Le nouveau Commissaire autrichien
Magnus Brunner devrait donc être nommé Commissaire chargé de l’Intérieur et de la Migration. Il aura à sa charge “ la mise en œuvre du Pacte sur la Migration et l’Asile, le renforcement des frontières de l’UE et l’élaboration d’une nouvelle stratégie de sécurité intérieure” comme indiqué dans sa lettre de mission. Ces attributions sont diverses et variées allant de la création d’une nouvelle Stratégie Intérieure de Sécurité pour 2025 à la luttre contre le crime organisé, le terrorisme et les réseaux d’exploitations de mineurs.
Il succède à Johannes Hahn, le précédent commissaire autrichien, qui était lui, en charge du Budget et de l’Administration.
Un ex-ministre des Finances aux Affaires Intérieures
Magnus Brunner est le candidat du Parti Populaire Européen (PPE) dont font partie l’ÖVP (Österreichische VolksPartei) et la Présidente de la Commission. Il a aussi reçu le soutien du chancelier autrichien Nehammer.
Magnus Brunner a étudié le droit à l’Université d’Innsbruck puis à l’Université de Vienne et au King’s College de Londres.
Il a ensuite travaillé dans la finance et dans le secteur énergétique avant de se lancer en politique et de devenir, successivement, membre du Conseil Fédéral du Land de Vorarlberg (2009 à 2020), puis Secrétaire d’Etat à la protection du climat, à l’énergie, à l’innovation, à la mobilité et à la technologie. Depuis 2021, il occupait la fonction de ministre des Finances de la République fédérale.
Comme l’indique la déclaration du président Nehammer, M. Brunner est un homme compétent et expérimenté puisqu’il a travaillé dans les domaines public et privé de l’énergie et de l’innovation. Il semble donc que son expertise dans ces différents domaines lui servira dans son futur mandat.
Une nomination controversée
Toutefois, cette nomination a surpris de nombreux eurodéputés. Comme l’affirme l’eurodéputé autrichien Andreas Schieder (S&D) “il s’est présenté sur le sujet de la migration sans connaissance spécifique ni engagement".
D’autres sont de l’avis contraire comme Gerald Knaus. En effet, cet expert en migration conseiller auprès d’institutions européennes juge positif que “quelqu’un de l’extérieur arrive, qui ne travaille pas sur le sujet depuis longtemps, il peut examiner ce qui a objectivement bien fonctionné et pourquoi nous avons échoué avec tant de plans qui semblaient bons.” Il semblerait donc que ce soit son “inexpérience” dans le domaine qui ferait la force de sa candidature.
On peut cependant s’interroger sur ce que cette nomination signifie.En effet, le gouvernement autrichien adopte une ligne dure à l’égard des migrations et des contrôles aux frontières. Il a d’ailleurs été rappelé à l’ordre et condamné pour avoir illégalement étendu les contrôles aux frontières au sein de l’espace Schengen entre le 15 octobre et le 11 novembre 2024.
De nombreux observateurs craignent que les élections législatives autrichiennes de septembre dernier où l’extrême droite du FPÖ est arrivée en tête n’influencent les décisions de Brunner. Même si le FPÖ ne fait officiellement pas partie de la coalition dirigeante, il est possible que la politique de M.Brunner se durcisse sous la pression de l’opinion publique autrichienne qui s’est massivement mobilisée en faveur du parti d’extrême droite. La crainte est donc une influence d’une situation politique nationale sur la politique européenne d’asile.
Il semble en tout cas que M.Brunner ait la confiance de la Présidente de la Commission. Mme Von der Leyen a assurée que Brunner avait une « excellente » maîtrise du portefeuille. Il a quant à lui déclaré après sa nomination que : “C’est un honneur pour moi d’avoir reçu de la présidente Ursula Von der Leyen le portefeuille de la sécurité intérieure et de la migration dans la Commission européenne. Ce domaine est central pour l’avenir et le fonctionnement de l’Union européenne.”
Son programme pour l’Union Européenne
Brunner a été auditionné le 5 novembre. Il a présenté son programme qui s’articule autour de 3 axes principaux : l’accroissement de la préparation et la prévision, la recherche de solutions globales et équilibrées et enfin la poursuite d’une coopération internationale intense. Il s’est aussi engagé à à présenter une stratégie globale de sécurité intérieure au cours du premier semestre de 2025, à étendre le mandat d’Europol (l’agence européenne de police criminelle) et à s’appuyer sur l’alliance portuaire pour lutter contre la criminalité organisée transfrontalière.
Il prévoit aussi le triplement des effectifs de Frontex (l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes) pour une “ migration gérée selon des règles équitables mais fermes”, il a cependant précisé qu’il accordait beaucoup d’importance au respect des droits humains.
Il a aussi déclaré être en faveur des partenariats avec des pays tiers en citant l’exemple de la collaboration entre les gouvernements italien et albanais où les demandes d’asile sont traitées dans un camp spécialisé en dehors des frontières européennes.
Désormais, il devrait se passer peu de temps avant sa nomination. Le PPE, Renew, l’ECR et même la S&D ont qu’ils soutiendraient sa candidature ce qui représente une large majorité en faveur de sa nomination. Il devrait pouvoir être officiellement nommé commissaire après le vote en plénière prévu du 25 au 28 novembre à Strasbourg.
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