Les jeunes iront-ils voter le 26 mai 2019 ?

, par Louise Guillot

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Les jeunes iront-ils voter le 26 mai 2019 ?
Crédits photo : Antoine Chabal Drapeau européen sur l’Esplanade du Trocadéro, Paris, 17 mars 2019.

Ce jeudi 9 mai, l’Institut français d’opinion publique (Ifop) publie les résultats d’un sondage pour Les Jeunes Européens – France et l’Association Nationale des Conseils d’Enfants et de Jeunes (ANACEJ) sur les jeunes et les élections européennes de mai 2019. L’enquête, qui étudie le comportement électoral des jeunes, montre qu’une partie des jeunes ayant l’âge de voter en France sont encore indécis, à la fois sur la question de savoir s’ils se déplaceront ou non aux urnes le 26 mai prochain, mais aussi pour savoir quel bulletin de vote ils glisseront dans l’enveloppe.

Des jeunes qui s’abstiendront

Selon l’IFOP, 84% des jeunes interrogés savent que des élections européennes se tiendront cette année. Pour obtenir ce résultat, l’institut de sondage s’appuie sur un échantillon de 1498 personnes représentatif de la population française âgée de 18 à 25 ans.

79% des jeunes interrogés déclarent être inscrits sur les listes électorales, un chiffre en baisse puisqu’en mars 2017 ils étaient 87%, mais parmi ces jeunes seulement 23% ont prévu de se déplacer aux urnes le 26 mai prochain. Un chiffre alarmant ! En effet, si l’on compare avec les chiffres des élections européennes de 2014, les jeunes s’étaient abstenus à 73%. Or, le sondage de l’IFOP laisse penser qu’il faudra s’attendre à une abstention grandissante de la part de cette frange de la population. Le sondage indique que 77% des jeunes se déclarant inscrits sur les listes électorales ont prévu de s’abstenir aux prochaines élections européennes. C’est déjà 4 points de plus que le taux d’abstention enregistré en 2014.

Les Européens convaincus seront également attristés de constater que 68% des jeunes sondés ne s’intéressent que peu ou pas du tout à la campagne des Européennes.

Mais alors, pour quelles raisons ces jeunes ont-ils prévu de s’abstenir ?

D’après le sondage, il semblerait que les jeunes ne se sentent pas très concernés par cette élection puisque 16% d’entre eux indiquent que la première raison pour laquelle ils ne se déplaceront pas dimanche 26 mai est parce qu’ils sont en week-end, en congé ou en déplacement. La seconde raison que les 18-25 ans donnent en premier est le manque d’information sur les candidats et les listes se présentant aux Européennes (13%). Toutefois, la raison qui revient le plus souvent pour justifier l’abstention est l’impression que ce scrutin ne changera rien, à la fois pour la société mais aussi pour eux-mêmes (respectivement 23% et 20%). Il est ici possible de déceler un certain défaitisme de la part des jeunes interrogés. En effet, ce sondage tend malheureusement à confirmer la tendance actuelle puisque ces chiffres montrent que les jeunes ne vont pas se déplacer parce qu’ils ont l’impression que leur voix de compte pas ou ne sera pas entendue. En 2016, une étude de l’institut BVA montrait que 86% des jeunes ne se sentent pas représentés en politique.

Néanmoins, ce n’est pas pour manifester un mécontentement à l’égard de l’Union européenne ou parce que ce sujet ne les intéresse pas que les jeunes interrogés s’abstiendront. Au contraire, ces raisons ne sont respectivement évoquées que par 8% et 5% des sondés.

Les jeunes qui votent, votent pour l’Europe

L’enquête montre tout de même qu’une majorité de jeunes qui ont choisi de glisser un bulletin dans l’urne le 26 mai, votera pour des sujets européens (54%) et non nationaux (46%). A ce titre, 50% des jeunes interrogés souhaitent exprimer leur désaccord sur la manière dont est dirigée l’UE aujourd’hui. Questionnés sur les éléments qui pourraient les inciter à aller voter, ils répondent à 77% que l’élément le plus important est le fait que leurs idées soient représentées dans les programmes des candidats.

