Depuis l’élection du président pro-russe Mikheïl Kavelashvili et la poursuite des manifestations pro-européennes dans tout le pays, une question parcourt toutes les lèvres à Bruxelles : la Géorgie pourra-t-elle un jour rejoindre l’Union européenne ? Celle qui devra tenter d’apporter une réponse à cette question est la toute nouvelle Commissaire européenne à l’élargissement de l’Union, Marta Kos.
Une journaliste devenue diplomate
Marta Kos naît le 28 juin 1965 à Šempeter pri Gorici, une petite ville de Slovénie, et se dirige d’abord vers la voie du journalisme. Un temps journaliste sportive pour le service public slovène, elle déménage en Allemagne dans les années 1990, où elle travaille pour la Deutsche Welle et où elle reste correspondante pour la RTV (radio-télévision publique de Slovénie).
Vers la fin des années 1990, elle rentre dans son pays natal et passe du côté politique, en étant successivement porte-parole du gouvernement (à partir de 1997), puis vice-présidente de la Chambre de commerce et d’industrie (à partir de 2000).
Après un passage de près de 10 ans dans le secteur privé, en tant que directrice générale d’un cabinet de conseil, elle opère un double retour : celui à la politique, et celui dans un pays qu’elle connaît bien, l’Allemagne, puisqu’elle y devient l’ambassadrice slovène, avant d’exercer la même fonction en Suisse quatre ans plus tard.
Le choix numéro deux
En 2022, après près de 10 ans au service de la diplomatie, Marta Kos, fraîchement élue à la vice-présidence de son parti, le Mouvement pour la liberté (GS), rêve grand : elle annonce sa candidature à l’élection présidentielle slovène, qui a lieu au mois d’octobre de la même année… Avant de se retirer de la course pour cause de désaccord politiques avec le chef du gouvernement, Robert Golob (également du parti “Mouvement pour la liberté”).
Deux ans plus tard, à l’été 2024, le gouvernement slovène choisit d’envoyer à la Commission européenne Tomaž Vesel, ancien président de la Cour des comptes du pays pendant près de 9 ans. Mais la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, refuse la candidature, souhaitant obtenir un Collège de commissaires paritaire - objectif qu’elle n’atteindra finalement pas.
Le 9 septembre, c’est donc Marta Kos qui est désignée par le gouvernement de Robert Golob pour intégrer le bâtiment de Berlaymont. Sa nomination suscite immédiatement l’ire de ses opposants politiques à l’échelle nationale, qui accusent Ursula von der Leyen d’ingérence dans les affaires nationales, et qui dénoncent un manque de transparence dans le mode de désignation des Commissaires.
Mais la candidature de Marta Kos pour intégrer le Collège des Commissaires rencontre aussi de vives critiques à l’échelle européenne, et principalement celles des conservateurs du Parti populaire européen (PPE). Ces derniers accusent en effet l’ex-journaliste d’avoir travaillé pour l’UDBA, la police secrète de l’ex-Yougoslavie, ce que nie fermement Marta Kos.
Un portefeuille stratégique
À présent en charge de l’élargissement, Marta Kos a la lourde tâche de travailler sur les candidatures des États souhaitant intégrer l’Union européenne, dont deux sont particulièrement sous le feu des projecteurs récemment, la Géorgie et la Moldavie, dont les élections ont récemment été perturbées par de potentielles ingérences russes.
“Vous travaillerez avec les pays ayant une perspective européenne pour les préparer à l’adhésion, en encourageant et en soutenant les réformes structurelles nécessaires, et vous veillerez à ce que ce processus soit associé à un engagement politique plus fort et durable”, a écrit Ursula von der Leyen dans sa lettre de mission à la nouvelle cheffe de l’élargissement.
Autre État dont Marta Kos devra coordonner l’intégration, mais aussi la reconstruction : l’Ukraine. Là encore, les oppositions alertent sur ce qu’elles considèrent être une position ambigüe vis-à-vis de la Russie, notamment en raison d’une phrase prononcée en mars 2022, juste après le début de l’invasion : “Nous devons être critiques à l’égard de la Russie, mais nous ne devons pas lui fermer nos portes”.
La nouvelle Commissaire européenne se veut à présent rassurante, et tente d’envoyer un signal positif : dès le premier jour de son mandat, dimanche 1er décembre 2024, elle s’est rendue à Kiev pour assurer l’Ukraine du soutien de l’Union européenne.
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