Législatives à Malte: c’est encore la gauche qui gagne !

, by Alexis Vannier

Législatives à Malte: c'est encore la gauche qui gagne !
La Valette Source: Pxfuel

Dans la longue liste des scrutins nationaux en Europe, ce 26 mars, c’était au tour de Malte de se rendre aux urnes. Les quelque 350 000 électeurs étaient appelés à voter pour renouveler les 67 sièges de la Kamra tad-Deputati, la Chambre des représentants. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Maltais ne changent pas facilement d’avis.

Contre vents et marées

La Forteresse de la Méditerranée n’est pourtant pas blindée contre les scandales politiques. Les dernières élections législatives de 2017 avaient dû être anticipées suite aux scandales mis au jour par les Panama papers : le Premier ministre sortant, le travailliste Joseph Muscat, avait remis son mandat en jeu après que son chef de cabinet, son ministre de l’énergie et même sa femme ont été accusés d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent. Une démission qui tombait bien mal : Malte assurait alors la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne pour la première fois de son histoire.

Peu rancuniers, les Maltais avaient renouvelé leur confiance au Parti travailliste (Partit Laburista) : 55% des électeurs ont voté pour lui, leur conférant 37 sièges sur les 67 que contient le Parlement, soit 2 de moins qu’en 2013. L’opposition avait alors obtenu 30 sièges dont 28 pour le Parti nationaliste (Partit Nazzjonalista, droite conservatrice), et 2 pour le petit Parti démocratique (Partit Demokratiku), de centre-gauche. Un fait unique puisque c’est la première fois que les deux partis majoritaires cèdent des strapontins à une autre formation depuis 1962!

Quatre mois seulement après, l’île avait été profondément choquée par l’assassinat de la journaliste d’investigation Daphne Caruana Galizia. L’enquête avait rapidement touché de près l’entourage du premier ministre Joseph Muscat qui, cette fois, n’a pas pu échapper à ses responsabilités : il a attendu le 13 janvier 2020 et l’élection de son remplaçant à la tête du parti, Robert Abela, pour démissionner.

Guerre et corruption au menu de la campagne

Fort logiquement, le chef de l’opposition, Bernard Grech, concentrait ses attaques sur les défaillances du gouvernement dans la lutte contre la corruption. Les multiples arrestations au sommet de l’État, qui continuaient en début d’année dernière, lui donnaient raison.

Les Travaillistes tentaient de convaincre les électeurs par des promesses de baisses d’impôts et d’augmentations des aides pour les étudiants et les retraités, et en capitalisant sur sa bonne gestion de la pandémie de Covid-19.

Cependant, comme en France, la guerre en Ukraine s’est imposée dans la campagne électorale. Souvent critiqué pour son programme de “citoyenneté par l’investissement”, Malte a dû renoncer au système des passeports dorés à destination des Russes et Bélarusses, après des critiques venant de Bruxelles et Washington. De plus, si La Valette a promis des médicaments et des colis humanitaires, aucune arme maltaise ne sera envoyée à Kyiv. La dépendance de l’île aux deux parties au conflit quant aux importations de céréales peut expliquer ce difficile jeu d’équilibriste.

Alors que les scrutins maltais sont toujours très mobilisateurs (92% de votants pour les européennes de 2004!), celui-ci déroge à la règle : 85% des électeurs se sont ainsi déplacés samedi dernier, soit la plus faible participation depuis 1955. Finalement, guère de changements après le vote. Les travaillistes conservent leur majorité absolue, en recueillant 55,4% des voix, ils gagnent deux sièges supplémentaires (38 au total), alors que les conservateurs conservent leurs positions : environ 42% des votes en leur faveur, ils perdent un siège. À quelques dixièmes près, et malgré la diminution de la participation, le rapport de force reste quasiment identique à celui de 2017. L’alliance entre Parti démocratique et Alternative démocratique AD+PD, formée en 2020, ne parvient pas à obtenir un siège, pas plus que le Mouvement patriotique maltais d’extrême-droite ou la chrétienne eurosceptique Alliance pour le changement.

Malgré les scandales politico-financiers et un assassinat politique l’ayant éclaboussé plus que de mesure, le Parti travailliste continue de satisfaire les Maltais, marquant sans doute également leur approbation aux réformes sociétales ambitieuses menées depuis leur retour au pouvoir en 2013.

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