Les Slovènes disent oui au changement !

, par Alexis Vannier

Les Slovènes disent oui au changement !
Le dragon de Ljubljana, symbole de la capitale slovène Source : Pixabay

Ce dimanche 24 avril, alors que les Français ont finalement opté pour la continuité en accordant à Emmanuel Macron un deuxième quinquennat, après avoir fait peur à l’ensemble de la presse européenne, les Slovènes devaient eux renouveler le Državni, leur assemblée nationale. Et du changement, il y en a eu.

La Slovénie en bleu

La vie politique slovène est loin d’être un long fleuve tranquille. Le pays est connu pour la courte espérance de vie de ses partis politiques. Cette caractéristique tient à l’hyper-personnalisation de certaines formations qui hésitent rarement à prendre le nom de leur fondateur. Ainsi, le Parti de Miro Cerar obtient plus du tiers des voix en 2014 et moins d’une sur dix quatre ans plus tard. L’électorat slovène est particulièrement volatil, et ce scrutin n’a pas fait défaut.

Au soir du scrutin, l’alliance « Mouvement de la liberté » (Gibanje Svoboda, Svoboda), formée l’an dernier autour d’écologistes, de libéraux et de sociaux-démocrates, ravit largement la première place, obtenant 34,5% des voix. Pour son entrée au Parlement, Svoboda obtient 41 sièges, sur les 90 que compte l’assemblée. La majorité absolue n’était pas loin !

Le SDS (Slovenska Demokratska Stranska, Parti démocrate) au pouvoir se fait coiffer au poteau mais améliore son score avec 23,65% des voix, le parti gagne 2 sièges par rapport aux dernières élections législatives de 2018, et en obtient ainsi 27, le parti perd en revanche sa place incontournable au parlement. Les électeurs slovènes n’ont donc pas été épatés par la visite surprise à Kyiv du charismatique Premier ministre Janez Janša en compagnie de ses homologues polonais et tchèque, 10 jours avant le scrutin.

Du côté de ses partenaires de coalition, le SMC, Parti du centre moderne (social-libéral) s’effondre, perdant les trois quarts de ses électeurs (3,47% des voix) la totalité de ses sièges. Quand à Nouvelle Slovénie (NSi, chrétien-démocrate), elle réussit à se maintenir avec 6,8% des voix, et donc 8 sièges.

Le reste de l’opposition, largement dépassée par Svoboda donc, connaît des trajectoires variables : les sociaux-démocrates s’arrogent la quatrième place avec un score rétréci par rapport à celui de 2018 (6,65% des voix et 7 sièges), suivis de près par la gauche radicale de Levica qui totalise 4,30% des bulletins et perd 4 sièges sur les 9 qu’elle détenait. Vient ensuite la Liste de Marjan Šarec, l’ancien premier ministre qui s’effondre en dessous des 4% nécessaires pour obtenir une représentation au parlement.

La participation, qui avait péniblement dépassé la moitié en 2018, s’établit cette année à 69,7%, en hausse de près de 18% !

Grosses coalitions pour courts gouvernements

La coalition menée par Janez Janša n’a donc pas convaincu l’électorat. Ce n’est que deux ans après le scrutin de 2018 qu’une énième péripétie politique fait chavirer le nouveau venu de la politique, le journaliste Marjan Šarec et emporte son gouvernement de cinq partis (principalement sociaux-libéraux). Des manœuvres politiques font capoter les projets de dissolution parlementaire du Premier ministre, deux de ses partenaires se rallient au SDS de Janša, arrivé premier lors du scrutin de 2018.

C’est donc avec le soutien -bref pour les représentants des retraités de DeSUS- du Centre moderne et de Nouvelle Slovénie que Janez Janša retourne au pouvoir. Déjà premier ministre de 2004 à 2008 et de 2012 à 2013, il est rattrapé par des affaires de corruption dès 2012, condamné en 2014 et reste 9 mois en prison avant une annulation surprise de sa peine par la Cour constitutionnelle. Un passé judiciaire bien rempli donc, mais qui ne semble pas choquer une partie des électeurs.

Comme dans toutes les campagnes électorales européennes depuis février dernier, la guerre en Ukraine s’est invitée dans les débats (la Slovénie fait partie de l’OTAN depuis 2004). À l’image des candidats hongrois, serbe et français à leur réélection en ce mois d’avril, Janez Janša utilisait le conflit pour prôner la stabilité et son expérience politique. Souvent comparé à son homologue hongrois, il est l’objet de nombreuses critiques de l’opposition qui lui reproche un virage autoritaire et liberticide, reconnu par de nombreuses ONG. Les questions climatiques, de justice sociale et de pouvoir d’achat ont, sans surprise, été éclipsées.

Reste à savoir quelle coalition permettra à Svoboda de former un gouvernement, le SDS étant trop distancé pour espérer lutter. Robert Golob, chef de file de Svoboda est ainsi quasiment assurer de remplacer Mr. Janša. Viktor Orbán devrait ainsi perdre un nouveau soutien à Bruxelles, alors que l’État de droit et la liberté de la presse devrait y gagner au change.

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