Comment vous envisagez de permettre à l’Europe d’être capable d’agir pour les défis du 21ème siècle ?
L’Union européenne actuelle nous empêche de répondre aux défis de notre époque : les règles budgétaires nous obligent au sacrifice de nos services publics et de notre sécurité sociale, et nous empêchent d’investir massivement pour mettre en œuvre la planification écologique. La concurrence libre et non faussée, les accords de libre-échange, la directive travailleurs détachés organisent le dumping social et la concurrence entre les peuples. Il est nécessaire de faire bifurquer les règles européennes vers le mieux-disant écologique et social. Nous voulons donc désobéir aux règles destructrices mises en place par la Commission européenne, abolir les règles anti-services publics, proposer de nouveaux traités respectueux de la souveraineté des peuples et les faire ratifier par référendum.
La montée de l’extrême droite et des idéologies réactionnaires en Europe est une menace pour nos droits, en particulier ceux des femmes et des LGBTI. L’Union européenne doit réagir en garantissant les droits fondamentaux et la liberté de choisir sa vie, et en consacrant de nouveaux droits humains, afin qu’ils ne puissent être remis en cause à l’avenir.
Enfin, le bouleversement climatique et les catastrophes qu’il va engendrer vont déplacer jusqu’à 1 milliard de personnes dans les trente ans, selon l’Organisation internationale pour les migrations, dont beaucoup viendront chercher asile en Europe. Ce sera notre devoir de les accueillir. Il faudra donc lutter contre les causes de l’exil forcé, mais surtout organiser l’accueil, en créant un statut de réfugié climatique, en remplaçant l’agence meurtrière Frontex par une agence européenne civile de sauvetage en mer et sur terre, et en garantissant l’ensemble des dispositifs de droit international liés à l’asile.
Comment l’Europe peut-elle poursuivre une transition écologique et sociale juste ?
L’urgence absolue du dérèglement climatique exige que nous fassions bifurquer les politiques européennes, pour changer en profondeur nos modes de production, de consommation et d’échanges et passer à la planification écologique. Nous proposons d’inscrire les principes de la règle verte et de la règle bleue (application de la règle verte à l’eau) comme fondements des politiques environnementales européennes afin que la consommation finale de l’Union européenne n’excède pas les capacités biologiques des écosystèmes.
Il faut refuser toute pause sur les règles environnementales et mettre en place toutes les réglementations nécessaires pour respecter l’Accord de Paris. Nous devons planifier de manière juste et concertée la sortie des énergies fossiles et du nucléaire pour nous orienter vers un mix 100% renouvelable à horizon 2050. L’objectif de réduction des émissions doit être rehaussé pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2040. Cette bifurcation écologique ne peut être financée qu’en taxant les riches et les superprofits, en particulier les entreprises du gaz, du pétrole et du charbon, qui s’enrichissent au détriment de l’environnement. Il faut acter l’échec du marché carbone et y mettre un terme, en le remplaçant par une véritable planification de la réduction des émissions. Surtout, nous refusons son extension injuste à l’essence et au chauffage des ménages, et voulons instaurer une taxation des biens et loisirs antiécologiques des ultra-riches, et une interdiction des plus climaticides.
Enfin, la politique agricole commune doit être refondée : au lieu de favoriser des grosses exploitations industrielles et polluantes, elle devrait être au service d’une agriculture paysanne respectueuse des écosystèmes, et permettre aux agriculteurs et agricultrices de vivre dignement de leur travail. Nous interdirons les pesticides, nous mettrons en place des prix planchers rémunérateurs pour les agriculteurs, et nous ferons baisser les prix à la consommation en encadrant les marges de la grande distribution. Deux conditions à une telle bifurcation. Premièrement, refuser les accords de libre-échange. Au Parlement européen, seul le groupe où siègent les Insoumis n’a jamais soutenu aucun de ces accords, qui transportent des marchandises d’un bout à l’autre du monde pour mettre en concurrence les producteurs et les systèmes sociaux. Deuxièmement, nous n’acceptons pas d’engager une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, vu la prégnance des fermes-usines et les très bas salaires agricoles, qui menacent toutes les exploitations ouest-européennes, notamment biologiques ou paysannes.
Comment l’Europe peut-elle devenir une actrice de la paix mondiale dans un monde déstabilisé et en guerre ?
La construction européenne tire ses racines d’un idéal de paix. Pourtant aujourd’hui, en se rangeant derrière l’OTAN, l’Union européenne se résume à une extension des intérêts géopolitiques des États-Unis et s’inscrit dans une dynamique de montée des tensions à travers le globe. Nous refusons l’alignement de la France et de l’Union européenne sur toute autre puissance internationale. Elles doivent porter une voix indépendante, au service de la paix, du droit international et de l’inviolabilité des frontières.
L’Union européenne doit exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent à Gaza, la création de corridors humanitaires pour protéger les civils et la fin du blocus. Elle doit appuyer les initiatives diplomatiques visant à obtenir la libération des otages israéliens, et des prisonniers palestiniens détenus arbitrairement par le gouvernement de Netanyahou. Pour faire cesser le massacre en cours à Gaza, elle doit impérativement décréter un embargo sur les armes livrées à Israël, et suspendre l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël. Enfin, il faut mettre un terme à la colonisation illégale sur les territoires palestiniens, reconnaître l’État de Palestine et sa souveraineté sur l’ensemble des territoires occupés depuis 1967 et s’efforcer de relancer un dialogue pour la paix.
L’Union européenne doit aussi porter la voix de la paix en Ukraine. Les propos des « va-t-en-guerre » comme Emmanuel Macron sont une folie ! Ils nous font courir le risque d’être entraînés dans un conflit entre puissances nucléaires, au péril de toutes les populations est-européennes. Nous condamnons l’escalade guerrière : aucune issue militaire n’est possible et voulons en revenir à la voie diplomatique. Nous demandons un cessez-le-feu, la sécurisation des centrales nucléaires, et une conférence sur les frontières et la sécurité collective en Europe avec pour principe le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
“Par Manon Aubry, et l’équipe de la liste aux élections européennes de La France Insoumise - Union populaire”
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