Ocean Pact : aucun compromis sur le vivant

, par Louisa Rosen

Ocean Pact : aucun compromis sur le vivant
Kostas Kadis, commissaire chargé de la pêche et des océans lors de la séance plénière du mardi 17 juin © European Union 2025 - Source : EP

Présenté le 5 juin 2025 par la Commission européenne juste avant la troisième conférence des Nations Unies sur les océans (UNOC 3) , qui a eu lieu à Nice entre le 9 et le 14 juin, le Pacte européen pour les océans fait face à une réaction mitigée. Afin de passer de la promesse à l’action réelle, le projet a été présenté devant le Parlement européen lors d’une séance plénière, ce mardi 17 juin, par le Commissaire chypriote Kostas Kadis, chargé de la pêche et des océans.

Quand la mer influence : la diplomatie maritime

Lors du débat au parlement, Thomas Bajada, eurodéputé maltais et membre du Groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates (S&D), rappelle que : “Pour nous maltais, la mer est notre maison, notre vie. Elle nous donne l’air que nous respirons, ce que nous mangeons et elle dessine notre identité.” Ainsi, quel intérêt diplomatique se cache derrière la Méditerranée et quelle stratégie est utilisée par un État insulaire comme Malte ?

La diplomatie maritime désigne l’ensemble des actions et stratégies menées par un gouvernement, une organisation internationale ou un acteur régional dans le but de promouvoir ses intérêts, coopérer ou prévenir les conflits dans les espaces maritimes. Elle combine diverses dimensions : économique, sociale, culturelle, politique ou environnementale.

Selon Thomas Bajada, la mer a un réel impact sur le peuple maltais, et ce dernier connaît son importance : État insulaire au carrefour de trois continents, il est un pays moteur du Partenariat bleu pour la Méditerranée (BlueMed Initiative). Ce projet, lancé en mai 2014 sous l’impulsion de l’UE, a pour objectif de promouvoir une vision commune d’un bassin méditerrannéen sain, résilient et porteur de croissance durable. Le développement durable se projette sur trois piliers : l’économie, l’environnement et le social, voulant favoriser une amélioration dans chacun de ces domaines. Malte a une Zone Économique Exclusive (ZEE) couvrant plus de 70 000 km2, soit 220 fois plus que la taille de son territoire terrestre. Que ce soit par la pêche locale ou grâce au tourisme maritime, l’île a besoin de sa mer, en bonne santé. C’est pourquoi, le pays s’engage depuis longtemps dans l’innovation et la recherche sur les espaces maritimes, afin de préserver la biodiversité côtière. Malte négocie sur la gouvernance des ressources partagées, lutte contre la pollution transfrontalière et cherche à assurer la sécurité maritime.

Un pacte européen sur tous les rivages

L’Union Européenne a bien compris les enjeux autour des espaces maritimes, notamment pour Malte où la pollution plastique flottante, microplastique, surpêche et trafic maritime ne permettent plus à certaines espèces de vivre, ni à la population locale de profiter de la richesse méditerranéenne. C’est pourquoi le pacte européen pour les océans se concentre sur une protection maritime à plus grande échelle, en intégrant des principes de durabilité dans une politique liée aux mers et océans. Le pacte inclut : la création de nouvelles aires marines protégées (AMP), l’interdiction progressive de la pêche de fond au sein de zones protégées, la mise en place d’un plan européen de collecte et de recyclage des déchets flottants, ainsi que la formation et l’innovation dans l’économie bleue (liée aux océans).

Le pacte pour les Océans : où pêche-t-il encore ?

Les débats au Parlement ont secoué tous les partis. Bien que la Commission ait proposé une bonne synthèse des volontés de chaque parti, le Parti Populaire européen (PPE) dénonce un pacte encore trop global, sans prendre en compte les enjeux du terrain rencontrés par les pêcheurs. Pour les sociaux-démocrates (S&D), l’accord est encore trop lointain : l’horizon 2027 ne permettrait que de poser des objectifs, sans mesures concrètes d’ici là, la date doit être avancée. Les Verts, quant à eux, se joignent aux S&D et appellent à un accord plus inclusif, avec une réelle réflexion terre/mer, contrairement à ce qui a été fait précédemment. A l’opposé, les Patriotes pour l’Europe dénoncent un ensemble de pénalités, alors même que des efforts viennent d‘être effectués par les pêcheurs.

L’ensemble des voix se rejoignent cependant en un point : la Commission va devoir investir dans ce projet car sans fond européen, les adaptations risquent d‘être minimes et peu respectées. Aussi, les pêcheurs européens ont besoin d’une protection face à la concurrence internationale plus rude, avec moins de normes de pêches à respecter. Par ailleurs, les restrictions doivent s’adapter à chaque contrainte du terrain, une action au cas par cas.

L’ambition du Pacte pour les Océans est saluée, mais une gouvernance cohérente, durable et inclusive doit se mettre en place. Il ne doit pas rester une “bouteille à la mer”, mais doit être assorti d’outils concrets, avec une échéance claire, rapide et efficace. Un consensus rare est trouvé sur la vision fondatrice du Pacte, mais un passage à l’action concrète est nécessaire. Le député européen grec Sakis Arnaoutoglou, membre du parti S&D souligne cette nécessité “La mer n’a peut-être pas de voix mais pour ceux qui la connaissent, nous l’entendons crier.”

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