Les élections biélorusses de 2020

La démocratie biélorusse appelée aux urnes

, par Dasha Shkarupina, traduit par Andreea Camen

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Les élections biélorusses de 2020
Manifestants biélorusses

Début 2020, aucun Biélorusse ne pouvait imaginer à quoi allait ressembler les élections à venir. Personne connaissait Victor Babariko, ni Valery Tsepkalo, devenus ultérieurement les figures principales de l’opposition dans cet État. Pour certains, il était peut-être étrange de voir les listes de candidats fixées uniquement 1 mois avant les élections, mais ces notes sont les seules existantes pour la mélodie de l’activisme politique en Biélorussie. Toutefois, Sergey Tikhonovski était déjà connu bien avant le début de la campagne électorale. Vlogger, il voyageait de ville en ville et interviewait les locaux ; sa chaîne prenait de l’importance de jour en jour, certains ont commencé à lui proposer de se porter candidat aux élections présidentielles. Ces élections ont été marquées par ce candidat, Tikhonovski pouvant être considéré comme un pionnier de l’opposition et l’homme a offert la possibilité à Babariko et Tsepkalo de participer à la course électorale sans être arrêtés avant les élections, bien que Tikhonovski a été emprisonné le 29 mai. C’est son épouse qui a repris le flambeau, et a mené campagne en son nom.

L’enregistrement des candidats a été programmé entre le 5 et le 14 juillet, chaque candidat ayant à charge de réunir 100 000 signatures en un mois, afin de prouver son statut de candidat crédible. A l’instar de la Biélorussie, un candidat à l’élection présidentielle en Russie doit récolter le même nombre de signatures, seulement, la population s’élève à 145 millions, contre 9 millions de Biélorusses. Toutefois, chaque candidat de l’opposition a réussi à récolter un nombre édifiant de signatures. Tsepkalo a récolté 180 000, Babariko 335000, Tickanovskaya 100 000. Lukashenko a réussi à récolter plus d’un demi million de signatures. Après envoi de ses signatures pour vérification auprès du bureau électoral, Babariko a perdu 24 000 signatures et Tsepkalo 90 000, ce qui a provoqué une manifestation spontanée contre la dévalorisation du nombre de signatures par l’autorité électorale, les ayant considérées comme “erronées” ou “fausses”. Cette manifestation s’est soldée par l’emprisonnement de 200 personnes, et de 100 personnes blessées par la violence policière biélorusse.

Un jour avant l’enregistrement, Victor Babariko a été mis derrière les barreaux alors qu’il était en chemin vers la commission électorale. A l’exception de Svetlana Tikhanovskaya, aucun contre-candidat de Lukashenko n’a été approuvé.

L’originalité de cette campagne tient en la création d’une alliance entre Babariko, Tsepkalo et Tikhanovskaya. Babariko en prison, Tsepkalo hors du pays pour éviter une arrestation, cette alliance a été dirigée par Maria Kolesnikova (protégée de Babariko), Veronika Tsepkalo (épouse de Valery) et Svetlana Tikanovskaya. Ces trois femmes représentent l’avenir et l’espoir du peuple biélorusse. En période électorale, leur campagne a été marquée par des meetings dans tout le pays, lors desquels elles ont tenu des discours émouvants et ont pu s’adresser à leurs potentiels électeurs. Ces rencontres ont été les plus importantes de l’histoire biélorusse, avec un record de participation à Minsk de 63 000 personnes.

Dans le même temps, les autorités ont tenté de dissuader Svetlana d’organiser des événements publics, tentant d’arrêter chaque personne impliquée dans sa campagne. Ce ne sont pas seulement les candidats qui ont souffert des tentatives des autorités de contrôler le résultat des élections de ce dimanche. D’autres acteurs impliqués dans le processus électoral ont été touchés, comme les observateurs indépendants, auxquels il a été interdit l’accès aux bureaux de vote.

Les élections démocratiques vont demeurer un doux rêve en Biélorussie, et cela paraîtra peut-être dramatique, mais la réalité est que les Biélorusses doivent mettre leur vie en danger pour établir la démocratie du pays. Tout cela se passe en 2020 dans un État au cœur de l’Europe. Les Biélorusses vivent dans une dictature où les autorités sont prêtes à tout pour arrêter toute forme de pensée ou de manifestation libre, contrevenant au régime Lukashenko.

Article traduit du russe par Diana Escariu et David Mahalean, traduit du roumain au français par Andreea Camen.

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