Les Etats-Unis, la France et la Russie sur la voie de la coopération
Les attentats du vendredi 13 novembre à Paris ont secoué la scène internationale. Cent-trente citoyens ont perdu la vie, au cours de ce terrible événement. Ces attentats par leur force symbolique ont éclipsé d’autres violences dans le monde, comme celles qui se sont déroulées au Liban, où au moins quarante-quatre Libanais ont péri. Paris est une ville-symbole du même ordre que New York et la France s’est positionnée à l’avant-garde du combat contre Daech. Face à ce drame traumatisant, François Hollande a intensifié les bombardements en Syrie.
Mardi 17 novembre, la Russie a officiellement confirmé que l’avion russe qui s’est écrasé dans le Sinaï a été victime d’un attentat. A la suite de cette grave catastrophe aérienne, Vladimir Poutine a dû assumer ces faits et faire basculer son intervention, d’action de soutien au dictateur Assad à une réelle opération pour combattre Daech. Dans ce cas de figure, il a dû opérer un rapprochement avec la France. La Russie cesse de jouer en solo et comprend la nécessité de coopérer avec des alliés, dans le cadre d’une lutte contre le terrorisme. Cette coopération devra bien entendu être approfondie et précisée. Dans ces circonstances, il reste primordial de ne pas tomber dans les pièges d’une stratégie Bush.
L’ONU doit enclencher un réel processus de paix au Moyen-Orient
Il faut éviter de rentrer dans une logique de guerre frontale, opposant un monde occidental au Moyen-Orient, tout simplement parce que la réalité ne correspond pas à cette approche. Daech est en guerre, contre la Syrie, contre les Kurdes, contre l’Irak, contre l’Iran, contre l’Arabie saoudite. Daech est en guerre contre de nombreux pays du Moyen-Orient. Ainsi en observant les faits, nous pouvons constater, qu’une entité terroriste s’est implantée au Moyen-Orient, affrontant des acteurs tout aussi bien locaux qu’internationaux. Nous devons dépasser l’impression laissée par un marketing diplomatique et militaire virulent, pour nous concentrer sur les réalités.
Dans le contexte actuel, il paraît donc nécessaire de construire une véritable coordination militaire et stratégique. Le cadre de l’ONU paraît tout à fait pertinent dans cette situation. Auparavant, le Conseil de sécurité de l’ONU était divisé de par notamment l’écart entre les positions russes et les approches françaises ou américaines. Désormais un rapprochement a été initié, ces trois pays pourront proposer un plan d’action encadré par l’ONU, pour le Moyen-Orient, et trouver un accord avec les deux autres membres permanents de ce Conseil : le Royaume-Uni et la Chine. Ce plan d’action devra dépasser l’enjeu militaire, pour enclencher un véritable processus de paix dans la région, processus de paix qui devra intégrer la nécessaire transition politique en Syrie et le départ d’Assad. Au-delà de la résolution française adoptée à l’unanimité le 20 novembre, le Conseil de sécurité doit prendre des mesures fortes. Il faut engager une action humanitaire résolue, sous la tutelle de l’ONU, et opérer une médiation permettant la résolution d’un conflit majeur.
L’Union européenne doit se saisir des questions de Défense
François Hollande a également invoqué la « clause de solidarité » des traités (article 42.7) et sollicité l’appui de l’Union européenne. L’Union européenne a apporté son soutien unanime. Depuis quelques années, l’Allemagne et les instances européennes étaient championnes pour souligner les écarts budgétaires de la France, ignorant les nécessités financières afin d’entretenir une Défense efficace. Désormais, l’Union européenne laisse entrevoir de la bienveillance face à de nouveaux dérapages budgétaires, qui seront inévitables.
Au-delà de ces petits pas, il est temps pour l’Europe d’entreprendre de grandes avancées, notamment dans le domaine de la Défense. Les menaces de notre temps nous imposent d’opérer la construction d’une force militaire européenne, ce qui réglerait de la même manière les pénalités budgétaires que doit supporter la France. L’ONU a invité tous les pays qui en ont les capacités à se joindre, « en conformité avec les lois internationales », à la lutte contre Daech, l’Union européenne doit répondre à cet appel et doit également trouver les moyens de structurer une action solide menée par l’ONU au Moyen-Orient, afin d’atteindre des objectifs de stabilisation et de pacification. La crise des réfugiés est la résultante d’une crise humanitaire lourde qu’il appartient aux Européens de résoudre.
Suivre les commentaires : |