Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

, par Laurène Vernet

Napoléon et l'Europe : l'utopie inachevée

Napoléon et l’Europe. Une relation souvent méconnue voire mal interprétée entre l’Empereur et le vieux continent. Une relation souvent conflictuelle dans laquelle s’immisce la France, sa puissance et sa grandeur. Si le Consul puis l’Empereur Napoléon a pensé sous différentes formes une unité régionale, sa vision européenne demeura cependant immuable.

Elle se fonde sur une projection du cadre national dans un cadre européen. Une vision européenne qui pose encore aujourd’hui les questions essentielles à toute volonté d’unité européenne : où se trouve la Nation ? Quelles en sont ses limites ? Où commence l’Europe ? A quelles fins ? C’est la France et la puissance de sa Nation qui furent au cœur de sa conception de l’Europe et de son éventuelle unité.

Si la vision européenne de Napoléon demeure centrée sur la France, elle lui a néanmoins permis d’engager des réformes qui ont fait germer chez les peuples de l’ancien Empire napoléonien une conscience commune européenne. Celle qu’une communauté économique, juridique, sociale voire politique pouvait lier le destin des Peuples de l’Europe.

L’Union de l’Europe continentale contre l’impérialisme britannique

L’Empire britannique, voilà l’ennemi. Son expansion, sa puissance et ses richesses sont pour Napoléon des menaces à la sécurité et à la tranquillité de la France. Contrer sa grandeur pour placer la France au centre de l’Europe continentale tel était l’objectif et le leitmotiv de la « politique » européenne du Consul puis de l’Empereur français. Pourtant lorsqu’il n’était encore que le général Napoléon Bonaparte, il bénéficiait d’une image positive en Grande Bretagne. Des publications anglaises de 1797 le désignaient, en effet, comme l’avenir de la paix et des Lumières en Europe . Cette image d’un guide fait sens lorsqu’il est question de Napoléon et de l’Europe car il la fit sienne et s’en servit pour imposer sa vision d’une Europe continentale contre la Grande Bretagne et son empire. Ainsi le 24 aout 1816 lorsqu’il était prisonnier à Sainte-Hélène, il revint sur sa politique européenne en justifiant son rôle de « médiateur naturel entre l’ancien et le nouvel ordre des choses ». Soit le sentiment que son action européenne était celle d’un homme investit d’une mission.

Mais de quoi relevait cette mission ? Il s’agissait selon lui d’étendre l’Empire français pour renforcer la sécurité et la grandeur de la France. Une grandeur nationale qui lui permettrait de tenir la place hégémonique dans une Europe continentale non pas strictement « unifiée » mais coalisée ou associée. L’association de cette Europe continentale avait deux objectifs qui sont strictement liés : celui de la nécessité économique et celui de contrer l’impérialisme britannique. Se mit alors en place, par la force et la ruse, ce qui fut nommé le « système continental ».

C’est le décret de Berlin du 21 novembre 1806 qui légiféra ce système parfois désigné à tord comme « blocus continental ». En 1809, Metternich écrivait à propos de l’Empereur français qu’il était devenu « le souverain de l’Europe ».

De l’Europe continentale à l’Europe familiale : les intérêts nationaux au cœur du processus d’unification des Etats d’Europe.

Au-delà de la nécessité économique et de la rancœur envers les Britanniques, Napoléon se voulait détenteur d’une réelle vision européenne. Héritier d’idées et de conceptions politiques des Lumières françaises mais aussi de la Révolution et du Directoire, Napoléon aurait voulu faire disparaître les inégalités entre la France de la Révolution et les puissances de l’Ancien régime en se servant notamment « d’Etats tampons ». Des Lumières, il garde l’idée qu’il faut vouloir l’unité de chaque Peuple et la grandeur de chaque Nation. Pour se faire, il va mettre en place « l’Europe familiale » où de son beau-fils Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie, à son beau-frère Murat, roi de Naples en passant par ses frères Joseph, Louis et Jérôme (rois d’Espagne, de Hollande et de Westphalie) s’opère un processus d’uniformisation des Etats. Mais il ne faut pas s’y tromper. Napoléon ne veut pas, dans les faits, une unité européenne. Il pense en terme d’Etats et de Nations, et non en terme d’Europe. Et c’est la France, sa puissance et sa grandeur qui sont au cœur de cette pensée des « Etats-Nations uniformisés ». Comme il l’écrivit d’ailleurs à son beau-frère le 23 aout 1810, « Mon principe est la France avant tout (…) Prenez-donc comme devise la France avant tout ».

Dès lors comment parler d’unité de l’Europe ? Il s’agit davantage d’uniformisation par la modernisation des Etats qui composent l’Europe familiale napoléonienne que d’une réelle union. Ainsi l’exportation du modèle français a-t-elle permis de moderniser les Etats d’Europe. Dans les domaines politiques, économiques et juridiques, le passage napoléonien a laissé des traces. Le code civil est un exemple de cette uniformisation. Il y en eut, en effet, une version allemande, polonaise, espagnole et italienne .

La politique européenne de Napoléon est complexe car s’il se prévalait lui-même d’une Europe associée, ayant pour finalité un système fédéral, ses intentions en Europe n’avait qu’un seul but : la France. La France placée en axiome d’une politique d’uniformisation le conduisit à exporter le cadre national dans d’autres cadres nationaux et non à créer un cadre européen. Ce ne fut pas l’intérêt national de chaque Etat qui fut au cœur de sa politique mais bien celui de la France. Il s’agit alors d’une politique extérieure régionale conduite par la politique et un modèle intérieurs. Dès lors cette mission pour le vieux continent dont il se pensait investit devint ambiguë voire paradoxale. La politique en Europe de Napoléon est celle d’un homme, d’un caractère, d’une conception de la Nation et du Peuple sans cesse tiraillé entre la volonté de libérer chaque Peuple d’Europe de ses chaines en modernisant sa Nation comme le préconisait des penseurs des Lumières et celle de donner à la France une place hégémonique dans l’association européenne.

