Un programme symbolique pour la Commission
Alors que le Commissaire Breton était annoncé pour prendre la parole devant le parlement et présenter ce programme, c’est Monsieur Sinkevicius, Commissaire à l’Environnement, aux Océans et à la Pêche qui l’a remplacé. Monsieur BRETON était à Berlin au même moment, pour discuter de l’implantation dudit programme en Allemagne.
La communication de la Commission est ambitieuse donc, tout comme la volonté des parlementaires et des rapporteurs. Pour compléter et renforcer l’action des autres programmes de l’Union comme Horizon Europe ou Connecting Europe, le Digital Europe Program prévoit un investissement de 7,5 milliards d’euros dans l’économie européenne. Le Commissaire s’empresse de souligner, comme pour parer d’éventuelles critiques, que « les plans de relance nationaux soutiendront aussi à hauteur de 20% les initiatives du programme ».
La décennie du numérique
Fait notable tout de même, la séance a été marquée par une unité sur les enjeux liés à la « décennie du numérique ». On a entendu à multiples reprises les mots de « compétitivité » et de « PME » du côté du PPE. Les groupes Renew Europe et les socialistes du S&D mettent eux l’investissement dans les « compétences » et le « niveau de vie » en avant. Mais les parlementaires ont surtout souligné avec inquiétude le décrochage de l’UE face à ses concurrents américains et chinois.
Le programme est destiné à défendre le futur de l’Europe, son indépendance technologique, ses emplois, sa transition énergétique et sa capacité d’innovation. Ce sont autant de sujets qui dépendent de la performance numérique européenne. Certains parlementaires espèrent aussi faire de cet outil un vecteur d’intégration des populations pour redonner des opportunités aux plus défavorisés. Les parlementaires ont donc un projet pour l’Europe. Le rapporteur socialiste soulignait d’ailleurs que « les valeurs de l’Union sont intégrées au programme », assurant en théorie une économie numérique « à l’Européenne ».
Un outil de relance ou un outil de résilience ?
La Commission a néanmoins pensé son programme avant tout comme un outil économique, un « instrument financier ». Les bénéfices de la transformation numérique se traduiront d’abord, en théorie, par une transformation de l’économie et une amélioration du niveau de vie. C’est donc bien sur sa capacité économique qu’il faudra juger l’initiative. Alors que les éloges sur le nouveau programme pleuvaient, les groupes les plus à droite ont souligné l’insuffisance probable de l’investissement. La volonté d’indépendance et la mise en avant des valeurs suffiront-elles pour que l’Europe ait toute sa place sur la scène numérique ? Peut-être pas, surtout avec la relative faiblesse de l’enveloppe et l’écart qui continue de se creuser chaque année avec les États-Unis par exemple.
L’économie numérique de 2015 à 2020 (en pourcentage du PIB)
Source : Banque centrale européenne, Commission européenne.
Globalement, on peut se réjouir de cet outil qui est aussi un vecteur d’intégration européenne. Il prévoit une sécurité numérique paneuropéenne et vise à réduire les inégalités entre les pays et les citoyens. Il crée de véritables opportunités économiques.
De même, tous les parlementaires étaient d’accord sur le besoin urgent d’un tel programme face à la place qu’a pris le numérique dans nos vies depuis le début de la pandémie et à son importance pour la relance qu’il faut penser.
La semaine prochaine, la Commission devrait annoncer sa future stratégie industrielle. Ce sera l’occasion de voir si l’Union prend la voie de la résilience ou de l’indépendance numérique.
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