En Belgique, pionnière de l’interdiction des puffs
Depuis le 1er janvier 2025, la Belgique a franchi une étape majeure dans la lutte contre le tabagisme en devenant le premier pays de l’Union européenne à interdire la vente des puffs (cigarettes électroniques jetables). Le gouvernement belge, et notammentle ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, a justifié cette interdiction par << la volonté de protéger la jeunesse et de lutter contre la banalisation du vapotage>>, surtout chez les mineurs.
Bien que les cigarettes électroniques rechargeables restent autorisées, leur usage fait désormais l’objet d’un encadrement plus strict, dans une démarche à la fois de santé publique et de réduction des déchets électroniques. Avec cette interdiction, la Belgique envoie un signal fort : elle entend freiner la diffusion des produits nicotinés auprès des plus jeunes et mettre un coup d’arrêt à la normalisation du vapotage dans l’espace public.
En France, l’espace public devient non-fumeur
Depuis février 2025, sur les pas de la Belgique, la vente des puffs est interdite en France. L’impact environnemental considérable sommé aux risques pour la santé, ont porté à cette décision. Très populaires chez les jeunes, notamment en raison de leurs goûts sucrés et fruités, ces produits constituent aussi aujourd’hui une porte d’entrée vers la dépendance à la nicotine. Parallèlement, le vapotage est interdit dans un grand nombre de lieux publics comme les établissements scolaires et les transports en commun, conformément aux dispositions du Code de la santé publique.
Mais la France ne s’arrête pas là. Un décret publié au Journal officiel le 27 juin 2025 prévoit, à partir du 1er juillet, une extension sans précédent des zones sans tabac. Par conséquent, il sera interdit de fumer dans les parcs, plages, jardins publics, abords d’écoles, piscines, stades, et même aux arrêts de bus. Cette mesure s’inscrit dans la politique de santé publique du gouvernement français de construire une génération sans tabac d’ici 2032, en réduisant la présence de la cigarette dans les lieux du quotidien ainsi que son exposition passive aux mineurs et en limitant l’attractivité des produits nicotinés. En cas de non-respect de ces interdictions, une amende de 135 euros est prévue.
En Grèce, une législation centrée sur les jeunes
Le 30 juin 2025, la Grèce a adopté une nouvelle loi visant à empêcher l’accès des mineurs à la vente des produits du tabac. À partir de ce vendredi 4 juillet, les vendeurs seront légalement tenus de vérifier l’âge de tout acheteur, sous peine de poursuites pénales prévues en cas de non-respect. Parmi les mesures centrales du texte figure la réduction de la teneur maximale en nicotine dans les sachets de tabac, désormais fixée à 16 mg, contre des concentrations pouvant atteindre jusqu’à 70 mg auparavant. En outre, le texte prévoit l’interdiction des arômes trop attractifs dans les cigarettes électroniques, notamment les saveurs sucrées ou fruitées, afin de mieux protéger les jeunes, principales cibles de ces produits. Ce durcissement marque un tournant dans un pays historiquement considéré comme indulgent vis-à-vis du tabagisme, où les taux de consommation restent parmi les plus élevés d’Europe.
Cette tolérance s’explique en partie par les prix bas, que le gouvernement grec continue de défendre comme un levier économique, dans un contexte de fragilité financière persistante. Si ces nouvelles restrictions s’inscrivent dans le sillage des recommandations européennes, elles ravivent néanmoins certaines tensions avec Bruxelles, qui déplore le maintien de prix attractifs jugés incompatibles avec les objectifs de santé publique de l’Union.
Une convergence des pays dans la stratégie européenne
À l’échelle de l’Union européenne, la directive 2014/40/UE, révisée en 2020, interdit l’ensemble des cigarettes aromatisées, y compris mentholées. Elle fixe également un plafond de nicotine pour les cigarettes électroniques. En décembre 2024, seize États membres ont demandé à la Commission européenne d’intégrer les produits de vapotage dans la future directive sur la fiscalité des produits du tabac, afin de les taxer au même niveau que les cigarettes classiques. Une démarche qui témoigne de la volonté d’aligner les efforts à l’échelle du continent.
Même en l’absence d’un plan européen unifié, une stratégie commune se dessine : plafonnement des taux de nicotine, suppression des arômes, interdiction des produits jetables, contrôles d’identité renforcés et restriction de la consommation dans l’espace public. Certains pays, comme l’Italie et la Grèce, dénoncent une atteinte aux libertés individuelles de leurs citoyens. Au contraire, d’autres comme la France y voient une mesure de santé publique indispensable face aux ravages toujours persistants du tabac, responsable de près de 700 000 décès prématurés chaque année dans l’Union européenne.
La tension entre libertés et protection sanitaire reste vive, mais la tendance de fond est claire : faire reculer le tabac sur tous les fronts. L’horizon d’une génération sans tabac d’ici dix à quinze ans n’est donc plus un simple slogan. À condition de maintenir l’effort législatif, notamment en matière de fiscalité et de régulation du vapotage, ce pourrait être l’un des grands accomplissements européens du XXIe siècle en matière de santé publique.
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