Un tiraillement qui le conduisit parfois à la contradiction entre sa pensée profonde et sa pensée stratégique et ses actes impulsifs qui empêcha de facto une réelle union en Europe. Le concert européen ne fut, en effet, mis en place qu’à partir du Congrès de Vienne, soit après la chute de Napoléon. Ainsi à l’aube de sa déchéance le 22 avril 1815, il écrivait dans le préambule additionnel aux constitutions de l’Empire : « Nous avions alors pour but d’organiser un grand système fédératif européen que nous avions adopté comme conforme à l’esprit du siècle et favorable aux progrès de la civilisation ». Celui qui se pensait le guide du Vieux continent fut sans doute dépassé par sa condition d’homme, par son ambition pour la France et pour lui-même et la pérennité de sa dynastie.

Le paradoxe de la politique en Europe – plus qu’européenne- de Napoléon est très intéressant aujourd’hui car il pose à nouveau la question essentielle à toute politique étrangère d’une Nation : où se situe l’intérêt de la Nation dans sa projection dans l’extérieur ? Jusqu’où une Nation peut-elle se projeter ? Une politique napoléonienne qui ne fait pas fit de toutes convictions mais qui conduit sans cesse la France à un questionnement quant à son rapport à la grandeur, à la puissance et au rôle qu’elle veut jouer en Europe et dans le monde. Etendu au vingt-et-unième siècle ce questionnement reste pertinent aux échelles nationales et régionales. Car il repose encore et toujours à chaque Etat membre de l’Union européenne la question de la finalité de son appartenance. Chacun devant être à l’aise dans sa Nation avec son rapport à la grandeur et ayant défini clairement la place de sa souveraineté et celle de sa puissance.

Vos commentaires
  • Le 19 janvier 2014 à 11:30, par gilles rosset En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    A propos de la gravure qui représente Napoléon sur un beau cheval... Napoléon n’avait qu’une mule pour ces déplacements en plus il était malade (estomac) très souvent plié en deux des habits sales, la gravure n’est qu’une propagande franco Française.

  • Le 21 janvier 2014 à 16:56, par Armand En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Bonjour, J’ai déjà exprimé la critique suivante à son auteure, qui est une amie, et je me permets de l’ajouter ici pour ceux qui n’y auront accès que via ce site et qu’elle pourrait intéresser. Merci.

    L’auteure de l’article, Laurène Vernet, écrit que « Napoléon ne veut pas dans les faits d’unité européenne » mais elle affirme aussi qu’il « se prévalait d’une Europe associée ayant pour finalité un système fédéral ». Un système fédéral est pourtant une forme d’unité européenne ! Comme on ne peut, en tout logique, affirmer une chose et son contraire, elle dit que sa géopolitique est un « tiraillement », un « paradoxe » et même une « contradiction ». Elle écrit même qu’il y a chez Napoléon une contradiction entre ce qu’il fait et ce qu’il pense (il y aurait une « contradiction entre sa pensée […] et ses actes impulsifs ») ! Ça arrive que la réalité soit incohérente. Mais bien souvent, si quelque chose paraît incohérent, c’est parce qu’on le pense mal ! Il faudrait donc peut-être revoir l’a priori majeur de cet article, à savoir que Napoléon voulait créer une Europe politique. Ce qui est… faux ! Evidemment, on peut difficilement l’écrire sur un site qui se proclame « eurocitoyen »…

    1er point. Contrairement à ce qui est écrit, Napoléon n’a pas fait émerger de conscience commune européenne. C’est même le contraire. Il a fait naître un sentiment anti-français dans les territoires occupés qui a servi de base à des revendications nationalistes. C’est le cas de manière évidente en Espagne. La réaction des Espagnols à l’occupation française a été si virulente qu’elle a donné la « guérilla », le mot date de cette époque. C’est aussi le cas du nationalisme allemand. Voici ce qu’en dit un professeur de Paris IV : « La retraite de Russie accélère le processus francophobe : c’est alors que naît véritablement le nationalisme allemand, conforté par la guerre de libération qui s’achève avec la défaite de Napoléon à Leipzig. » (à lire ici : http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/nationalisme_et_sentiment_national_en_allemagne.asp). Napoléon n’a pas fait naître de conscience commune européenne. Il a contribué au contraire à faire naître une conscience commune allemande, une conscience commune espagnole, une conscience commune italienne… Il ne faut pas falsifier l’histoire !

    2ème point : Napoléon n’a effectivement jamais voulu d’unité européenne. Sa politique était l’agrandissement de la France par la conquête de nouveaux territoires et la soumission des pays limitrophes à la France. Et quoi de mieux pour s’assurer la vassalité d’un pays que d’y mettre sa famille ou ses proches à leur tête (Joseph en Espagne, Bernadotte en Suède et en Norvège, Louis en Hollande…) ?!!

  • Le 21 janvier 2014 à 17:00, par Armand En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    (suite du précédent commentaire)

    S’il y a eu une sorte d’union des Etats européens, elle s’est faite, comme cela est justement dit dans l’article, contre l’Angleterre (qui est européenne soit dit en passant…). Cette union, voulue et imposée par la France, est une stratégie militaire et pas une « utopie inachevée ». Napoléon perd tout espoir d’envahir l’Angleterre après Trafalgar (1805). Il conçoit donc le blocus continental. Pour sa mise en œuvre, il doit contrôler directement ou non toutes les côtes d’Europe. Pourquoi parler de « nécessité économique » de construire une union européenne ? La nécessité économique aurait été au contraire de supprimer le blocus européen pour libérer le commerce. Mais Napoléon a des objectifs militaires. L’économie est secondaire dans son projet.

