Bien que dans les années 1950, la participation des femmes à la vie politique reste un phénomène relativement nouveau, elles sont activement engagées dans la lutte pour leurs droits.Parmi les pays fondateurs de l’Union européenne, les premiers à accorder le droit de vote aux femmes sont l’Allemagne (1918), le Luxembourg (1919), les Pays-Bas (1919) et la Belgique (1921). À cet égard, la France (1944) et l’Italie (1945) sont les derniers pays à donner aux femmes leur droit de vote.
En octobre 1945, 33 femmes sont élues à la première Assemblée nationale constituante en France. Étant donné que dans les années 1950, les femmes commencent tout juste à participer au pouvoir politique, la question de la fondation de l’Europe est souvent laissée aux hommes. On avait donc tendance à ne pas s’interroger sur la participation des femmes en politique, ou, par simple habitude, à ne citer que les hommes.
L’Europe - un concept féminin
L’identité du continent européen s’est fondée sur une figure féminine majeure de la mythologie grecque. En effet, le terme “Europe” vient de la combinaison du mot “eurús” - vaste/large et “óps” - regard/vue soit “celle qui a de grands yeux”. Une caractéristique souvent attribuée à la princesse Europe, fille de de Tyr en Phénicie, l’actuel Liban. Dans la mythologie grecque on raconte qu’elle aurait été enlevée par Zeus et emmenée sur l’île de Crète au large de la Grèce.
Selon le chercheur et historien français Pierre Avenas, bien qu’il est aujourd’hui évident de relier le nom Europe à la princesse grecque, cette affiliation est néanmoins longtemps restée un mystère. Il explique notamment dans La Jaune & La Rouge, que l’Europe était une région étrangère à la civilisation grecque de l’époque.
Qui sont les “Mères fondatrices” de l’Union européenne ?
Louise Weiss, la grand-mère de l’Europe, est une figure emblématique du combat pour l’Europe et les droits humains. Engagée à l’âge de 25 ans, pour une Europe unie et éclairée, elle crée la revue politique internationale “L’Europe Nouvelle”. Bien plus tard, à 86 ans, elle entre dans l’histoire en étant élue députée européenne lors des premières élections européennes au suffrage universel direct en 1979. Lors de la séance d’ouverture, elle prononce un discours marquant en tant que doyenne : "L’Europe ne retrouvera son rayonnement qu’en rallumant les phares de la conscience, de la vie et du droit". Elle met en place, en 1971, la Fondation Louise Weiss qui, chaque année, récompense la personne ou l’institution ayant le plus contribué à faire avancer la science de la paix.
Éliane Vogel-Polsky, mère de l’Europe sociale, mène des combats pour l’émancipation féminine, l’égalité et la parité entre les hommes et femmes après la Seconde Guerre mondiale. Elle agit activement pour l’application de l’article 119 du Traité de Rome qui a pour but de garantir l’égalité salariale entre hommes et femmes. Elle devient la première femme à l’obtenir le prix d’éloquence, qui récompense l’art du discours et l’argumentation orale. .
Simone Veil, pionnière de l’UE, rejoint le gouvernement français au poste de ministre de la santé en 1974. Elle est surtout connue pour sa campagne en faveur de la légalisation de l’avortement en France aboutissant à l’adoption de la “loi Veil” en 1975. C’est non seulement la première femme présidente du Parlement européen mais également la première femme à la tête d’une institution européenne. En 1981, Simone Veil, devient la première femme à recevoir le prix “Charlemagne” qui la récompense pour sa contribution à l’unité européenne.
Mélina Mercouri, ancienne actrice et chanteuse grecque, est récompensée par un prix d’interprétation féminine au festival de Cannes et nommée aux Oscars où elle remporte le prix de la meilleure chanson originale en 1961. Exilée en France après le coup d’État de 1967 en Grèce, elle revient dans son pays natal en 1974 pour débuter sa carrière politique. Mélina Mercouri est élue députée en 1978 et devient deux fois ministre de la Culture en 1981 et en 1989. Au cours de la première présidence grecque du Conseil, elle a organisé en 1983 une première réunion des ministres de la culture qui se tiendra ensuite régulièrement jusqu’à nos jours. Pendant cette réunion inauguratrice, Mélina Mercouri encourage les ministres, venant des 9 autres pays membres de l’UE, à combiner les efforts et donner une plus grande importance à la culture dans l’Europe. C’est à elle qu’on doit le projet de “capitales de la culture européenne”.
Catherine Lalumière est devenue en 1989 la première femme à être nommée sécretaire générale à la tête de Conseil de l’Europe, une position qu’elle reprendra en 1994. Elle défendait l’idée de renforcement des normes en matière de droits humains, d’État de droit et de démocratie dans les pays membres. Catherine Lalumière a supervisé la mise en place des mécanismes de protection des droits humains tels que la Cour européenne de droit de l’Homme et le Commissaire aux droits de l’Homme tout en jouant un rôle central dans l’adaptation de la Convention européenne des droits de l’Homme. Elle a travaillé sur la coopération entre les États, les valeurs démocratiques, le dialogue interculturel et la compréhension mutuelle pour renforcer la cohésion au sein de l’organisation du Conseil de l’Europe.
Nicole Fontaine était députée au Parlement européen de 1984 à 2002, puis de 2002 à 2009. Elle en est élue la Présidente pour une durée de deux ans et demi de 1999 à 2002 et devient la deuxième femme à presider le Parlement après Simone Veil. Son rôle de députée lui a permis de contribuer à la réforme des méthodes de travail du Parlement pour rapprocher les institutions. Nicole Fontaine est notamment connue pour son engagement en faveur des programmes européens destinés à la jeunesse, des projets liés à l’éducation des jeunes et de la reconnaissance mutuelle des qualifications universitaires.
Même si les femmes ont participé à la construction européenne, le combat n’est pas terminé. Aujourd’hui, la Présidente de la Commission europénne depuis 2019, Ursula von der Leyen est la première femme presidente de cette institution. Elle réalise actuellement son deuxième mandat et dirigera la Commission jusqu’aux élections européennes de 2029.
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