Liberté de la presse : « En Hongrie, on peut difficilement parler de pluralisme médiatique » alerte Marc Soignet

, par Cassandra Parpex, Leslie Mary

Liberté de la presse : « En Hongrie, on peut difficilement parler de pluralisme médiatique » alerte Marc Soignet
Marc Soignet est intervenu aux côtés de Nora Hamadi et Pierre Haski lors de la conférence de clôture des Journées de la presse européenne. Crédits photo : Arthur Delicque

De passage à Paris pour les Journées de la presse européenne, Marc Soignet, franco-hongrois, chargé de communication à la Fédération humaniste européenne, a témoigné de l’état critique de la presse en Hongrie.

À l’origine, le communicant était simplement venu discuter de l’état de la presse en Europe, aux côtés de Pierre Haski et de Nora Hamadi. Pourtant, c’est un véritable état des lieux, plus qu’alarmant, sur la politique hongroise qu’il finit par nous dépeindre.

« En Hongrie, on parle de plus en plus de régime hybride : [un régime] qui a l’apparence d’une démocratie : il existe un parlement institutionnel, on fait même des consultations nationales des citoyens... Mais malheureusement, tout ça, ce n’est qu’une mascarade. Et le pouvoir est très peu limité. »

En quelques mots, Marc Soignet nous livre le récit d’une presse muselée et corrompue par le pouvoir en place. Et la démocratie hongroise en prend un sacré coup. Au regard de l’Union européenne, cette dernière n’apparaît pas clairement dictatoriale. Difficile pourtant, de nier la réalité : une « pseudo » liberté de la presse fabriquée de toutes pièces. Pourquoi ? À nouveau, le franco-hongrois détaille un régime aux motivations plus qu’ambiguës. En particulier vis-à-vis des médias.

« Il faut voir ce que le gouvernement fait pour limiter le pluralisme des médias. Du côté public c’est très clair : il suffit d’avoir des lois faites pour les influencer [les médias publics]. Du côté des médias privés : la technique consiste à faire suffisamment pression sur les propriétaires de médias indépendants, pour que petit à petit, ils acceptent de les vendre [ces médias] à des oligarques proches du parti. Dès lors qu’ils y sont installés, ils font ce qu’ils veulent. »

Un prisme que plusieurs citoyens ont décidé de combattre. Marc Soignet est l’un d’entre eux. Tout d’abord, il a endossé le rôle de « Watch dog » [ndlr : chien de garde en anglais]. Un statut d’observateur et de lanceur d’alerte. Puis, en 2017 apparaît un nouveau mouvement de jeunesse pro-européenne. Ce dernier intègre cette « bulle » de résistance. Une bulle qui s’est rapidement transformée en parti politique.

« C’est une manière de parler de la Hongrie et de travailler pour elle, mais dans une optique de narration positive. On est en train de construire quelque chose. Et on ressent une solidarité incroyable de la part de Bruxelles. Beaucoup de gens observent et croisent les doigts pour nous. C’est vraiment en opposition avec le sentiment d’être un ‘don Quichotte’ qui se bat contre des moulins à vent.  »

Le militant aborde là un point délicat. Que fait donc l’Union européenne face à une telle situation ? Ignore-t-elle les faits qui se déroulent sur le territoire hongrois ? Probablement pas. Mais malgré cela, le franco-hongrois reste pragmatique, relativise et tente surtout d’aider l’opinion à se poser les bonnes questions.

« Que peut faire l’Union européenne ? Malheureusement, on n’a pas trouvé de bonne réponse. L’Union européenne fait ce qu’elle peut sur le plan légal. Du moins ce qu’elle peut se permettre, car il n’y a pas d’union politique. Donc souvent on peut se retrouver face à des sourires gênés "oui on comprend, mais qu’est-ce qu’on peut faire ?" C’est pour cela, que pour moi, c’est important d’intégrer quelque chose de positif. Quelque chose où c’est vraiment l’action en Hongrie, qui passe en premier. Et aujourd’hui, je peux communiquer là-dessus et promouvoir ça à Bruxelles. » se félicite le communiquant humaniste.

S’il fallait retenir une idée primordiale de cet entretien, cela devrait être celle d’une union qui rend plus fort. Surtout face à ceux qui tentent encore d’abattre la liberté de la presse, et à travers elle, la démocratie. C’est là qu’intervient l’Union européenne, car il en va de sa responsabilité. Une question reste donc en suspens : pourquoi ne protégeons-nous plus nos journalistes, puisqu’il s’agit là, aussi, de protéger notre propre liberté d’expression ?

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