La rédaction du Taurillon a eu la chance de lire Les Compromis dès sa sortie et vous propose de vous en livrer son analyse (sans vous spoiler c’est promis !).
Une marre de sang, l’hémicycle du Parlement européen, et beaucoup de questions…
L’histoire débute par la découverte du corps d’une députée européenne Verte prénommée Sandrine Berger, gisant dans une marre de sang aux apports de l’hémicycle du Parlement européen à Strasbourg. Voici une entrée en matière quelque peu surprenante quand on a l’habitude de lire des ouvrages sur les institutions européennes, qui restent, pour la plupart, des manuels théoriques sur le fonctionnement de ces dernières.
Mais ce n’est absolument pas la direction qu’ont choisi de prendre Maxime Calligaro et Eric Cardère. Au contraire, ils ont fait le pari d’évoquer le Parlement européen, son fonctionnement, mais surtout de dépeindre les nombreuses personnes qui s’y affairent tous les jours, au travers d’une forme plus littéraire, d’un roman. Il est en effet peu commun de trouver dans les librairies européennes des romans policiers qui prennent pour décor les institutions européennes…
Alors dans ce roman on y parle d’Europe évidemment, mais surtout des hommes et des femmes qui peuplent les institutions européennes et qui contribuent chaque jour à faire tourner la machine. On y croise des fonctionnaires de la Commission, un administrateur du Parlement, des interprètes, des députés européens, leurs conseillers politiques et autres assistants parlementaires, sans oublier les journalistes et lobbyistes. On y découvre une constellation de personnages qui, chacun à leur manière, tentent d’apprivoiser la jungle des institutions européennes.
Une intrigue policière, mais aussi politique
Les Compromis embarquent le lecteur dans le récit de l’enquête sur la mort suspecte de l’eurodéputée Sandrine Berger du point de vue de son assistant parlementaire. Le fait de suivre cette enquête depuis les yeux de l’assistant parlementaire, personnage clé dans l’entourage de tout député européen, donne une touche d’autant plus originale au roman. En effet, il n’est pas habituel dans les codes classiques du roman policier de suivre l’enquête depuis la perspective d’un personnage autre que l’enquêteur principal, le commissaire ou encore le juge d’instruction. Ce point de vue original donne un certain cachet au roman, mais invite aussi le lecteur à aborder les enjeux politiques importants qui se cachent derrière chaque négociation d’une législation européenne, à observer les arrangements entre fractions politiques, à toucher du doigt la complexité de la fabrique législative européenne.
L’intrigue politique tient donc une place toute particulièrement dans ce polar puisqu’elle est aux racines des tensions entre les différents personnages du roman. Intrigue policière et politique se mêlent, mais cette dernière donne également l’occasion au lecteur d’en apprendre plus sur le fonctionnement des institutions européennes, et plus particulièrement du Parlement européen, et sur les interactions entre les institutions et les acteurs extérieurs comme les journalistes ou les lobbies. Ce livre poursuit, de façon plus ou moins déguisée (libre au lecteur de décider), une ambition pédagogique de rendre l’Europe un peu plus concrète, un peu plus accessible, et un peu moins technocratique. Un pari plutôt réussi pour les auteurs avec ce premier roman !
Quelques mots sur les auteurs
Ce roman a été écrit à quatre mains, celles d’Eric Cardère, qui préfère rester anonyme et signe donc sous un pseudonyme, et Maxime Calligaro, ancien assistant parlementaire au Parlement européen et correspondant en Birmanie pour The Economist. Maxime Calligaro, ancien adhérent des Jeunes Européens – France et que vous avez peut-être déjà croisé sur le Taurillon, co-anime aujourd’hui, une fois par mois, l’émission « Foule continentale » avec Caroline Gillet sur France Inter.
C’est apparemment à la suite d’un pari un peu fou l’ayant emmené jusqu’en Birmanie que Maxime Calligaro s’est lancé, avec son compère Eric Cardère, dans la rédaction de ce roman. Il faut savoir que les auteurs ont co-fondé et animé pendant plusieurs années un blog satirique dépeignant le travail au sein des institutions européennes : « Les Grecques – collectif de bas-fonctionnaires européens ». Les Compromis ne sont pas une suite à ce blog, mais plutôt un clin d’œil à ce projet, et qui tente encore une fois d’aborder l’Europe sous un angle différent et résolument original.
1. Le 3 août 2020 à 09:56, par Anne En réponse à : « Les compromis », un polar au Parlement européen : ou comment parler d’Europe autrement
Bonjour, ouvrage interessant. En revanche, une mare de sang aurait suffit.
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