Je m’étais rendu en Biélorussie comme observateur indépendant pour les élections. Avec un groupe de Danois et d’autres Européens, nous prévoyions d’organiser des sondages sortis des urnes. Connaissant la situation de la Biélorussie, ce n’était pas chose facile, mais le chef de la commission électorale biélorusse avait déclaré que « les sondages sortis des urnes sont un élément normal d’élections démocratiques ». Nous sommes donc allés à Minsk afin de participer à ces « élections démocratiques », mais notre visite s’est raccourcie, les autorités ont changé d’avis et les observateurs indépendants de SILBA ont été expulsés du pays.
Le KGB (car en Biélorussie, ils l’appellent encore comme ça) vint à notre hôtel à Minsk ; il nous demanda avec qui nous travaillions en Biélorussie, pourquoi nous nous intéressions tant aux élections biélorusses, etc.
Ils nous confisquèrent nos ordinateurs et nos clés USB. En Biélorussie, pas besoin d’autorisation d’un juge pour cela, un badge du KGB suffit… Nous fûmes ensuite embarqués dans un vieux et sombre bâtiment du KGB dans la banlieue de Minsk. Là, nous avons du répondre aux mêmes questions pendant quatre heures. Le bureau était petit ; et l’indispensable portrait de Loukachenko n’en semblait que plus grand. Après quatre heures d’interrogatoire, nous fûmes mis en demeure de quitter le pays le lendemain, mercredi 15 mars, alors que les élections devaient avoir lieu pour le 19. Nous n’avons donc pu observer qu’une journée de vote, car en Biélorussie, il est possible d’aller voter au long de toute la semaine qui précède le jour des élections.
Le jour de notre départ, un journaliste nous dit que le résultat était déjà connu, « les assesseurs disent qu’il recueillera 78,3% des voix. » Le journaliste avait tort. « Luka » l’a emporté avec plus de 82% des voix.
Après les élections, des milliers de personnes sont descendues dans les rues de Minsk ; la place d’octobre grouillait de monde. C’était la première fois en onze ans de règne Loukachenkien qu’autant de monde participait à des manifestations.
L’UE doit plus s’intéresser à la Biélorussie, mais elle a jusqu’à présent complètement ignoré la situation. La Biélorussie fait partie de l’Europe ; il se trouve même qu’elle est située au centre géographique du continent européen. L’UE devrait faire une offre à l’opposition biélorusse : adhésion à l’UE si le pays respecte les critères de Copenhague. Cela lui permettra d’offrir une alternative politique à Loukachenko.
La perspective d’adhésion à l’UE a été un catalyseur pour la transformation démocratique dans de nombreux pays d’Europe orientale – pourquoi pas la Biélorussie ?
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