Un pays à l’identité floue
Le territoire du Bélarus n’a longtemps été que parties de puissances extérieures. Tantôt sous la domination du Rus’ de Kiev, ou du Grand-duché de Pologne-Lituanie, les petites principautés et duchés éclatés sur le terrain sont balayées par les invasions et guerres menées par les barbares, les Mongols, les Suédois, les Russes, les Prussiens, les Polonais, les Autrichiens, les Français… C’est à l’issue de la Première Guerre mondiale et de la dislocation des Empires centraux que la Biélorussie proclame son indépendance. Mais rapidement, la toute jeune République populaire de Biélorussie, parée d’un drapeau blanc-rouge-blanc, est envahie par la toute jeune Russie soviétique impérialiste, forçant ainsi le gouvernement à l’exil. La Rada de la république démocratie biélorusse constitue aujourd’hui le plus ancien gouvernement en exil du monde. La Deuxième Guerre mondiale est désastreuse pour la république socialiste soviétique de Biélorussie (RSSB), les nombreux et âpres combats entre nazis et communistes détruisent 98% du patrimoine historique du pays, réduisant ainsi à néant l’Histoire du pays. La RSSB, dont l’économie se spécialise dans l’industrie agricole, ne montre guère d’hostilité au régime soviétique mais proclame néanmoins de nouveau son indépendance en 1991. Le bref interlude démocratique entre 1991 et 1993 fait renaître de ses cendres le drapeau blanc et rouge. Mais Alexandre Loukachenko, le nouvel homme fort du pays, remet son pays sur les rails de l’autoritarisme. l’Union de la Russie et de la Biélorussie en 1997 retrace un lien indéfectible entre Moscou et Minsk, portant atteinte de facto à la souveraineté et à l’indépendance du pays.
Le drapeau soviétique pour nourrir le passé
Peu de drapeau historique du Bélarus, puisque peu d’histoire du Bélarus ! Le premier drapeau est horizontal blanc, rouge, blanc. ll reprend les couleurs de l’emblème représentant le Vytis, personnage légendaire du preux chevalier héroïque. C’est ce même symbole que l’on retrouve sur les armoiries de la Lituanie voisine. Victime de l’autoritarisme communiste, il flotte sur le pays entre 1918 et 1919, et entre 1991 et 1995.
La domination soviétique impose le drapeau rouge à la RSSB, arborant ces initiales en cyrilliques, augmenté de la faucille et du marteau à partir de 1937. En 1951, la politique promouvant les identités locales est l’occasion d’une agrémentation des drapeaux, la Biélorussie est ainsi affublée d’une bande horizontale verte sur le bas du drapeau représentant les forêts, ainsi qu’une bande horizontale côté hampe reproduisant un motif de routchnik, tissu rituel brodé, orné de symboles traditionnels. L’étendard rouge est repris tel quel, délesté de l’étoile rouge dans le projet constitutionnel soumis à la population par Alexandre Loukachenko en 1995. Une autre version présentant un fond rouge et deux fines lignes vertes au haut et au bas du drapeau (comme on peut l’apercevoir aujourd’hui au Belize) a vite été abandonnée. Une modification de 2012 a foncé le drapeau, ternissant ses couleurs.
Le tricolore blanc-rouge-blanc est de nouveau arboré par les foules impressionnantes de manifestants nées à l’occasion de l’élection présidentielle truquée d’août 2020. Symbole de l’opposition au régime autocratique de Loukachenko, il est très similaire au drapeau utilisé par une partie de l’opposition actuelle à la Russie de Vladimir Poutine, qui arbore le drapeau russe expurgé de son rouge sang, ce qui donne un étendard tricolore horizontal blanc-bleu-blanc.
Le drapeau présidentiel est frappé des armoiries du pays représentant des épis céréaliers, dans le plus pur style soviétique (que l’on peut encore trouver dans les armoiries du Laos, de la Corée du Nord ou du Mozambique), ainsi que de la silhouette du pays, comme un pense-bête pour ceux qui douteraient de son existence.
À noter enfin la similarité aussi étonnante que fortuite du drapeau bélarusse avec l’étendard malgache.
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