La réponse du Parlement européen à la politique économique de Trump

, par Quentin Fady

La réponse du Parlement européen à la politique économique de Trump
Martin Schirdewan, co-président du groupe The Left lors du débat du 6 mai © European Union 2025 - Source : EP

Mardi 6 mai 2025, les eurodéputés ont entamé la journée en débattant de la politique économique des États-Unis, en particulier le sujet des droits de douanes réciproques.

Le 2 avril 2025, Donald Trump a mis en place des droits de douane dits “réciproques”. Un dispositif qui instaure une taxe sur les produits importés, rendant ces derniers plus chers pour les Américains et pénalisant ainsi les pays exportateurs. Une base de 10% de droit de douane a été appliquée à tous les produits étrangers, et, selon les territoires, des pourcentages, basés sur un calcul des États-Unis, ont été imposés : 34% pour les produits chinois (ce qui a mené à une escalade économique entre les deux pays), 24% pour les produits japonais ou encore 20% pour ceux de l’Union européenne.

À cela s’ajoutent les droits de douane précédents concernant l’automobile (20%) ainsi que l’acier et l’aluminium (25%) s’appliquant également à tous les pays du monde dont l’Union européenne. La réponse du Vieux continent ne s’est pas trop fait attendre puisqu’une première salve de sanctions visant à taxer différents produits américains a été imposée. Elle a néanmoins rapidement été suspendue, suite à la suspension des droits de douane réciproques pour une durée de 90 jours. Dans ce contexte d’avenir incertain, le Parlement européen a donné son avis sur la situation.

Diversifier les partenaires et renforcer le marché intérieur

Une réponse commune émergea d’une partie de l’hémicycle : ne plus se concentrer uniquement sur les États-Unis pour les relations commerciales. Le co-président de GUE/ NGL (Groupe de la Gauche au Parlement européen, gauche à extrême gauche), Martin Schirdewan a déclaré : “Il est maintenant temps de travailler avec des partenaires comme le Canada, le Mexique, le Japon, la Corée du Sud, mais aussi la Chine”.

À droite, le député du PPE (Parti Populaire européen, centre droit à droite) Jörgen Warborn a ouvert la prise de parole des députés : “négocier et ratifier davantage d’accords de libre-échange — notamment avec le Mercosur et le Mexique.”

Le centre de Renew Europe se range aussi sur ces positions avec Svenja Hahn qui s’est exprimée dans ces termes : “Nous devons conclure l’accord commercial avec l’Inde d’ici la fin de l’année, ratifier celui avec le Mexique, et surtout : chaque État membre de l’UE qui n’a pas encore ratifié l’accord CETA avec le Canada doit enfin le faire.”

Lors des débats, une autre priorité a été évoquée : renforcer le marché intérieur. Jörgen Warborn du PPE, a également appelé à “renforcer le marché unique.” João Oliveira de GUE/ NGL, est allé dans le même sens avec une réponse plus détaillée, concernant sa vision : “il faut renforcer le marché intérieur en augmentant le pouvoir d’achat, en soutenant des politiques de hausse des salaires et des pensions. En renforçant notre marché intérieur, nous avons une économie moins dépendante.”

Une remise en question de la politique intérieure

Du côté des partis les plus à droite du Parlement, la réponse fut différente : le problème ne résulte pas uniquement de Trump, mais aussi du comportement de l’Europe. Jordan Bardella, président du PfE (Patriotes pour l’Europe, droite à extrême droite) a déclaré que “rien n’a été anticipé, et pourtant l’Europe semble découvrir ce qui était annoncé depuis bien longtemps : conformément à son projet [de Trump]”.

René Aust, co-président d’ENS (L’Europe des nations souveraines, extrême droite) a souligné que : “Celui qui dépend de l’extérieur devient incapable d’agir à l’extérieur. Et c’est exactement ce qui s’est produit – les partis traditionnels ont délégué pendant des décennies notre sécurité militaire aux États-Unis.”

Quelles seraient les solutions, selon ces groupes ? Défaire ce qui freine l’Union. M. Bardella a continué sa prise de parole en affirmant que : “Toutes les règles contraignantes du pacte vert inspirées par l’écologie punitive doivent être levées pour permettre à nos entreprises et à nos agriculteurs de produire sans entraves. Les règles du marché européen de l’électricité doivent être réformées et le nucléaire doit prendre toute sa place dans notre bouquet énergétique”, il a aussi appelé à mettre en place “des droits de douane graduels”.

Jaak Madison du groupe ECR a posé la question : “Comment l’Union européenne devrait-elle répondre aux tarifs imposés par les États-Unis ? Non, nous ne devrions pas punir Trump pour cela, mais plutôt réfléchir à la manière de développer notre propre économie. L’actuel espace économique de l’Union européenne est un labyrinthe de directives et de régulations. [...] Nous ne devons pas permettre que la bureaucratie remplace l’esprit d’entreprise libre. [...] Cela implique également, bien sûr, de remettre en question la transition énergétique.”

Il pourrait être crucial pour l’Union européenne. Ces négociations dépassent le simple cadre des droits de douane : elles interrogent la place de l’Europe dans le commerce mondial et sa capacité à défendre ses intérêts face à une politique américaine plus dure. Pour l’UE, l’enjeu est de savoir si elle peut renforcer son autonomie économique tout en adaptant ses alliances commerciales.

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