait entraîner de graves conséquences pour le continent mais aussi pour l’ensemble de la planète. L’AFP révèle notamment que la Centrafrique ne dispose que de 3 respirateurs pour 4,3 millions d’habitants. Face à cette menace le premier ministre éthiopien Abiy Ahmed demande un soutien de la communauté internationale de 150 milliards d’euros.

L’Afrique constitue aussi une place importante pour les pays européens qui ont de forts liens économiques et sociaux avec le continent. La question se pose donc sur le rôle que va pouvoir avoir la réponse de l’Union européenne. Bien qu’elle soit fortement nécessaire, comme le souligne Noura Hamladji, directrice régionale adjointe pour l’Afrique au programme des Nations-Unies pour le développement. Certaines voix s’élèvent, comme le rapporte RFI. Pour François Ndengwe, président de l’African advisory board, l’aide de l’Union européenne est trop faible pour un continent comptant 1,3 milliards d’habitants d’autant plus qu’elle est souvent mal redirigée sur le terrain.

Une aide soumise à la limite budgétaire

Le programme d’aide pourvu par l’Union européenne est en effet réduit, comme le souligne Josep Borrel, haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères, il ne s’agit pas d’argent « frais ». C’est-à-dire que l’argent actuellement disponible vient en réalité d’autres programmes et a été redirigé pour constituer cette aide. Michael Köhler, un des responsables des services pour les opérations d’aide humanitaire européennes déclare au Figaro que « nous sommes pour l’instant à la limite de nos moyens financiers ». L’Union doit donc mettre fin à certains programmes de développement pour assurer une aide plus urgente.

Cette limite vient en effet d’une absence d’accord sur le cadre financier pluriannuel pour l’exercice 2021-2027, en sachant que les réserves du cadre 2014-2020 vont très bientôt être épuisées. Il appartient donc aux Etats membres de réviser l’accord prévu pour l’exercice pluriannuel prochain afin de débloquer des fonds qui seront nécessaires pour lutter contre l’épidémie. En l’absence de nouveaux fonds et de nouveaux mécanismes de prises de décision d’urgence, l’Union européenne ne pourra pas assurer une réponse forte et uniforme à la crise humanitaire mondiale actuelle, ce qui pourrait avoir de graves conséquences à court terme sur la catastrophe sanitaire en cours et à plus long terme sur la dégradation des relations avec ses pays partenaires, en Afrique notamment.

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