    Enfin, la création d’Etats-tampons, comme la Confédération du Rhin créée en 1806, n’a pas pour principe de former l’unité de chaque peuple ! Napoléon ne garde pas des Lumières « l’idée qu’il [faudrait] vouloir l’unité de chaque Peuple et la grandeur de chaque Nation. » Mais non ! La Confédération du Rhin doit protéger la France de la Prusse, de l’Autriche et de la Russie. Elle réunit des populations très différentes ! D’ailleurs, les Etats-tampons sont précisément des Etats qui regroupent des peuples différents. La Belgique par exemple, partagée entre Flamands et Wallons, compte trois langues officielles : français, néerlandais, allemand. Il n’y a aucune unité là-dedans ! Quant à la modernisation administrative instaurée dans les Etats contrôlés par la France napoléonienne, qui a effectivement laissé des traces fortes, elle est principalement guidée par la volonté de contrôler ces pays et de les soumettre à la domination française. Plus l’administration est efficace, mieux le gouvernement peut contrôler la population.

    3ème et dernière remarque : Il faut être très critique envers les mémoires de tout homme politique, et particulièrement de Napoléon. Les hommes politiques essaient toujours de se justifier a posteriori, et Napoléon est quand même le roi (ou l’empereur) de la propagande !

    Toutes ces erreurs proviennent à mon sens d’un biais idéologique que l’auteure as pris dès le départ de cet article. Elle a voulu montrer qu’il y a un début de construction d’une unité politique européenne avec Napoléon, et elle a voulu chercher les leçons qu’on pourrait en tirer pour la construction de l’actuelle Union européenne. Mais comme c’est faux, l’article accumule les contre-vérités et conclue sur un paradoxe qui n’existe pas.

  • Le 21 janvier 2014 à 21:58, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Je partage les critiques formulées par Armand mais au delà de la dimension historique j’ai du mal à saisir le propos de l’auteur de l’article. La vision « européenne » du dictateur n’a rien à voir avec le projet européen d’aujourd’hui. Mais quelque part cette « projection du cadre national dans un cadre européen. » c’est un peu la vision de nombreux européistes français — ceux qui ne se réclament pas du fédéralisme — en particulier à droite où l’Europe n’est que la France en plus grand. Cette vision nombriliste de l’Europe oublie facilement que ce fantasme de « grandeur » et de « puissance » que nourrit une partie de l’élite française névrosée shootée à la mythologie gaullienne et au culte de l’État n’est en rien partagée par la plupart des Européens. Et tant mieux.

  • Le 22 janvier 2014 à 00:55, par Armand En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Bonjour Valéry-Xavier. Je vous réponds car la discussion me passionne.

    Résumer la politique européenne gaullienne en « l’Europe c’est la France mais en plus grand » me paraît trop réducteur, même s’il y a un peu de cela. De Gaulle aurait effectivement dit que dans les relations franco-allemandes, « la France doit être le cavalier et l’Allemagne le cheval ». Cela dit, De Gaulle a toujours été respectueux des peuples étrangers. Il a toujours été très apprécié par les populations européennes. Il s’adressait en allemand aux Allemands (regarder cette vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=dqQdyKbyRXY), en espagnol aux Espagnols... qui fait cela aujourd’hui ? Il ne faut pas oublier qu’au sortir de la 2ème Guerre mondiale, les Français et les Allemands se haïssaient comme jamais. De Gaulle a pourtant lancer l’amitié et la coopération franco-allemande !

    De Gaulle a défendu les intérêts de la France. C’est le rôle de tout chef d’État français ! Chaque pays défend ses intérêts tout comme chacun de nous défend ses propres intérêts dans sa vie privée.

    Sur les rapports de La France gaullienne et des autres pays européens, Alfred Grosser (politologue et historien allemand) écrit : « le général de Gaulle (et je crois que c’est vrai pour une grande majorité des Français) est farouchement partisan de l’égalité, à condition que nous soyons les égaux de ceux qui sont plus égaux que les autres. Je crois que cela vaut dans la vie sociale et dans la vie internationale. Le général de Gaulle considérait que la France devait être, avec la Grande-Bretagne, l’égale des Etats-Unis. Je ne pense pas qu’il ait vraiment considéré que les Pays-Bas ou la Belgique devaient être les égaux de la France en Europe. » (lire ici : http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/dossiers-thematiques/de-gaulle-et-le-monde/de-gaulle-et-lrsquoeurope/analyses/la-politique-europeenne-du-general-de-gaulle.php)

    On est donc loin d’un simple rapport de domination à la Napoléon ! La construction européenne lancée par De Gaulle a nécessité des compromis de part et d’autre. Il est beaucoup plus démocrate et respectueux des peuples que vous ne le pensez.

  • Le 22 janvier 2014 à 14:15, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    La réconciliation franco-allemande et la construction européenne ont été lancés par Monnet-Schumann en 1950, certainement pas par de Gaulle.

  • Le 22 janvier 2014 à 18:55, par tnemessiacne En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    @ Armand

    « Il faudrait donc peut-être revoir l’a priori majeur de cet article, à savoir que Napoléon voulait créer une Europe politique. »

    Sur Wikipedia il est indiqué :

    "Napoléon, qui se veut rassembleur, décide d’associer aux symboles de son règne les images qui ont pu représenter auparavant la France, ainsi que les pouvoirs forts européens.

    L’aigle est choisi en référence aux aigles romaines, portées par les légions, mais il est également le symbole de Charlemagne, l’aigle éployée. La couleur rouge du manteau impérial est une référence directe à la pourpre de l’imperium romain. Napoléon se pose ainsi en héritier de l’Empire romain et de Charlemagne."

