« Nothing is rotten in the state of Denmark... » ?

Un article de la série « la liberté de la presse en Europe en 2020 »

, par Basile Desvignes

« Nothing is rotten in the state of Denmark... » ?
Le célèbre Nyhavn de Copenhague. Licence CC BY-SA 3.0

Comme chaque année, Reporters Sans Frontières a publié il y a quelques semaines son classement mondial de la liberté de la presse. En 2020, le Danemark est troisième et regagne sa place de 2015.

La situation de la presse au Danemark semble presque parfaite. Aujourd’hui, le pays compte une trentaine de quotidiens nationaux et régionaux et la télévision y est essentiellement publique. Depuis 1991, le Danemark possède un Conseil de la presse, institution publique chargée de veiller au respect de normes éthiques et qui permet notamment de lutter contre les fake news. Véritable organe de régulation, le conseil met publiquement les journalistes et les médias devant leurs responsabilités en les obligeant à informer leur lectorat de leurs éventuelles fautes. Néanmoins, l’institution ne possède pas de pouvoir contraignant, comme celui d’infliger une amende aux fautifs.

Depuis 1849, la liberté d’expression est garantie par la Constitution danoise, dont l’article 77 précise que : « Chacun a le droit de publier ses idées par voie de presse, par écrit ou par la parole, mais sous sa responsabilité devant les tribunaux. La censure et autres mesures préventives ne pourront jamais être rétablies ». En conséquence, plusieurs journaux publient au Danemark des dessins et articles qui pourraient être interdits ou fortement critiqués dans d’autres pays. En 2005, le journal danois Jyllands Posten publiait les caricatures du prophète Mahomet qui seront plus tard reprises en France par Charlie Hebdo et mèneront à une immense polémique dans le monde entier, ainsi qu’à de vives manifestations dans le monde musulman.

Le Danemark n’est pourtant pas exempt des enjeux auxquels est confrontée la liberté d’expression dans le reste du monde. En 2015, le pays était victime d’une double attaque terroriste visant un caricaturiste suédois et une synagogue. Le journaliste Flemming Rose qui avait publié les 12 caricatures de Mahomet en 2005 vit aujourd’hui sous protection policière. Plus récemment, l’année 2017 a été marquée par l’enlèvement et l’assassinat de la journaliste suédoise Kim Wall. L’événement a créé une véritable onde de choc au Danemark et en Suède et a fait dégringoler le Danemark dans le classement Reporters Sans Frontières.

Sans être directement menacée, la liberté de la presse au Danemark doit faire face à de nouveaux enjeux. En 2019, le projet SELMA pointait du doigt le développement de discours de haine contre lesquels le Conseil de la presse est aujourd’hui inefficace et appelait à agir. Le pays est également la cible potentielle de cyberattaques en provenance de Russie, déjà accusée en 2017 d’avoir infiltré la messagerie de fonctionnaires du ministère de la défense. Plus généralement et comme plusieurs pays de l’Union européenne, le Danemark est le terrain de diffusion de fake news via des médias subventionnés par le gouvernement russe. Depuis le début des années 2010, plusieurs sites de vérification des faits s’organisent afin de lutter contre cette tendance.

Le titre fait référence à la fameuse citation de William Shakespeare « Something is rotten in the state of Denmark » dans sa pièce Hamlet.

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