La transition écologique : un consensus pour l’atteindre, mais une division très marquée quant aux moyens à mettre en oeuvre
Le projet d’une Europe s’érigeant en championne globale de la transition verte, est un enjeu de campagne tant central que polarisant, en raison des coûts que cela va imposer aux citoyens et à différents secteurs productifs de l’Union.
Dans cette optique, le parti Alliance Rurale, dirigé par Jean Lassalle, mène une campagne axée sur la préservation de l’autonomie nationale en matière de décisions ayant un impact sur l’agriculture et les zones rurales. L’objectif principal est de protéger les intérêts agricoles et ruraux français au sein de la Politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne. Alliance Rurale s’oppose vigoureusement au Green Deal européen et à l’écologie politique, en raison des répercussions jugées néfastes de certaines mesures, comportant des interdictions et des contraintes supplémentaires, incluses dans le Pacte Vert européen pour le secteur agricole.
L’écopolitique constitue néanmoins le cœur du programme électoral de plusieurs partis à gauche du spectre politique, dans leur tentative de conciliation de la nécessité de changements structurels avec la protection des droits socio-économiques des travailleurs du secteur agricole.
La protection des droits socio-économiques est-elle compatible avec une économie ouverte ?
Parmi les partis les plus engagés en faveur de la durabilité environnementale, les Écologistes prônent notamment la sortie des accords de libre-échange, accusés d’imposer une concurrence déloyale aux agriculteurs européens. Sous la direction de Marie Toussaint, leur tête de liste, ce parti soutient également l’interdiction des nouveaux OGM et du glyphosate. Cette cause est également défendue avec ardeur par le parti animaliste, ainsi que par les partis de gauche tels que La France Insoumise, le Parti Communiste Français et Lutte Ouvrière, ainsi que par les sociaux-démocrates. Au sein de ces derniers, Raphaël Glucksmann, eurodéputé issu du parti Place Publique et tête de liste pour le Parti Socialiste, s’engage à faire de l’Union européenne une puissance écologique de référence. Préoccupé par l’érosion des droits socio-économiques des citoyens, le Parti Socialiste promet de défendre à Strasbourg une conception de l’Europe davantage axée sur la solidarité sociale. Glucksmann et sa liste croient fermement dans le projet communautaire, tout en reconnaissent la nécessité de rompre avec l’ordre néolibéral, caractérisé par la rigueur budgétaire et le libre-échange sans contrepartie, qui ont prévalu jusqu’à la crise sanitaire mondiale de 2020. Ces politiques sont encore soutenues par les centristes et certains partis de droite modérée.
Oeuvrer pour davantage de justice sociale au niveau européen
Partageant la conviction de la nécessité d’œuvrer pour davantage de justice sociale, les candidats de la France Insoumise, du Parti communiste français et de Lutte Ouvrière se positionnent également de façon critique à l’égard de la vision socio-économique dominante au sein des institutions européennes. Ils plaident même en faveur de la réécriture des traités communautaires. Alors que le PCF a fait part de son opposition aux traités européens “ultra-libéraux”, Manon Aubry, reconduite en tant que tête de liste pour LFI, a notamment dénoncé une UE “droguée de libre échange, marchandisation de tout et austérité". Malgré la volonté de son parti de présenter une liste commune à l’ensemble de la gauche, les autres partis de cette aile de l’échiquier politique n’ont pas souhaité réitérer l’expérience de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Solidaire (NUPES), préférant présenter différents candidats individuels.
Réformer le modèle européen pour quel projet ?
La volonté de réformer le modèle européen est un autre thème récurrent de campagne tout en présentant différents degrés, formes et nuances selon la couleur politique des partis. Le parti de la majorité Renaissance et ses alliés du Modem et d’Horizons, d’orientation centriste et libérale, souhaite œuvrer en faveur d’une Europe plus intégrée, qui passe par des réformes économiques et une approche pro-européenne dans les domaines environnementaux et sociaux. Le renforcement d’une vision commune autour des questions de sécurité et défense, axée sur l’échange, la mise en commun de certaines capacités et la réflexion autour d’une culture stratégique commune, est également un élément important du projet politique de la formation du président Emmanuel Macron.
L’Europe et la souveraineté économique des différents Etats
S’opposant de façon plus ou moins virulente à ce projet de coopération renforcée et d’ intégration économique accrue au sein de l’UE qui est porté par la liste macroniste et ses alliés, les partis s’identifiant avec la droite du spectre politique se montrent beaucoup plus réticents face à la perspective de céder davantage de compétences à Bruxelles. Si François-Xavier Bellamy, tête des listes de Les Républicains, se montre favorable au projet communautaire tout en insistant sur la nécessité de protéger les intérêts nationaux, les candidats des Patriotes, Reconquête ! et du Rassemblement National poussent plus loin le questionnement autour de l’UE dans leur approche nationaliste.
La cohabitation du nationalisme et de l’Europe
Jordan Bardella , tête de liste du RN, propose la sortie du marché européen de l’énergie afin de pouvoir bénéficier de prix plus compétitifs, alors que Marion Maréchal lance pour Reconquête ! la proposition d’un référendum obligatoire pour toute proposition de révision de la Constitution française, ratification de traité européen ou élargissement de l’Union européenne. Quant à Florian Philippot, qui représente les Patriotes, son programme insiste sur la nécessité de tisser des liens et conclure des accords avec toutes les puissances stratégiques globales, y compris la Russie, s’opposant à la ligne officielle de l’UE et de la quasi-totalité de ses Etats-membres.
Lorsqu’on examine le rejet de l’Union européenne, de ses principes et de son fonctionnement, il est inévitable de se pencher sur le programme de François Asselineau, représentant l’Union Populaire Républicaine. Ce parti prône une opposition radicale fondée sur une position eurosceptique, articulée autour de la primauté et de la protection des intérêts économiques et culturels nationaux. Il vise également le renforcement d’un strict contrôle des frontières dans le but d’endiguer les flux migratoires. La campagne de ce parti tourne autour de la sortie de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, considérées comme des conditions nécessaires pour que la France retrouve son indépendance et que les Français retrouvent leur capacité de choisir leur destin.
Les partis qui prônent un fédéralisme européen
A l’autre bout du spectre idéologique, des partis moins visibles dans l’espace médiatico-politique, tels que Volt Europe ou le Parti fédéraliste européen, mais aussi une formation très populaire comme les Écologistes, sont porteurs du projet fédéraliste européen. Celui-ci se caractérise par l’aspiration d’abolir la gouvernance diplomatique en construisant, en revanche, une communauté politique européenne puisant sa souveraineté dans les rapports démocratiques entre citoyens et notamment sur le suffrage universel européen. Pour ces formations, ce projet passe par la promotion de la démocratie européenne à travers la réforme de ses institutions dans le but d’accroître la participation citoyenne et la transparence dans le processus décisionnel à l’échelle communautaire. Ce dernier élément fait également partie des propositions phares du Parti Pirate représenté par Caroline Zorn. Les revendications portées par cette dernière témoignent enfin de l’importance accrue attribuée aux enjeux relatifs à l’usage et aux potentialités du numérique, ainsi qu’à son encadrement par le pouvoir politique à l’échelle européenne. Le Parti Pirate se bat à ce sujet en faveur de la protection des droits numériques et de la vie privée à travers le plaidoyer pour des politiques européennes promouvant la transparence, la neutralité du net et la défense des libertés individuelles.
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