  • Le 22 janvier 2014 à 21:48, par Armand En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    @ Un débat sur « qui a lancé la construction européenne » nous emmènerait trop loin. Alfred Grosser (toujours lui), explique que la réconciliation franco-allemande a un sens après 1914-1918 puisqu’il s’agit bien d’un affrontement entre deux nations, mais qu’elle n’en n’a pas après 1945 puisqu’il s’agit de la victoire des peuples libres contre le régime nazi (je pourrais donner les références). Il faudrait donc remettre en question l’idée de « réconciliation franco-allemande » que vous utilisez. La construction européenne quant à elle date de bien avant Schumann. J’ai travaillé dans le cadre d’un mémoire d’histoire contemporaine sur le mouvement pacifiste européen, et je peux vous assurer que des hommes politiques ont pensé et agi pour une politique supranationale déjà au XIXème siècle, même si les contours en étaient très mal définis et les désaccords nombreux.

    La question que vous avez lancée en parlant de « mythologie gaullienne » de grandeur de la France, de puissance et de culte de l’Etat est : qu’a fait le Général de Gaulle ? A-t-il voulu que la France domine les autres peuples européens ? Pensait-il que la France était supérieure aux autres nations ? A l’évidence, il a défendu la grandeur et l’indépendance de son pays, comme le font tous les Etats (normalement). Mais De Gaulle n’avait pas de « fantasme de grandeur et de puissance ». Il était fier d’être Français, contrairement à beaucoup d’entre nous qui pensent que leur pays n’est qu’un hôtel (dixit Jacques Attali). De Gaulle a défendu l’histoire et l’indépendance de la France sans jamais tomber dans les excès du nationalisme. Il a su retirer la France d’Algérie. Il n’a pas chercher non plus à dominer les pays européens. Il a signé le traité de l’Elysée (1963), qui est le premier traité de coopération politique entre la France et l’Allemagne (la CECA n’était qu’une coopération économique). Ce traité mets les 2 pays sur un pied d’égalité. C’est grâce à De Gaulle si la France a aujourd’hui un siège permanent à l’ONU, c’est grâce à De Gaulle si la France peut dire non à la guerre en Irak (parce que la possession de la bombe A nous permet de ne pas nous aligner systématiquement sur les USA), c’est grâce à De Gaulle si on peut être fier d’être Français après la France de Vichy. Il n’y en a pas beaucoup qui auraient fait ce qu’a fait De Gaulle en 1940 et en 1962 !

  • Le 22 janvier 2014 à 21:51, par Armand En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    @ tnemessiacne : Pardon mais votre commentaire tourne un peu court. D’accord pour dire que Napoléon a repris des symboles du pouvoir romain et carolingien. Mais le fait de reprendre des symboles romains et carolingiens vous semble-t-il suffisant pour affirmer que l’idée de Napoléon était de construire une Europe politique fédérale ? Tout le monde sait d’ailleurs que l’Empire romain était un empire méditerranéen et non un empire européen. Les Germains, malgré des tentatives d’invasion, n’ont jamais été conquis. Et puis l’empire romain, tout comme l’empire de Charlemagne, n’était pas un empire fédéral (si l’expression « empire fédéral » a un sens). C’était un empire dans lequel un peuple dominait les autres. Jules César n’a pas laissé Vercingétorix gouverner la Gaulle ! Napoléon a la même conception des pays limitrophes de la France que Jules César des pays limitrophes de Rome : il s’agit de territoire à conquérir et à dominer. L’idée de fédéralisme et l’idée d’Europe n’a rien a voir là-dedans.

  • Le 23 janvier 2014 à 11:50, par tnemessiacne En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    @ Armand

    On peut penser que Napoléon a repris des symboles romains et carolingiens pour bien opérer une synthèse ou plutôt incorporer comme Charlemagne l’a fait les parties de l’Europe qui n’étaient pas encore intégrées. L’Empire romain correspondait à la majorité de l’Europe. Et que ce soit les carolingiens, les Ottoniens, l’Église, le Saint Empire romain germanique dont la fin a été actée par Napoléon, tous ces systèmes ou familles se réclamaient de l’Empire romain. Et ce n’est pas un peuple qui dominait les autres. L’origine de Rome a toujours été une certaine assimilation que ce soit l’histoire avec les Sabins et les Sabines. Ou l’octroi de la citoyenneté romaine à tous les habitant de l’Empire en 212.

  • Le 23 janvier 2014 à 17:17, par Armand En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    @ tnemessiacne

    Nous savons vous et moi que l’Empire romain comprenait une bonne partie de l’Europe occidentale, mais qu’il ne comprenait pas l’Europe de l’est (au sens géographique) et qu’il comprenait aussi le nord du Maghreb, du Mashrek, la côte méditerranéenne de l’Arabie et l’actuelle Turquie. On ne peut pas dire que ça « corresponde » à l’Europe géographique, ça la comprend en partie et ça la déborde largement (simple évidence !).

    Effectivement, les Romains pratiquaient l’assimilation. Ils privilégiaient la culture à l’origine ethnique. Les familles aristocratiques des pays vaincus pouvaient prétendre à la citoyenneté romaine, mais à condition de jurer fidélité à Rome, de renier leur tradition, leur mode de vie, leurs croyances et leur identité pour devenir de parfaits Romains. Il me semble que c’est une forme de domination. Si un jour des extraterrestres viennent sur terre et me demande d’abandonner ma culture, mes traditions, ma langue et mes croyances pour devenir un parfait extraterrestre, il y a de forte chance que je prenne ça comme une forme de domination insupportable et que je me révolte ! L’accession à la citoyenneté romaine était d’ailleurs réservée à l’élite des peuples conquis. Rome prélevait des taxes sur les populations conquises, y plaçait des gouverneurs, et y prélevait la majorité de ses esclaves. Puisque vous aimez bien wikipedia, voici ce que dit l’encyclopédie sur l’esclavage romain :

    « La source principale de l’esclavage provient des conquêtes de la guerre. Le vaincu était mis à la merci du vainqueur qui, dans les cas extrêmes, détruisait littéralement la cité et le bourg du conquis en abattant l’enceinte de la ville ou en rasant les édifices publics. La séparation de leur cité d’origine, et donc de leur citoyenneté, signifiant la perte de la jouissance des droits civils selon le droit romain, justifiait alors leur caractérisation comme des prisonniers de guerre d’abord, puis des choses (res mancipi). » (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Esclavage_dans_la_Rome_antique)

    Si vous n’appelez pas cela un rapport de domination, je ne sais pas ce que c’est !

