Dans les Carpates slovaques, à 120km de Bratislava, Pohoda fait de la ville de Trenčín la ville la plus attrayante de Slovaquie, juste le temps d’un week-end (le second week-end de juillet). Plus qu’un simple festival d’arts et de musique, Pohoda fait partie de cette génération d’événements qui participent à l’innovation culturelle et créent un environnement unique autour de sa programmation.
Du terrain de foot à l’ancien aéroport militaire
Créé en 1997 par Michal Kascak et Mario Michna, deux musiciens et promoteurs, le festival Pohoda eu d’abord lieu sur un terrain de football de Trenčín, une ville de près de 60 000 habitants au Nord-ouest de la Slovaquie. La première année, huit groupes de musique se sont produits sur une seule scène. Par la suite, Pohoda n’a cessé de se développer avec la participation d’ONG, l’investissement de lieux plus espacés dans la ville, une multiplication du nombre de scènes. Le festival a également étoffé sa programmation avec de la danse, des workshops de littérature et des productions de musique classique.
En 2004, Pohoda s’installe dans l’ancien aéroport militaire de Trenčín, un vaste espace dans la vallée de la rivière Váh qui permet d’accueillir chaque année 30 000 festivaliers.
Cette année, le Pohoda Festival a eu lieu du 9 au 11 juillet 2015. Dans cette programmation très diverse, on peut trouver Manu Chao, Franz Ferdinand & Sparks ou le groupe sud-africain très en vogue Die Antwoord. La mystérieuse mais très connue artiste islandaise Björk a aussi choisi de faire escale à Trenčín pour un de ses rares concerts en Europe avec son nouvel album Vulnicura. Mais ceci ne révèle que les grands concerts de cette édition…
Un festival « nouvelle génération »
Pohoda doit son succès à l’élaboration de tout un concept autour du festival. Sa spécificité provient d’abord du mélange et de la diversité des genres et des disciplines. Un concert de musique électronique peut suivre un concert de musique classique ou de musiques du monde ; les festivaliers peuvent assister à des workshops, participer à des lectures ou visiter des galeries d’art ; le théâtre, la danse et le cinéma y ont aussi leur place. En 2014, le Pohoda Festival a accueilli 387 spectacles dont 182 concerts sur 20 scènes.
En raison des inégalités de richesse entre les pays européens, Pohoda s’est aussi développé en prenant en compte l’énorme concurrence des festivals qui ont lieu dans des pays plus aisés à ses frontières comme par exemple les festivals en Autriche (Vienne se trouve à 190km de Trenčín). Les cachets négociés pour les artistes en Autriche représentent des coûts impossibles pour les festivals plus modestes dans les pays de l’Europe de l’Est ou des Balkans. Ces derniers jouent alors la carte de la proximité en invitant les grands artistes, une fois leur tournée en Europe planifiée, à s’arrêter dans leur région pour jouer un concert à un prix revu à la baisse.
La stratégie du Pohoda Festival repose aussi sur l’innovation culturelle et urbaine en proposant une expérience « différente » aux festivaliers. Depuis 2010, la capacité d’accueil a été limitée à 30 000 personnes pour éviter les mouvements de foule et donner une dimension plus humaine à l’événement. Les organisateurs revendiquent ainsi le fait que les visiteurs n’auront jamais à faire la queue pour les toilettes ou pour être servis aux stands de fast food. Le festival propose également un « parc familial » avec une programmation pour les enfants. Pohoda, plus que sur la programmation, mise sur l’expérience du festivalier en lui offrant un cadre de vie confortable, en lui proposant des activités et des événements un peu différents de ce qu’il pourrait trouver dans d’autres festivals.
Un festival européen
Pohoda est principalement financé par des sponsors (47%), d’où son nom actuel « Bažant Pohoda Festival » lié à la marque de bière slovaque Zlatỳ Bažant, et par les entrées (34%). Le festival reçoit aussi des aides publiques de la ville de Trenčín (10%) et de l’Union européenne (1,5%). Cette subvention européenne explique la présence d’une scène « Europe » qui accueille non seulement des artistes européens, mais aussi des workshops sur des problématiques européennes.
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