Un Parlement qui se recentre
Les dernières élections de 2019 avaient vu un nombre record de partis représentés au Conseil général : cinq formations se disputaient les 28 sièges. Les Démocrates d’Andorre (Demòcrates per Andorra en Catalan, langue officielle du pays), au pouvoir depuis 2011, et alliés aux Libéraux et aux Citoyens engagés, remportent le scrutin législatif, engrangeant 32,66% des voix et totalisant 16 sièges sur les 28 que compte le Parlement. Troisième voie, formation conservatrice qui représentait l’aile droite du gouvernement, avait renoncé à ces élections, bénéficiant à la nouvelle formation eurosceptique, Andorre en avant, qui engrenage 16% des voix. L’opposition sociale-démocrate, menée par le parti du même nom, continue sa dégringolade : 21,05% des électeurs leur ont fait confiance. L’alliance de centre-gauche a visiblement pâti de l’émergence d’un parti écologiste, Concorde, qui réunit 21,43% des voix, devançant avec ses 5 strapontins les sociaux-démocrates de 2 sièges.
Le gouvernement libéral-conservateur de Xavier Espot Zamora, issu du scrutin de 2019, obtient donc avec son allié, la majorité absolue et peut s’épargner de longues négociations.
La Principauté d’Andorre, juchée dans la chaîne pyrénéenne, ne vit pas isolée du monde. Pour preuve, son système constitutionnel fait de l’évêque catalan d’Urgell et du Président de la république française ses co-princes. Héritage d’un Moyen- ge capricieux et à contre-courant de l’idée d’État-Nation libre et indépendant. La crise énergétique et l’inflation ont dominé la campagne électorale. Une campagne qui avait tout de même pris un tour différent quand le Ministre des Finances a démissionné en début d’année, accusé de ne pas avoir payé les impôts d’une société familiale. Ennuyeux pour un Ministre des Finances.
Les négociations entre l’Union européenne et les micro-États d’Andorre, de Monaco et de Saint-Marin pour établir une libre-circulation plus poussée, entreprises en 2015, ont également infusé la campagne.
Un gouvernement ambitieux à gauche
Le chef du gouvernement Espot Zamora est principalement connu en Europe pour être parvenu à légaliser le mariage homosexuel dans un État majoritairement conservateur. Le projet, déposé en mars 2020, sous l’impulsion de Citoyens engagés, a dû être reporté douze fois en raison de la crise sanitaire du Covid-19. Comme tout projet de loi, il doit être signé par l’un des deux co-princes non-andorrans pour entrer en vigueur. C’est Emmanuel Macron qui le signe en 2022, avant une entrée en vigueur le 17 février dernier, faisant d’Andorre le 33ème État au monde à autoriser le mariage homosexuel.
Afin de répondre à la crise énergétique et climatique, le gouvernement a également pris des mesures ambitieuses, obligatoires tant pour les établissements publics que privés : la limitation de la température, de la climatisation et du chauffage, l’interdiction des poêles et radiateurs individuels, mais aussi des incitations à éteindre les appareils électroniques qui ne servent pas et le recours à la luminosité naturelle. La loi impose désormais également des restrictions horaires pour les enseignes lumineuses mais également les décorations de Noël, très présentes dans les nombreuses stations de ski du pays.
Le nouveau gouvernement à Andorre-la-Vieille devra apporter des réponses à la hausse des prix qui touchent ses habitants. Il devra sûrement passer par une diversification des approvisionnements énergétiques mais peut-être aussi par une ouverture de son économie à d’autres domaines : les Espagnols et les Français traversent moins les frontières pour acheter des cigarettes, phénomène parallèle à une baisse de la consommation intérieure. Un pilier inavouable des finances de l’État qui ne lui assure plus autant de revenus.
1. Le 10 avril 2023 à 00:16, par Lalliot En réponse à : Législatives en Andorre : continuité en principauté
Les mesures sur l’économie d’énergie sont exemplaires , la france pourrait peut-être s’en inspirer ..
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