Nous connaissons le 9 mai comme étant la « fête de l’Europe ». C’est la journée officielle décidée en 1985 au sommet de Milan. Porteuse de symboles, elle devait devenir un moment commun fort, un temps pour tous les citoyens de l’Union européenne. Il s’agit, en cet anniversaire de la déclaration Schuman (1950), de célébrer la paix et l’unité en Europe. C’est l’acte de naissance de l’UE. Le hic est que si certains Etats y attachent de l’importance d’autres ne s’en préoccupent pas ou peu. En France, c’est généralement un moment pour « faire de l’information » sur la construction européenne.
Journée de l’Europe ou Fête de l’Union européenne ?
Nombre de nos concitoyens ne savent pas ou plus que l’appellation « Journée de l’Europe » est également utilisée le 5 mai par le Conseil de l’Europe et ses 47 États membres. Cela remonte à une décision de 1964 du Comité des ministres qui en a fait la date anniversaire de la création du Conseil de l’Europe en 1949. Le 5 mai porte un autre ensemble de valeurs que celles de l’UE. Le vocable devrait évoluer. Ainsi, la Journée de l’Europe pourrait être attribuée au Conseil de l’Europe dans sa dimension continentale, et la Fête de l’Union européenne réservée aux ressortissants de l’UE, détenteurs de la citoyenneté européenne. En ce sens, le 9 mai deviendrait un élément structurant et constitutif d’un sentiment d’appartenance à l’UE. Pour être efficace, il devrait être un jour férié, chômé, commun.
En fait, si depuis 1985 plusieurs manifestations se déroulent ici ou là, on ne peut dire que l’objectif est réellement atteint. Peu de citoyens se reconnaissent en cette journée spécifique. Pourtant elle fait partie, comme le drapeau, l’hymne, l’euro ou le passeport, des symboles de l’UE. A ce titre elle devrait être un élément fort de la culture européenne. Elle pourrait être un rendez-vous rituel comme peut l’être un 14 juillet en France ou un 4 juillet aux Etats-Unis. Comme symbole, le 9 mai est un des ingrédients composant notre culture commune. La fête de l’UE trouve ses racines dans nos histoires, le mythe fondateur, nos héros, nos fondateurs, nos textes communs, notre gouvernance commune, nos valeurs auxquelles, et c’est une condition, adhèrent les 28 (bientôt 27) Etats membres : la paix, la démocratie, la solidarité, la justice, la citoyenneté.
Un symbole de notre culture commune
Aujourd’hui, casée entre les journées du coloriage, du lupus, de la procrastination ou celle des pompiers (il y en a plus de 300), la fête de l’Europe ne trouve pas sa substance. Elle ne remplit pas sa mission comme étant un temps fort du projet européen. Elle n’a pas le statut des temps citoyens comme peuvent l’être les fêtes nationales. Et pourtant l’UE est, tout comme la nation ou la région, une de nos dimensions territoriales d’appartenance : se sentir européen participe de notre construction identitaire.
En présentant ainsi le 9 mai, on se place dans une dimension plus anthropologique, culturelle et sociétale plutôt que technique, économique ou financière. Il n’en demeure pas moins que l’UE ne se parachèvera qu‘avec ses citoyens et leur adhésion au projet. Ils doivent inscrire dans leur conscience l’appartenance commune. Célébrer la construction européenne au travers d’un jour commun férié en est un moyen, un outil d’éducation et de socialisation. Au moment où le président Macron veut refonder l’UE, voilà une piste de travail pour les consultations qu’il entend mettre en marche.
1. Le 9 mai 2018 à 09:26, par Boyaval En réponse à : Le 9 mai devrait être férié pour tous les Européens
Bonjour Fervent defenseur de la construction europeenne, ce qui ne m’empeche pas d’être critique sur la façon de cette construction et, comme pour tout pays, de sa gestion, j’adhere depuis longtemps à cette idée de cet ancrage de Journée europeenne par un jour férié qui constitue un bond en avant sur le sentiment d’appartenance à l’Union Européenne. Pour autant, pour se donner le maximum de chance que cela soit adopté sans consequence economique ngative (activité des entreprises) par un jour non travaillé ou payé plus cher au salarié, il conviendrait de supprimer un autre jour férié. Le choix du 8 mai pour la France, jour qui represente la victoire sur un autre Etat membre de l’Union, serait un bon choix. Et un jour de mai pour un jour de mai ne devrait pas creer de polemique.
2. Le 17 mai 2018 à 19:10, par AD En réponse à : Le 9 mai devrait être férié pour tous les Européens
En réponse à Boyaval sur le fait de supprimer le jour férié du 8 mai, pour le remplacer par le 9 mai : au contraire, je pense que cela créera une polémique violente, au moins du point de vue symbolique, car les populistes de gauche et de droite vont rugir. D’abord du côté des nationalistes, car cela signifie amoindrir l’importance d’une victoire militaire de la France (ou en tout cas considérée comme telle même si c’est contestable dans les faits historiques), et du côté des « Insoumis », cela va leur donner du grain à moudre pour dénoncer leur complotisme sur une « Europe Allemande et impérialiste » (personnellement, j’en connais qui m’ont quand même fait la comparaison de façon très sérieuse entre l’Allemagne Nazie, et l’Allemagne de Merkel), et cela va les conforter dans leur sentiment d’europhobie et de de germanophobie latent (le fait qu’on donne la priorité à fêter un événement célébrant l’avènement d’une structure supranationale qu’ils considèrent idéologiquement principalement comme étant « de droite », à fêter un événement célébrant la victoire sur un régime d’extrême-droite va les faire réagir). Même si personnellement, je suis d’accord avec ce que vous dites, malheureusement, cela va, dans notre contexte actuel, alimenté l’euroscepticisme, voire le sentiment anti-UE en France.
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