Une instabilité politique depuis 1947
Matteo Renzi souhaitait notamment en finir avec l’instabilité politique qui régnait en Italie. En effet le bicamérisme parfait instauré depuis 1947 rendait l’Italie difficilement gouvernable. Ce choix avait été fait après la seconde Guerre Mondiale afin d’éviter que les pouvoirs ne soient concentrés que dans les mains d’une personne. Les deux chambres parlementaires ayant les mêmes pouvoirs, elles pouvaient faire tomber le gouvernement qui était soumis au vote de confiance des deux assemblées.
Alors que les sénateurs avaient approuvé son projet de réforme constitutionnelle afin notamment d’éviter que se prolonge la valse politique que connaît le pays depuis 1947 (63 gouvernements en 68 ans), le seul obstacle restait l’approbation du projet par la population.
Malheureusement, avec près de 60% des intentions pour le NON, Matteo Renzi n’a pas réussi a fédérer les citoyens italiens autour d’un projet de réforme constitutionnelle d’ampleur.
Un vote contre Renzi plus que contre sa politique
Le scrutin portait sur une réforme constitutionnelle d’envergure. Cette réforme prévoyait notamment la réduction des pouvoirs du Sénat en mettant fin au bicamérisme parfait, la suppression de la « Provincia », équivalent territorial du département, et la limitation des prérogatives des régions.
De nombreux partis politiques ont décrié cette réforme en reprenant les arguments de l’après-guerre, à savoir que cette réforme aurait pour conséquence une trop grande concentration des pouvoirs dans les mains de l’exécutif. De plus, le soutien accordé par d’autres dirigeants, notamment Angela Merkel ou Jean Claude Junker, n’a pas joué en la faveur de Matteo Renzi. Dans une Europe de plus en plus soumise à la défiance des citoyens, le soutien de ces personnalité a pu être perçu comme un manque d’indépendance dans le choix donné aux citoyens.
Mais le NON tant soutenu par les opposants de Matteo Renzi était-il dirigé contre sa politique ou contre sa personne ? En effet, en annonçant que si le NON l’emportait il démissionnerait, cette campagne s’est transformée en plébiscite.
Présenté comme l’un des plus grand réformateur de l’Italie, le futur ex-chef du Conseil n’aura pas réussi à faire adhérer les italiens à son projet de réforme constitutionnelle. Reste à espérer que l’Italie ne replonge pas dans une instabilité politique comme c’est le cas depuis presque 70 ans.
Et maintenant ?
Après le choc du Brexit, la démission de Matteo Renzi n’est pas une très bonne nouvelle pour l’Union européenne. Les prochains mois seront probablement importants pour l’avenir de l’Union européenne. En Italie, la démission de Renzi appelle à choisir un nouveau président du Conseil. Compte tenu de la situation sociale actuelle et de l’opinion favorable aux partis populistes, l’accession d’un parti anti-euro en Italie n’est pas impossible. Une réforme de la loi électorale doit d’ailleurs être votée. A ce titre, le Mouvement 5 étoiles réclame un vote anticipé alors que la loi électorale actuelle lui est plus favorable.
Pour l’heure, un gouvernement technique devrait s’organiser afin de permettre de faire la transition. Il sera en outre chargé d’adopter définitivement le budget. Il semblerait que le ministre des Finances Pier Carlo Padoan serait en position de devenir le nouveau président Conseil. En effet, son accession permettrait de rassurer les marchés financiers qui affichaient déjà ce matin un fléchissement de l’Euro face au Dollar.
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