Au Luxembourg, nichée au cœur de l’Europe, la Banque européenne d’investissement (BEI) opère discrètement mais significativement, façonnant l’avenir du continent par le biais d’investissements stratégiques. Malgré son impact significatif, la BEI reste méconnue du public. Nos récents entretiens avec Sabine Parisse et Tanguy Desrousseaux à la BEI nous éclairent sur le rôle central de la banque et sur les contributions uniques de leurs équipes.
Une banque pas comme les autres
La BEI se distingue des autres institutions européennes. Comme l’a souligné Tanguy Desrousseaux, chef de l’équipe chargée des prêts en faveur du secteur public et des infrastructures, la BEI est une entité autonome qui, bien que détenue par les États membres de l’UE, n’est pas une institution de base de l’UE et n’est pas directement rattachée à la structure politique de l’Union européenne. Contrairement aux banques commerciales, la BEI donne la priorité aux investissements à long terme présentant des avantages socio-économiques et environnementaux substantiels. Cette approche distincte est facilitée par sa note AAA, qui correspond à la plus haute solvabilité. Cette note permet à la BEI de se procurer des fonds à des taux favorables et de répercuter ces avantages sur ses emprunteurs.
Renforcer le secteur public en Europe
L’équipe de Mr Desrousseaux gère un portefeuille impressionnant, prêtant environ 6 milliards d’euros par an en France, au Benelux et en Irlande. Leurs projets couvrent un large éventail de secteurs, notamment le logement social, la santé, l’éducation, les transports et les énergies renouvelables. « Notre objectif est de soutenir des projets qui ont un impact tangible sur la vie des gens », explique Mr Desrousseaux. Cet engagement se reflète dans la multitude de projets financés par la BEI, qu’il s’agisse de lignes ferroviaires à grande vitesse, d’hôpitaux ou d’initiatives dans le domaine des énergies vertes.
Une évaluation rigoureuse des projets
L’une des caractéristiques de la BEI est son processus d’évaluation approfondie des projets. Mr Desrousseaux a souligné que le soutien de la banque dépend de la viabilité du projet et de son adhésion aux priorités de l’UE. Les projets sont méticuleusement évalués du point de vue de leur solidité technique, environnementale et économique. Cet examen rigoureux permet de s’assurer que chaque euro investi par la BEI contribue au développement durable et s’aligne sur les objectifs plus larges de l’Union européenne.
Au-delà de ses activités de prêt, la BEI fournit également des services de conseil, en aidant les entités des secteurs public et privé à surmonter les difficultés liées à la mise en œuvre des projets. Ce double rôle de prêteur et de conseiller fait de la BEI un partenaire essentiel dans le paysage européen du développement.
Défis et opportunités
Malgré ses succès, la BEI est confrontée à des défis majeurs. Comme l’a souligné Mr Desrousseaux : « la demande d’investissements dépasse largement la capacité de la Banque », ainsi, trouver un équilibre entre ces besoins et le respect de critères stricts pour les projets est une tâche délicate. En outre, le rôle de la BEI dans le financement de projets bénéfiques pour l’environnement a pris de l’importance, reflétant l’engagement de l’UE en faveur des Accords de Paris et de la transition verte.
Élargir le champ d’action : Financement au-delà de l’Europe
Mme Sabine Parisse qui dirige la communication en Belgique et au Luxembourg, a souligné les efforts déployés par la Banque pour améliorer la transparence et la sensibilisation du public. « Il est crucial pour nous de communiquer efficacement sur l’impact de la BEI », a-t-elle noté, soulignant l’importance d’informer le public sur les contributions de la banque au développement de l’Europe. Sabine Parisse a souligné que si la BEI soutient principalement des projets au sein de l’UE, elle étend également son champ d’action à l’échelle mondiale : « la BEI a pour mission de soutenir les politiques extérieures de l’UE », a-t-elle expliqué. « Cela signifie que nous pouvons financer des projets dans des pays non-membres de l’UE, en particulier ceux qui sont conformes à nos objectifs fondamentaux de viabilité environnementale et de développement socio-économique. », elle nous donnera l’exemple de différents projets autour de l’eau et de l’accessibilité à l’eau en Afrique.
Mme Parisse a précisé que les entités éligibles aux prêts de la BEI comprennent les organismes du secteur public, les entreprises du secteur privé et les institutions financières. Cette diversité permet à la BEI de soutenir diverses initiatives, qu’il s’agisse de grands projets d’infrastructure ou de petites entreprises, favorisant ainsi le développement bien au-delà des frontières de l’Europe.
Un impact tangible
Mr Desrousseaux a illustré l’influence de la BEI par des exemples frappant tirés de ses voyages en France. En effet, qu’il s’agisse du financement de la ligne TGV, du soutien aux tramways locaux ou de la rénovation d’universités, l’empreinte de la BEI est visible dans de multiples facettes de la vie quotidienne dans de nombreuses villes en France et à l’échelle européenne. Ces investissements permettent non seulement d’améliorer la connectivité et l’éducation, mais ils favorisent également le développement urbain durable.
La Banque européenne d’investissement n’est peut-être pas un nom très connu, mais son impact sur le continent est indéniable. Grâce à ses investissements stratégiques et à son engagement en faveur du développement à long terme, la BEI joue un rôle crucial dans l’édification d’une Europe prospère et durable. Alors que l’UE continue de relever des défis économiques et environnementaux, les contributions de la BEI seront plus vitales que jamais.
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