Le mot “Fika” est un mot qui peut être utilisé à la fois comme un nom ou comme un verbe dans la langue suédoise. L’origine de ce mot provient du mot “kaffe” (café), écrit à l’envers. N’ayant pas de réelle définition dans une autre langue, son concept se focalise sur les retrouvailles en famille, entre ami ou même au travail pour une pause café accompagnée de pâtisseries, telles que les “kanebullar”, les fameuses brioches à la cannelle. Cette pause s’opère une fois par jour, mais certains en font une le matin aux alentours de 9h30 et une autre dans l’après-midi, vers 14h30. Cette pratique suédoise est observée et commentée tout autour du monde comme étant une pratique qui permet la détente et la productivité. Car ce moment de pause marque la journée puis est pour la régénération d’énergie comme le montrent les siestes au travail au Japon. De son côté, le Fika, serait également bénéfique pour apporter un sentiment de communauté, de la rendre plus inclusive et de tisser des liens plus profonds entre collègues, en se réunissant autour d’un café. Le Fika est tellement ancré dans la société suédoise, qu’il est d’usage de préparer un café lorsque qu’une réunion se superpose à l’heure du Fika.
Il s’agit donc d’une pratique devenue véritable institution dans le quotidien des Suédois, que même les entreprises mettent en place pour leurs employés. Toutefois, certains voient des aspects négatifs à cette pratique exposée comme miraculeuse.
Une pause café pas si bénéfique
Le fait de devoir prendre une pause café régulièrement peut être néfaste pour la productivité de certains. En effet, elle peut arriver au moment où certaines personnes sont les plus productives et ainsi les obliger à s’arrêter au milieu d’une tâche car elles “doivent” aller prendre le Fika avec tous leurs collègues. De plus, aujourd’hui nous sommes inondés d’injonctions à la productivité, donc, une pause peut en faire culpabiliser certains qui aimeraient plutôt accomplir leurs tâches quotidiennes.
Cette pause peut également créer de l’anxiété, car elle “oblige” à discuter avec ses collègues pendant cette coupure qui dure généralement entre 15 à 45 minutes. Si le Fika permet de se retrouver pendant un moment d’échange, ces conversations peuvent également exclure. Par exemple, pour des travailleurs internationaux, qui doivent faire face à la barrière de la langue. Mais également pour les natifs qui ne se sentent pas inclus dans certaines conversations qui portent sur des sujets banales comme la météo ou qui ne souhaitent pas partager leurs problèmes personnels avec leurs collègues.
Enfin, cette pause censée amener de la détente et du lien social peut s’avérer contre-productive. En effet, les pays nordiques sont connus pour être les plus heureux et le Fika contribue à cette image. Mais cette image peut avoir un impact ambivalent et favoriser une culture de la positivité qui peut devenir toxique. Ainsi dans le monde du travail, le Fika n’apporte pas uniquement un sentiment de joie, contrairement aux retrouvailles familiales ou entre amis autour, d’une boisson chaude et de pâtisseries.
Un café trop sucré
Aujourd’hui, l’aspect diététique du Fika est également décrié. En effet, selon les statistiques un.e Suédois.e mange en moyenne un “kanebullar” par jour, accompagné de son café bien-sur. Les professionnels de santé incitent donc à prendre son café (bi)-quotidien accompagné de fruit par exemple.
A cela s’ajoute une grande incitation à la consommation du Fika aux entreprises et institutions publiques. Aujourd’hui, la Suède, comme de nombreux autres Etats européens fait face à la crise économique et un moyen de faire face au déficit et à la réduction des coûts du Fika, en demandant par exemple aux employés de payer pour leur café.
Le Fika est donc une belle opportunité pour se retrouver entre amis ou avec sa famille. Toutefois, la mise en place de cette pratique dans le milieu professionnel peut créer certaines tensions, et n’est également pas pérenne.
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