  • Le 23 janvier 2014 à 22:17, par Alexandre Marin En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    @tnemessiacne @ Armand

    Les Romains n’ont jamais pratiqué l’assimilation comme les Français de la III° république, c’est un anachronisme. Les Français du XIX° siècle ont pratiqué des politiques d’assimilation par l’école ;les peuples de la Rome antique ont eux-même repris le mode de vie des Romains, d’une part par un exode rural important, comme en Gaule (le Gaulois n’a d’ailleurs disparu qu’à l’arrivée des Francs). Sinon, les peuples imitaient le mode de vie et la civilisation romaines, avec ce qu’elles apportaient de progrès. Ce qui a vraiment fait disparaître les langues et cultures des peuples conquis, ce sont les migrations qui ont accompagné la fin de l’empire. Certes, les langues communes de l’administration, du droit, et de l’armée étaient le Latin, à l’ouest, et le grec, à l’est, ce qui a développé ces civilisations au détriment des autres. Là où on pourrait parler d’assimilation, c’est dans la recherche d’une religion commune, fondée sur le syncrétisme, puis sur le christianisme. Mais les Romains ont aussi beaucoup appris des peuples conquis, Etrusques, Grecs, Orientaux, et Germains.

    Quant à l’esclavage et au rapports de domination, ils étaient une réalité, certes, mais qui était loin d’être systématique (armée vaincue, et rébellion d’une ville), et la condition des esclaves, très inégale, a beaucoup évolué avec la morale, la « lex » et les mentalités. Les Romains ont voulu établir un empire durable. Une simple oppression les aurait conduit à l’échec. Ils ont donc développé un droit distinct de la « lex », adapté aux rapports entre « Latins » et entre « Pérégrins » (étranger proche et étranger lointain). Il s’agissait de développer la justice et de faire accepter la domination romaine en développant le commerce et les facultés liés aux droits réels et des obligations. C’est ainsi qu’un droit s’est crée au fil des litiges, et imprègne profondément les droits de l’Europe continentale. Les empires successifs en Europe, jusqu’à Napoléon, ont voulu, eux aussi, avec une fortune variable, s’établir durablement grâce aux réalisations et aux innovations entreprises dans leur pays ou région d’origine. Par opposition, le III° Reich n’a cherché à dominer les peuples, à commencer par le sien, qu’à travers la peur.

    Pour ce qui est de l’édit de 212 de l’empereur romain Caracalla, il a été promulgué pour des raisons fiscales. La citoyenneté s’obtenait pour les non citoyens, par des contributions militaires. Mais avec l’administration et la protection des frontières, les impôts payés par les citoyens étaient tels que peu de gens voulaient réellement être citoyens. C’est donc pour pouvoir imposer tous les habitants de l’empire que la citoyenneté romaine a été attribuée à tous.

  • Le 23 janvier 2014 à 23:05, par Alexandre Marin En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Il ne faut pas confondre Europe et Empire. L’Empire romain a commencé à se former autour du Mare Nostrum, la mer Méditerranée. Avec la chute de l’empire d’occident, et plus tard, l’avènement des empires carolingiens et germaniques, l’Europe (avec une frontière orientale mal définie), est devenue le territoire de rassemblement des sujets impériaux, l’empire voulant unifier les chrétiens, latins et germaniques.

    Napoléon a lui aussi voulu unir les peuples européens, mais sans enterrer la révolution et ses idéaux, et avec les mentalités (etatistes et non nationalistes) de son époque. Il ne s’agissait pas d’une Union politique comme nous la concevons aujourd’hui, mais il y avait une vision européenne dans la conquête napoléonienne. Il est d’ailleurs notable que les provinces du nord de l’Italie, anciennement autrichiennes, soient devenues des départements français, ce qui pourrait plaider en faveur d’une volonté d’unification de l’Europe, du moins en partie, même s’il eût paru peu concevable que ces régions redevinssent indépendantes ou autonomes comme cinq cent ans auparavant, les légitimités papales et impériales ayant disparu (l’empire germanique a été supprimé et le pape Pie VII est l’otage de Napoléon). Il s’agissait sans doute plus d’une annexion d’une portion du territoire autrichien visant à l’affaiblir pour qu’il ne soit pas tenté de se rebeller contre l’empereur des Français, ce qui se produisit malgré tout.

    En tout état de cause, Napoléon voulait étendre la nation française aux états européens. A l’époque les concepts d’Etat et de nation n’étaient pas encore rattachés : ils le seront au cours de la seconde moitié du XIX° siècle. Napoléon a voulu utiliser la révolution française pour inscrire ses conquêtes dans la durée.

    Enfin, pour Napoléon, comme pour Alexandre le Grand, Chandragupta Maurya, les conquérants romains, Charlemagne, Mahomet, Gengis Khan, Soliman 1er, ainsi que d’autres, il n’est pas aisé de faire la distinction entre leur volonté de s’approprier, au profit de leur territoire d’origine et par la force, les richesses de leurs voisins, et leur ambition de construire un empire durable.

  • Le 24 janvier 2014 à 13:28, par Armand En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Merci Alexandre Marin pour ce commentaire très intéressant et assez juste (si je puis me permettre). Quelques remarques :

    Personne n’a dit que les Romains pratiquaient l’assimilation comme les Français de la IIIème République. Si vous faites dire aux gens ce qu’ils ne disent pas, c’est facile de les accuser de faire de l’anachronisme ! Serait-ce le terme « assimilation » qui vous gêne ? Je ne suis pas un spécialiste de la question mais je pense qu’on peut sans aucun problème employer ce mot pour les peuples vaincus et conquis par les Romains, dont les Gaulois. Sinon, je vous recommande de contribuer à changer cette page de wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Assimilation_culturelle#cite_note-1 et je lirai la nouvelle page que vous aurez écrite avec grand intérêt !

