Bien que les interventions de Bruno Le Maire sur l’Union européenne restent rares dans la presse écrite, à la télévision et à la radio, l’Europe prend une place notable dans son programme : ses propositions pour l’Union européenne sont nombreuses, et concrètes. Bruno Le Maire dresse un constat majoritairement négatif de l’état actuel de l’Union. Il déplore notamment la « technostructure » et le manque de démocratie des institutions, il regrette les élargissements précipités de l’Union européenne qui ont dilué « l’esprit européen », et l’absence d’une réelle coordination économique de la zone euro.
Comment Bruno Le Maire envisage-t-il le projet européen et quelles réponses propose-t-il à ces crises et défis ?
Le rôle de la France dans l’Union européenne
Tout d’abord, le candidat à la primaire de la droite donne la priorité au rétablissement de la crédibilité et de la puissance de la France, considérant que « seule une France forte peut rendre à l’Europe son destin et sa légitimité d’action ». Cela signifie qu’il faut dans un premier temps que le pays retrouve sa puissance économique, et qu’elle renforce sa présence dans les institutions européennes, afin de peser davantage sur les décisions prises à Bruxelles.
Dans son programme, Bruno Le Maire rappelle aussi l’importance du couple franco-allemand, et du nécessaire bon fonctionnement entre les deux pays. Pour revitaliser et relancer la dynamique franco-allemande, il propose la mise en place d’une structure de dialogue permanent entre les ministres français et allemands, et ce dès 2017, après les élections fédérales en Allemagne.
Redonner du sens au projet européen
Une France plus forte, un couple franco-allemand revitalisé, voici ce sur quoi le projet européen doit se refonder. Mais comment Bruno Le Maire imagine-t-il ce projet européen ?
Bruno Le Maire souhaite que ce soient les six états fondateurs (Allemagne, Belgique, France, Italie, Luxembourg et Pays-Bas) qui le redéfinissent, dans un délai d’un an, en associant les autres pays membres de l’Union européenne. Cette réflexion sur l’avenir de l’Union européenne devra ensuite conduire à des modifications des traités existants ou à l’élaboration d’un nouveau traité.
Dans le programme de Bruno Le Maire, on peut identifier deux axes majeurs pour ce « renouveau européen ».
Un gouvernement économique pour la Zone Euro
A Berlin, le 9 mai 2016, Bruno Le Maire déclarait : « il est temps de mettre fin à la schizophrénie des origines et de faire un pas supplémentaire à 19, pour que la zone euro gagne en autonomie, affirme ses ambitions économiques et renforce sa stabilité ». Plus concrètement, Bruno Le Maire est en faveur de l’harmonisation fiscale et budgétaire entre les 19 pays qui partagent l’euro. Aussi, le candidat à la primaire de la droite propose de revoir le fonctionnement politique et administratif de l’union monétaire, en créant un Trésor et un Secrétaire Général, qui prendront place dans un siège unique, à Strasbourg. L’harmonisation budgétaire et cette refondation de la zone euro devront alors permettre la mise en place d’un véritable gouvernement économique. Ces réformes institutionnelles seront énoncées dans un traité spécifique aux 19 Etats membres.
Une défense européenne sans gouvernement politique de l’Union européenne ?
Bruno Le Maire veut que le chef de l’Etat français continue à défendre la mise en place d’une « Europe de la défense », en complémentarité avec l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Cette « Europe de la défense » s’appuierait sur davantage de coopérations militaires bilatérales avec l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Pologne, et sur un effort militaire européen : Bruno Le Maire écrit dans son programme « si la France doit se réarmer, il en va également de l’Europe dans son ensemble ».
Mais comment l’Union européenne peut-elle construire une défense efficace et forte, sans réelle politique extérieure commune ? Comment l’Union peut-elle ériger une position commune en matière de défense et de politique extérieure sans gouvernement politique ?
Une fois ce projet européen définit, Bruno Le Maire prévoit de le soumettre par référendum, au peuple français, parce que « l’Europe ne peut pas se faire sans le soutien des peuples, et il faut refermer la blessure de 2005 ». Mais qu’adviendra-t-il de ce renouveau européen si le peuple français s’oppose à ce nouveau traité européen ? Bruno Le Maire a soutenu l’élaboration du Traité de Lisbonne, mais le regrette aujourd’hui. Alors s’il se heurte au vote du peuple français, quelles seraient ses options ? Il renoncerait à son projet européen, ou bien il contournerait le résultat du référendum, comme ce qui a été fait selon lui avec le Traité de Lisbonne. Peu importe le scénario, cela n’annonce rien de positif pour l’Union européenne.
Le recours au référendum sur la question du projet européen est-il vraiment judicieux, et serait-il réellement profitable à l’Union européenne ? La question reste en suspens.
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