Le 3 mai : un synonyme de liberté pour la presse
Comme chaque année depuis sa proclamation par l’Assemblée générale des Nations Unies le 3 mai 1993, la Journée mondiale de la liberté de la presse permet de rappeler aux gouvernements leur responsabilité dans la défense de l’indépendance médiatique et de la sécurité des journalistes. Cette journée permet également de rendre hommage aux journalistes persécutés et tués chaque année pour avoir exercé leur métier et cherché à informer. Selon une synthèse récente de la “Coalition pour la liberté des médias”, la liberté de la presse représente l’un des fondements de la démocratie : elle renforce les connaissances sur la politique et favorise ainsi la participation citoyenne. Selon ce rapport, sans médias indépendants et pluralistes, la gouvernance démocratique laisserait place à la corruption. Ceci est également souligné par le Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), qui a rappelé en mars dernier que le pluralisme et l’indépendance journalistique sont les indicateurs majeurs d’une démocratie en bonne santé.
En effet, comme a pu le rappeler la journaliste Salomé Saqué lors d’une interview : le journalisme permet à chacun “d’avoir un pouvoir sur notre propre vie et sur le monde qui nous entoure.” La presse n’a pas pour seule fonction la diffusion d’informations mais elle a également pour vocation d’éclairer les citoyens dans leurs actions quotidiennes, comme nos modes de consommation ou notre manière de voter. Plus l’accès à l’information vérifiée est restreint, moins nos choix sont avisés. Grâce à la Charte de Munich, texte européen sur la déontologie des journalistes signé en 1971, l’accès à une information libre, indépendante et plurielle devient donc un droit. Considéré comme le quatrième pouvoir, le journalisme se place aux côtés du législatif, du judiciaire et de l’exécutif. En véritable contre-pouvoir, il agit comme outil de contrôle auprès des trois autres, garantissant la transparence des institutions. Sans liberté de la presse, il nous serait impossible de vérifier l’existence même d’autres libertés. Donc sans journalisme libre, pas de démocratie.
Un journalisme en guerre
Ces dernières années, la liberté de la presse est de plus en plus attaquée. Menacée par des groupuscules violents souhaitant imposer leur vision du monde ou par la pression de plusieurs politiques souhaitant empêcher certaines affaires d’éclater au grand jour, le droit à l’information dérange. Cette année, la France a perdu quatre places par rapport à l’année dernière et se retrouve à la 25ème place du classement mondial de la liberté de la presse réalisé par Reporters Sans Frontières (RSF). Ceci est notamment dû à l’escalade des violences commises par les forces de l’ordre à l’encontre des reporters dans les manifestations.
Depuis le début de l’agression russe contre l’Ukraine, les menaces pesant sur les journalistes de guerre n’ont fait qu’augmenter. Le rapport de 2024 sur la liberté de la presse en Europe le montre particulièrement en identifiant la couverture du conflit en Ukraine comme la principale préoccupation en matière de sécurité des journalistes. On remarque par ailleurs, une hausse conséquente des détentions, des attaques physiques et des décès de reporters sur place. Dans ce conflit hybride, les journalistes ne sont pas seulement confrontés aux combats, mais aussi à la surveillance numérique et aux nombreuses désinformations orchestrées par la Russie.
Le constat est alors critique : la liberté de la presse en Europe est en danger.
Journaliste : un métier remplaçable par l’IA
La montée de l’usage de l’intelligence artificielle (IA) menace de plus en plus de métiers. En 2024, le Fonds Monétaire International (FMI) a publié un rapport annonçant que 60 % des emplois des économies avancées pourraient être impactés par l’IA. En ce qui concerne le journalisme, le développement de cette nouvelle technologie pourrait entièrement bouleverser la profession. L’édition 2025 de la Journée mondiale de la liberté de la presse place d’ailleurs ce questionnement au cœur de ses débats, avec pour thème : « Informer dans un monde complexe – L’impact de l’intelligence artificielle sur la liberté de la presse et les médias. »
Si l’IA permet d’apporter de nouveaux outils facilitant l’analyse de grandes quantités de données ou l’automatisation de la rédaction de certains articles, elle risquerait de réduire le nombre de journalistes nécessaires à la réalisation de tâches quotidiennes. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle s’inscrit dans un contexte où les fake news et la désinformation représentent d’ores et déjà un problème majeur. L’arrivée de l’IA facilite alors la prolifération de fausses images générées automatiquement, ce qui fragilise davantage la confiance accordée par le public à la sphère médiatique.
Pour une presse libre en Europe
Bien que l’Europe arrive en tête du classement régional, la situation mondiale reste, quant à elle, critique. Pour la première fois, la situation de la liberté de la presse est considérée comme ’difficile’ à l’échelle du monde. Afin d’encourager l’approfondissement de la liberté de la presse, l’UE a fait entrer en vigueur, dès le 7 mai 2024, un nouveau règlement “European Media Freedom Act”, garantissant notamment une meilleure transparence sur l’identité des propriétaires de médias et une interdiction de l’espionnage des journalistes, un premier pas vers la respectabilité du droit à l’information.
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