    Je n’ai rien à redire sur ce que vous écrivez concernant la domination romaine. On pourrait dire que vous caricaturez quand vous écrivez que les Nazis ne dominaient qu’à travers la peur. Les Nazis cherchaient aussi à convaincre les populations vaincues grâce à la radio, à leur propagande et à leur censure. Rappelons aussi que Pétain est allé de lui-même vers les Allemands, personne ne l’y a forcé. Et Laval qui affirme à la radio en 1942 qu’il souhaite la victoire de l’Allemagne nazie ! La situation est donc plus complexe que cela, mais si on discute de tous les détails et de toutes les époques, on va finir par écrire une encyclopédie avec nos commentaires !

  • Le 24 janvier 2014 à 13:40, par Armand En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Concernant Napoléon, d’accord pour dire qu’il y a une vision européenne de ses conquêtes à condition de parler de vision européenne française. Napoléon voulait une Europe française ou sous domination française, et nullement une Europe respectant la liberté et l’indépendance de chaque peuple comme l’écrit Laurène Vernet dans l’article ci-dessus. Napoléon n’a pas suscité de conscience commune européenne. Il a exacerbé la conscience commune française et suscité en retour les nationalismes des pays vaincus.

    Je sais aussi qu’il est très répandu d’affirmer que Napoléon voulait sauvegarder l’héritage de la Révolution et qu’il se revendiquait des Lumières. Napoléon a certes changé l’ordre social en France et dans les pays conquis, en instaurant le Code civil notamment. Il a sans doute mis davantage en valeur la méritocratie que l’Ancien Régime, dont l’ordre social repose sur les privilèges des classes sociales. Mais Napoléon avait les pouvoirs absolus, il a pratiqué la censure et la propagande, il a reconnu le christianisme comme religion majoritaire en France alors que la Révolution se voulait largement laïque (le calendrier révolutionnaire remplace le calendrier grégorien, Robespierre instaure le culte de l’Être Suprême...), et puis Napoléon a tenté d’instaurer une monarchie héréditaire (en 1814, Napoléon abdique en faveur de son fils, le roi de Rome). On voit bien que finalement, Napoléon n’en avait pas grand chose à faire des idées de la Révolution. Contrairement à Rousseau, qui n’a rien fait de sa vie sinon écrire, Napoléon est un pragmatique. Les idées ne l’intéressent que dans la mesure où elles lui permettent de renforcer et de stabiliser son pouvoir. C’est Machiavel en quelque sorte.

    Je pense d’ailleurs qu’au fond de son être, Napoléon n’en avait en réalité rien à faire de la France. Elle ne l’intéressait que dans la mesure où il était à sa tête. Il a peut-être fini par aimer ce pays à la fin de sa vie à cause de tout ce qu’il lui avait apporté. Mais il ne faut jamais oublier que Napoléon n’était pas Français mais Corse. Il a grandi dans la détestation de la France. Il n’a jamais parlé correctement français, il a toujours gardé son accent corse. Il ne savait pas non plus l’écrire correctement : la grande majorité des manuscrits signés par Napoléon ont en fait été dictés par lui et écrits par des secrétaires. Le Mémorial de Sainte-Hélène par exemple a été écrit par Las Cases. Quand Napoléon monte sur le trône et devient Empereur des Français, est-il heureux pour son pays ou pour lui-même ? Souvenez-vous qu’il glisse à l’oreille de son frère : « si notre père nous voyait ! » Tout est dit !

  • Le 24 janvier 2014 à 22:14, par Alexandre Marin En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    @Armand

    Disons que les Romains ont pratiqué une « assimilation » inconsciente. Je ne remets pas en cause Wikipedia, quand l’article est bien écrit et bien sourcé, c’est de la très bonne vulgarisation, mais, pour être accessible à un large public, un bon contenu doit évidemment être simplifié.

    Le régime nazi est un régime totalitaire. Même s’il y avait une propagande omniprésente qui cherchait à convaincre et à légitimer les actions du Reich, son fondement était principalement la politique de la peur.

    Napoléon a suscité indirectement une conscience européenne commune, ne serait-ce qu’à travers le nationalisme. Il avait certes une vision européenne héritée de la révolution française (donc une vision française de l’Europe). En voulant étendre la nation française aux Etats européens, Napoléon a provoqué le début du nationalisme en Espagne. A l’est, en Prusse, en Autriche et en Russie, le nationalisme est venu beaucoup plus tard. En Allemagne, il faut attendre Bismarck. En Autriche et en Russie, le nationalisme voit le jour à la fin de la première guerre mondiale les deux empires étant des puissances très cosmopolites. A ce titre, il est intéressant que le nationalisme de ces pays germains, impériale et post-impériale est différent du nationalisme des monarchies et ex-monarchies de l’extrême occident, notamment la France, l’Espagne ou le Royaume Uni. Les nationalismes allemand et autrichien sont très liés au Pangermanisme.

    Enfin, Napoléon est à la fois un héritier et un fossoyeur de la révolution. Napoléon a détruit et adopté les idéaux révolutionnaires dans la mesure où ça légitimait et stabilisait son empire. Ce que vous dîtes est vrai, avec le christianisme d’Etat, un régime autoritaire et héréditaire, sans compter son second mariage avec Marie-Louise d’Autriche. Mais il fut par exemple le premier à considérer de la même manière catholiques, juifs et protestants. Quant au régime autoritaire, quand on sait ce que fut le régime de Robespierre et sa conception de la laïcité, le caractère fossoyeur en la matière de l’héritage révolutionnaire est contestable.

