Le plébiscite de Martin Schulz
Le 19 mars 2017, le parti social-démocrate allemand a choisi de nommer Martin Schulz à sa tête. Il a ainsi récolté plus de 99% des voix des délégués du SPD, du jamais vu ! Peu connu auprès de ses concitoyens allemands, Martin Schulz a mené une carrière politique essentiellement européenne, même s’il a également exercé la fonction de conseiller municipal en Bade-Würtember pendant 11 ans. Aujourd’hui ancien président du Parlement européen (2012-2017), il y était entré en 1994 et ne l’avait plus quitté depuis.
Pour certains, la candidature de Martin Schulz va insuffler un vent de fraîcheur au sein du SPD qui n’attend qu’un renouvellement en son sein. D’autres se méfient de l’ex-président du Parlement européen…
Selon Nico Siegel, directeur de l’institut de sondage Kantar Public Allemagne interrogé par Le Monde le 23 février dernier : « [Martin Schulz] donne le sentiment d’avoir les pieds sur terre, d’être crédible et proche des gens ». Cette apathie du SPD s’illustre notamment par la faible popularité de Sigmar Gabriel, l’actuel président du parti, vice-chancelier et ministre de l’économie. Martin Schulz pourrait bien incarner ce renouveau tant attendu au sein du camp des sociaux-démocrates pour mettre fin au « règne » d’Angela Merkel.
Dans un grand nombre de pays européens, les élites politiques sont critiquées et remises cause, et l’Allemagne n’y fait pas exception. Martin Schulz se veut en rupture de cet état de fait et souhaite recréer un véritable clivage gauche-droite dans la campagne, en opposition au précédent slogan de son adversaire : « La CDU. Le Centre. ». Il souhaite aussi contrer la percée des eurosceptiques de l’AfD. En effet, la CDU gouverne actuellement en coalition avec le SPD formant ainsi un rassemblement centriste. La gouvernance de coalition est chose commune en Allemagne et s’explique par le mode de scrutin. Si un parti obtient la majorité absolue au Bundestag il pourra gouverner seul, mais ce n’est pas toujours le cas.
L’enjeu européen des élections allemandes
Tout comme les élections présidentielles françaises, il est à prévoir que la nomination du nouveau chancelier allemand aura des conséquences importantes sur le futur de l’Union européenne. En effet, le projet politique européen semble abandonné par ses élites. Or si un chef de gouvernement allemand fait le choix de soutenir ou non un renouveau de l’idéal européen, il y a fort à parier pour que les dynamiques et le rapport de force entre les États membres soient modifiés.
En outre, il est probable que les résultats de l’élection présidentielle française ait également un impact sur la campagne allemande. Si la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen, venait à être élue et appliquait son programme politique, les Français pourraient être consultés par référendum au sujet d’une sortie de l’Union européenne. Laissant ainsi l’Allemagne avec un allié de moins en Europe.
Angela Merkel à la conquête d’un quatrième mandat
Angela Merkel a annoncé en novembre 2016 sa volonté de briguer un quatrième mandat. Au pouvoir depuis 2005, si elle venait à remporter ces élections elle égalerait le record d’Helmut Kohl qui avait occupé le poste de chancelier de 1982 à 1998, c’est-à-dire pendant 16 ans.
Les journalistes sont nombreux à dire que des trois campagnes que la chancelière a déjà menées, celle-ci sera sûrement la plus dure. Critiquée par une partie de la population pour sa politique d’accueil envers les migrants, Angela Merkel accuse le coup d’une popularité en légère baisse, mais surtout du revers subi par son parti aux dernières élections régionales qui avaient vu le parti d’extrême droite Alternativ für Deutschland (AfD, Alternative pour l’Allemagne) grimper en flèche.
Plusieurs journalistes voient en Martin Schulz un candidat redoutable, déterminé et capable d’inquiéter sérieusement l’actuelle chancelière. Cependant, il est encore trop tôt pour s’emballer, dans la mesure où la campagne n’en est qu’à ses premiers balbutiements. Évolution à suivre, donc.
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