L’Union européenne face à l’urgence du changement : montée de l’extrême droite et perte de confiance

, par Alice Heurtin, Le Taurillon en Seine

L'Union européenne face à l'urgence du changement : montée de l'extrême droite et perte de confiance
Soirée électorale le 9 juin 2024 au Parlement européen à Bruxelles © European Union 2024 - Source : EP

Face à la montée des extrémismes et au recul de la confiance des citoyens envers l’Union européenne, la nouvelle Commission fait de la démocratie et des valeurs européennes ses priorités pour le mandat 2024-2029.

L’extrême droite en avant toute !

La démocratie européenne est en danger, c’est une évidence. Dans 14 pays sur 27, les partis populistes d’extrême droite ont gagné des sièges au Parlement européen en 2024. Crise après crise, élections après élections, la tendance se confirme : l’extrême droite progresse et ce, partout en Europe. Aujourd’hui, en Autriche, l’extrême droite négocie pour former un gouvernement après l’échec d’une coalition entre les sociaux-démocrates et les conservateurs. Si cette information, prenant un cas à l’échelle européenne, peut sembler anodine, il semble nécessaire de rappeler que le parti de la liberté d’Autriche (Freiheitliche Partei Österreichs) a été fondé en 1955 par d’anciens nazis dont les idées extrêmement radicales ne se sont pas adoucies avec le temps. Cet exemple est loin d’être un épiphénomène puisqu’en traversant, ne serait-ce qu’une frontière, on arrive en Allemagne, où la présidente du parti de l’AFD (Alternative für Deutschland), Alice Weidel a déclaré lors d’une émission en direct avec Elon Musk qu’Adolf Hitler était un “socialiste”, ce qui constitue une distorsion de l’histoire. Ses discours propagent en grand nombre, des fakes news, de fausses informations et des vérités alternatives. Que ce soit en France ou en Europe, les politiques doivent prendre leurs responsabilités et ne pas laisser la xénophobie, l’antisémitisme et le racisme triompher.

L’Europe, ces citoyens en rupture

Si la montée de l’extrême droite est préoccupante, la distance entre Bruxelles et ses habitants, l’est tout autant. En effet, comme le démontre l’étude menée par l’organisation internationale, More in Common, en 2023, à un an des élections européennes, près de 60% des Français considéraient que l’Europe était déconnectée des préoccupations des Européens. Les autres critiques à l’encontre de l’UE sont d’un côté, son caractère bureaucratique (71% des Français) et, de l’autre, la corruption à laquelle elle serait confrontée (57%). Ces sentiments sont d’autant plus inquiétants que 41% des Français se déclareraient europhobes : “Si la sortie de la France l’UE ne leur apparaît plus vraiment comme une option après le chaos du Brexit, ils rendent néanmoins l’Union européenne responsable de la plupart des maux dont souffre notre pays”. Ce phénomène, l’europhobie mêlé à l’euroscepticisme qui correspond à la méfiance des individus vis-à-vis de l’Union européenne n’est pas isolé et prend de l’ampleur : d’après l’Eurobaromètre de l’année 2023, la Slovaquie serait le second des 27 Etats membres le plus eurosceptique après l’Hexagone. La différence entre ces deux notions est que l’euroscepticisme formule des critiques vis-à-vis de la construction européenne, alors que l’europhobie est tout simplement la peur et le rejet de la construction européenne. C’est ce sentiment de déconnexion, d’oubli de la population, d’élites dirigeantes agissant pour leurs propres intérêts qui peut expliquer la montée de l’extrême droite, de personnalités clivantes pour qui l’UE n’est qu’un obstacle qui les empêche de revenir à un souverainisme décomplexé. L’Union européenne doit agir sans délai pour restaurer la confiance avec ses citoyens et éviter d’effriter davantage la légitimité de Bruxelles.

Une solution : le bouclier européen de la démocratie

Quelle peut être l’action de la Commission européenne pour regagner la confiance des citoyens et barrer le passage aux partis eurosceptiques et populistes ? La réponse tiendrait en six mots : le bouclier européen de la démocratie. Initiative annoncée par Ursula von der Leyen en juillet 2024, en des temps marqués par les ingérences étrangères et la désinformation croissante sur le continent. Suite à cette annonce, une commission spéciale sur le bouclier européen de la démocratie a été créée au sein du Parlement Européen. Composée de 33 membres, celle-ci a plusieurs objectifs. Parmi eux : “Évaluer la législation et les politiques afin de renforcer la détection d’éventuelles lacunes, failles et chevauchements qui pourraient être exploités à des fins d’ingérence malveillante dans les processus démocratiques.”- “Élaborer (...) des suggestions et des propositions.”

Une initiative bienvenue et une réponse urgente et stratégique face aux menaces qui pèsent sur nos démocraties. Néanmoins, cette initiative sera-t-elle suffisante pour ramener l’Europe près des yeux et du cœur des citoyens européens ?

Cet article a été écrit dans le cadre de l’édition 2025 du Taurillon en Seine, l’édition francilienne du Taurillon.

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