    Napoléon a été français dans sa relation avec l’héritage révolutionnaire, comme tous les Français, car avant la révolution, les Français n’existaient pas, il n’y avait que les sujets du roi de France, ce qui est différent. Il n’a d’ailleurs pas grandi dans la haine de la France puisque son père, bien qu’au départ opposé à la domination française en Corse, devient partisan de la France après la bataille de Ponte Novu, au cours de laquelle les armées du royaume de France emportent une victoire sur les « patriotes » corses.

    Quand à ce qu’il aurait dit ou le fond de sa pensée, peu de gens en étaient témoins, et cela relève en grande partie de la spéculation et des interprétations de légendes noires ou dorées.

  • Le 25 janvier 2014 à 02:36, par Armand En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Vous connaissez sans doute cette citation : « Je naquis quand la patrie périssait. Trente mille Français vomis sur nos côtes, noyant le trône de la Liberté dans des flots de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mes regards. Les cris du mourant, les gémissements de l’opprimé, les larmes du désespoir environnèrent mon berceau dès ma naissance. »

    C’est un extrait d’une lettre de Napoléon à Paoli datée du 12 juin 1789 (Napoléon avait vingt ans). Napoléon a bien grandi dans la haine de la France. Tous les spécialistes de Napoléon vous le confirmeront.

    Je pense qu’il est temps que notre débat s’achève. Il serait intéressant de le poursuivre, mais sur un point précis. Car nous accumulons les sujets (conscience commune européenne, Napoléon et la France, l’assimilation romaine, la domination des Nazies...) et la discussion devient impossible. On ne peut pas parler de mille sujets à la fois !

    Si l’envie vous en dit, vous pourriez écrire un article sur le thème : « Napoléon a suscité indirectement une conscience européenne commune, ne serait-ce qu’à travers le nationalisme. » Je pense que taurillon.org l’accepterait. Je vous avoue ne pas comprendre cette phrase. Le nationalisme, français, allemand, espagnol... me semble contradictoire avec l’idée d’une conscience commune européenne. Cela dit, si vous avez des arguments - ce dont je ne doute pas - et que vous voulez bien étayer précisément votre affirmation, je vous lirais avec grand plaisir. Vous avez incontestablement des connaissances historiques certaines, mais il serait bien aussi que vous sourciez vos affirmations, ou du moins que vous vous appuyiez sur des documents historiques ou sur des auteurs. Cela permettra à tout le monde de vérifier que vous n’inventez pas ce que vous dites.

    Si vous n’avez rien contre le contenu vidéo et que vous n’avez jamais rien écouté sur Napoléon qui sorte des sentiers battus, je vous recommande les émissions d’Henri Guillemin sur le personnage : http://www.rts.ch/archives/dossiers/henri-guillemin/3477989-napoleon.html

    Au plaisir de vous lire. Vous pouvez me retrouver sur facebook au nom suivant : A-r-m-a-n-d R-e-n-o-n-c-e-t

  • Le 23 février 2015 à 14:17, par Le Robespierriste En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Si les censeurs veulent bien me laisser exprimer mes opinions, et donc valider mon message, j’en serai ravi : je vais remettre les pendules à l’heure.

    Mon message étant trop long, il s’organise en deux parties.

    Vous rendez-vous compte de ce que vous dites ? « brave homme », « brillant », « génie » ? Napoléon ne mérite pas cette gloire ! Il n’est que corrompu par le trop de pouvoir que lui a accordé Sieyès, et a liquidé la Révolution ! Je m’explique.

    1799. Napoléon est général, c’est un génie militaire. Il a remporté plusieurs compagnes. C’est la seule facette de sa vie qui mérite la gloire. Seulement, Sieyès, en désaccord avec la tournure qu’a pris la Révolution, la jugeant trop modérée, envisage un coup d’Etat. Il va s’associer avec Napoléon, maximisant ses chances de réussite. Napoléon réussit trop bien le coup d’Etat, il a volé le pouvoir à Sieyès et s’empare de la France.

    De 1799 à 1804, Napoléon instaure un consulat, soit disant conforme aux idées républicaines. En fait, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un régime tyrannique ; trois consuls sont censés gouvernés mais en réalité, seul le premier consul, Bonaparte, détient le pouvoir. Il est déjà tyran.

    De 1804 à 1815, il change la forme du gouvernement et s’autosacre empereur. La France est désormais devenue un régime autoritaire, semblable à ceux du XXème siècle ; autrement dit : France sous Bonaparte = IIIème Reich nazi.

    Bien évidemment, sans de multiples réformes (Code Civil, Concordat, etc...) cela ne serait jamais passé auprès des français, qui venaient juste d’acquérir une République Une, Indivisible, Egalitaire, Libre et Fraternelle ; la France, qui était difficilement devenue Le Pays des Droits de l’Homme, se transforme en un Empire autoritaire, tyrannique, colonisateur et conquérant (oui, tyrannique ; la tyrannie étant le gouvernement d’une seule ou d’un petit groupe de personnes ; ici, seul Napoléon gouverne). Ah ! C’est beau, le Pays des Droits de l’Homme colonise l’Europe !

  • Le 23 février 2015 à 14:18, par Le Robespierriste En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Deuxième partie et fin.

    Napoléon est célèbre en France uniquement car il a failli conquérir le moitié de l’Europe au profil des français ; allez demander à des européens non français s’ils adorent et chérissent ce tyran, vous serez surpris des réponses. Napoléon n’est qu’un semblable du tyran nazi Hitler ; d’ailleurs, ces deux n’ont aucune personnalité puisqu’ils recopient Jules César (pour ceux qui ne savent pas, le salut nazi est un copiage pur et simple du salut de César, et l’Aigle, une des emblèmes des deux tyrans, était le symbole d’une légion romaine).

    Mais, nous, on vénère un tyran, on créé des fondations à son effigie, on veut conserver son patrimoine, on lui attribue des adjectifs glorificateurs, mais on a interdit les allemands en 1945 de vénérer leur tyran (je ne remet absolument pas en cause ce fait, aucun tyran ne doit être vénéré).

