C’est une toute petite île, au large des côtes britanniques. Ailsa Craig se situe entre Glasgow (Écosse) et Belfast (Irlande du Nord) et mesure à peine un kilomètre carré. Sur ce bout de terre dénué d’habitants se trouvent des oiseaux, des phoques et surtout du granite. Et l’entreprise Kays Curling, qui se situe dans le sud-ouest de l’Écosse, possède les droits d’exploitation exclusifs de trois granites se trouvant sur cette île. Depuis 1851, l’entreprise fabrique des pierres de curling, sport consistant à faire glisser une pierre sur la glace pour atteindre une cible. Et à Ailsa Craig, il ne s’agit pas de n’importe quelles pierres, ce sont les meilleures. Depuis la première édition des Jeux Olympiques d’hiver en 1924, Kays Curling a toujours fourni les pierres employées en compétition. C’était encore le cas il y a quelques semaines en Chine.
Une roche et un savoir-faire uniques
Dans l’usine de Mauchline, près d’Ayr, chaque morceau de granite est travaillé pour devenir les pierres de 19,96 kg et 28 cm de diamètre utilisées dans le sport. « On n’a jusqu’à présent jamais trouvé aucun autre type de granite dans le monde qui convienne pour (faire) une pierre de curling », a expliqué à l’AFP Jimmy Wyllie, 72 ans, propriétaire retraité de Kays Curling. Des blocs de plusieurs tonnes d’un granite appelé ailsite ou riebeckite sont extraits de l’île. Puis ils sont taillés en dalle, d’où sont découpées des pierres rondes. Ces pièces doivent présenter des caractéristiques particulières. Leur surface inférieure doit être dure, car la glace peut être très abrasive. Une pierre a une valeur de plus de 500 euros.
Un sport qui a sauvé les JO des Britanniques
Il est amusant de constater que l’unique titre décroché par la Grande-Bretagne aux Jeux Olympiques d’hiver 2022 est celui en… Curling, dans le tableau féminin le 20 février. Le deuxième sacre de l’équipe féminine britannique aux Jeux, après celui de 2002. Les hommes ont pour leur part échoué en finale contre la Suède d’une courte tête (5-4).
Des résultats qui confirment que les Britanniques, et plus précisément les Écossais, qui forment les sélections envoyées en curling aux Jeux Olympiques pour représenter la Grande-Bretagne, s’y connaissent en curling. Le sport est né au Royaume-Uni. La Fédération mondiale de curling a pour siège Perth, cité écossaise. L’Écosse est, hommes et femmes confondus, sept fois championne du monde et quinze fois championne d’Europe.
Lors des tout premiers JO d’hiver, à Chamonix (France) en 1924, alors que seulement trois nations prenaient part à l’épreuve de curling, la Grande-Bretagne ne faisait pas de détails pour battre la Suède 38-7 et la France 46-4. Près de cent ans plus tard, ces médailles d’or et d’argent décrochées en curling sont tout simplement les seules récompenses décrochées par la Grande-Bretagne, les deux derniers jours des Jeux Olympiques, un bilan tout de même décevant pour l’édition 2022.
Ce sport singulier et peu connu se développe depuis plusieurs années. Les pierres de Kays Curling sont exportées dans près de 70 pays, de plus en plus s’y essayant. Avec réussite, comme l’Italie, qui a décroché une inattendue médaille d’or en double mixte contre la Norvège aux Jeux Olympiques.
Le curling demande adresse et stratégie. Et de bonnes pierres. Là-dessus, pas de souci : il y a toujours du granite à Ailsa Craig. Reste juste à savoir si exporter les pierres d’Écosse va être rendu plus cher ou complexe par le Brexit. Aucun chiffre n’existe pour le moment à ce propos.
1. Le 28 février 2022 à 13:04, par Simon
En réponse à : La pierre de curling, d’une île d’Écosse aux compétitions du monde entier
Ailsa Craig n’est pas la seule ! Il existe en réalité une autre source de granite pour les pierres de curling au Pays de Galles.
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