Mais les jeunes demandent également qu’il y ait plus d’information sur l’Europe. En effet, 69% des sondés se disent mal informés sur l’Union, ses institutions et son fonctionnement. Ils souhaitent aussi la tenue d’une campagne de qualité pour les Européennes, mais cette campagne ne doit pas nécessairement avoir une dimension européenne puisque 52% des jeunes interrogés déclarent qu’une campagne qui donne la parole à des candidats d’autres pays européens n’est pas un élément susceptible de les inciter à voter. Même chose pour le débat télévisé entre les candidats tête de liste des partis européens (Spitzenkandidaten) qui brigueront la présidence de la Commission européenne : 51% des jeunes sondés répondent que ce ne sera pas un facteur déterminant pour les faire se déplacer le 26 mai.

Des jeunes indécis et divisés sur l’échiquier politique

Les jeunes interrogés paraissent indécis : seulement 50% de ceux qui déclarent vouloir aller voter sont sûrs de leur choix, l’autre moitié hésite encore pour savoir quel bulletin glisser dans l’urne.

L’enquête de l’IFOP montre également que les électeurs du RN sont davantage sûrs de leur choix, quand l’indécision est palpable autant à droite qu’à gauche. A ce titre, EELV serait capable de grignoter des voix à quasiment toutes les listes concurrentes, autant du côté de Génération.s que de Debout La France aussi surprenant que cela puisse paraître.

Mais chez les jeunes aussi les listes de La République En Marche (LREM) et du Rassemblement National (RN) sont au coude à coude avec 19% des intentions de vote, suivi de prêt par Europe Ecologie Les Verts (EELV) en troisième position (16%) et La France Insoumise (FI) en quatrième place (12%). Ce constat est particulièrement préoccupant dans la mesure où le RN revendique un repli nationaliste et souverainiste qui s’accompagnerait d’un affaiblissement du projet européen. Alors, les jeunes ne seraient-ils pas supporter du projet européen ? N’allons toutefois pas jusque-là, en effet, une majorité des jeunes qui ont l’intention de se déplacer dimanche 26 mai déclarent vouloir voter pour des partis pro-européens.

Il est intéressant de remarquer la division de l’électorat des jeunes à gauche et au centre de l’échiquier politique, ainsi que les différences avec les intentions de vote au niveau national qui montrent que les jeunes ont moins l’intention de voter pour les partis du centre et de la droite que leurs aînés. Seulement 9% des jeunes inscrits sur les listes électorales disent qu’ils voteront pour Les Républicains (LR) contre 15% des électeurs au niveau national.

En outre, les jeunes affichent un très faible soutien à une liste gilets jaunes, peut-être ne se reconnaissent-ils que peu ou pas dans ce mouvement ?

Des préoccupations davantage nationales qu’européennes ?

Emploi, coût de la vie, santé, éducation… Questionnés sur les enjeux du vote, les jeunes évoquent en premier des préoccupations pour lesquelles l’Union n’a malheureusement que peu de compétence pour agir mais pour lesquelles elle peut faciliter la coopération entre les Etats membres. En effet, les jeunes ayant l’intention d’aller voter répondent à 63% que le pouvoir d’achat aura beaucoup d’importance dans leur décision finale, suivi par la question de l’emploi (61%). L’environnement n’arrive quant à lui qu’en quatrième position, ce qui peut paraître surprenant suite aux récentes mobilisations en faveur du climat partout en Europe.

Cette enquête montre aussi que les jeunes tendent à se faire leur propre opinion tout seul : 44% déclarent décider seuls de leur opinion, 18% tiennent compte de l’avis de leur famille, 13% de leurs amis. En revanche, ils ne tiennent que relativement peu compte de l’avis des journalistes ou des experts entendus dans les médias.

Enfin, ce sondage IFOP souligne que peu de jeunes ont confiance dans les institutions européennes (29%). Ces résultats alarmants devraient mettre la puce à l’oreille des décideurs nationaux et européens, tout autant qu’aux médias qui couvrent la campagne. 77% de jeunes interrogés déclarent vouloir s’abstenir aux élections européennes, comment les partis politiques vont-ils réagir ? Face à une campagne quasi inexistante et qui peine à se lancer, comment les jeunes peuvent-ils se sentir concernés et comprendre les enjeux de ce scrutin si les candidats ne parlent pas d’Europe, se focalisent sur des enjeux nationaux et ne vont pas à leur rencontre ?

Il est temps de se mobiliser, les jeunes ne sont pas moins citoyens que leurs aînés, il est inconcevable qu’une frange entière de notre génération ne participe pas à ce scrutin ni ne soit représentée. Les jeunes sont certes l’avenir, mais ils sont surtout le présent de notre société. Le 26 mai, ne laissez pas les autres choisir votre député européen à votre place, allez voter !

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