    Enfin, sachez que si vous êtes pour Napoléon, c’est que vous êtes pour un unique empire mondial autoritaire et tyrannique, c’est que vous soutenez un régime de type Ancien, un régime inégalitaire ; c’est que, vous qui manifestez pour la Liberté d’opinion et la gloire de la République avec les attentats de Charlie Hebdo, êtes en fait secrètement allié à l’Ancien Régime ; vous n’avez donc aucune raison de fêter le 14 juillet, ou même de vivre en France, car La France est le Pays des Droits de l’Homme.

    Vive la République ; Unité, Indivisibilité de la République, Liberté, Egalité, Fraternité, OU LA MORT.

    Pour finir, sachez que si Napoléon avait triomphé, vous ne seriez que des paysans en train de récolter du blé et au service de Nobles.

  • Le 23 février 2015 à 17:48, par Hervé Moritz En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    Ne comptez pas sur moi pour défendre Napoléon, en tant qu’historien je suis mal placé pour juger un personnage historique. Simplement, vous ne pouvez pas comparer le régime napoléonien aux régimes totalitaires du XXe siècle, ni à l’Ancien Régime, parce que ça ne correspond à aucun de ces deux modèles. Il est également peu pertinent de charger Sieyès à propos du coup d’Etat napoléonien ou de parler de tyrannie pour le régime napoléonien. Il est vrai que la propagation des idées révolutionnaires par les conquêtes de la Révolution, puis de Napoléon est vite apparue comme un échec et une immense déception, en plus d’être une tentative d’impérialisme français sur l’Europe.

    La vision que vous avez de la Révolution est aussi curieuse, ballotté par une historiographie certes complexe mais qui a évolué depuis un moment. Tout ne fut pas merveilleux entre l’été 1789 et la coup d’Etat de 1799. La Révolution est une période d’ambivalence entre émancipation politique et apprentissage de la démocratie, entre action révolutionnaire et réaction autoritaire pour sauvegarder plus ou moins les acquis de la Révolution française ou mettre un terme à la dynamique révolutionnaire.

  • Le 6 juillet 2015 à 17:39, par Le Robespierriste En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    En comparant le régime dit napoléonien aux totalitaires du XXème siècle, j’entends faire ressortir l’aspect colonisateur. Le tyran corse et le tyran nazi sont, sur un point, les mêmes : ivres de conquêtes. Je ne parle pas des exterminations à côté. Mais j’insiste cependant que Bonaparte n’hésitait pas à éliminer ceux qui n’aimaient pas l’empire. Je considère Sièyes comme l’homme qui a voulu mettre un terme à l’idée non démocratique du Directoire. Je ne l’accuserait en aucun cas, et je pense que s’il aurait su où cela l’aurait mené, il ne retenterait pas l’expérience. En parlant de tyrannie, je trouve que cet adjectif défini très bien ce régime. Bonaparte n’est-il pas seul au pouvoir ?

    Je suis bien conscient que la Révolution n’est pas à tous ses chapitres glorieuse. Pour moi, la véritable Révolution s’arrête non pas à la prise de pouvoir de Bonaparte, mais à la mort de Robespierre. Je considère tout ce qui suit juillet 1794 comme non conforme aux idées de la Révolution, et n’approuve par conséquent pas le Directoire. Néanmoins, il est largement plus démocratique que le Consulat ou bien l’Empire. Une mise en place de la vraie démocratie aurait été bien plus simple si le point de départ auvait été le Directoire plutôt que l’Empire.

  • Le 8 juillet 2015 à 17:47, par Alexandre Marin En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    « Je considère tout ce qui suit juillet 1794 comme non conforme aux idées de la Révolution, et n’approuve par conséquent pas le Directoire. »

    Parce que la terreur à partir de septembre 1793, c’était conforme aux idées de la révolution ? Si c’est cela, alors elles ne font guère envie.

    Cela dit, il est assez inutile de juger l’Histoire à partir de nos idéaux actuels pour savoir quel régime était le plus démocratique entre le directoire et le consulat. La conception de la démocratie de cette époque n’avait rien à voir avec la conception actuelle.

  • Le 13 juillet 2015 à 15:22, par Le Robespierriste En réponse à : Napoléon et l’Europe : l’utopie inachevée

    « Parce que la terreur à partir de septembre 1793, c’était conforme aux idées de la révolution ? » Il y a eu certes des débordements pendant la Terreur, dus aux thermidoriens qui s’enrichissaient illégalement avec les possessions des condamnés ; mais la Terreur, l’idée de la Terreur elle-même est vertueuse. On n’est pas en période de paix comme aujourd’hui, on est en révolution. On n’est pas encore en démocratie, on fait tout pour y être. Par conséquent les principes démocratiques normaux sont suspendus en période révolutionnaire, et ce parce que l’on n’a pas le choix. La France étant attaquée partout, on ne peut pas s’occuper de tout. Un tyran est aujourd’hui, en période de paix, envoyé en prison tandis qu’il aurait été guillotiné en période de révolution. Reste l’opposition « Danton-Robespierre ». On sous-entend que Danton est le gentil en prétendant qu’il voulait à un moment arrêter la Terreur, pensant qu’elle avait trop durée. Robespierre avait raison, il fallait la maintenir, car le régime n’était pas encore entièrement stable. La preuve : le coup d’Etat de fructidor contre le Directoire, la conjuration des Egaux. Robespierre incarne cet idéal de vertu, et n’est en aucun cas responsable des débordements de la Terreur - ces responsables étant ses tueurs. Danton lui n’est qu’un homme qui erre sans conviction, pensant la Révolution déjà accomplie (on n’oublie pas ici l’homme de la Patrie en danger).

    La conception de la démocratie de cette époque n’avait pas tout à fait rien à voir avec la conception actuelle. En fait, on s’en éloigne aujourd’hui avec le capitalisme : les plus pauvres meurent de faim. La comparaison effectuée sert à démontrer l’absurdité de vénérer le Tyran Corse.

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