L’Europe a longtemps été évitée ; elle est désormais invitée. Le président français ambitionne de réactiver l’identité commune et le sentiment d’appartenance à l’Union européenne. Mais si le discours du président a une indéniable saveur européenne, le propos se retrouve emprunt de fragrances franco-françaises. En effet, le projet européen doit faire partie intégrante de la socialisation des citoyens de l’UE dès le plus jeune âge. On ne naît pas citoyen européen, on le devient.
Résolument pro-européen, le discours du président Macron à la Sorbonne ambitionne de repositionner la France et les Français au cœur du processus de construction européenne. Le Chef de l’État entend réactiver, sur le territoire national et à l’extérieur, un intérêt pour cette identité commune. Le désamour vis-à-vis de la dimension européenne a grossi un peu partout, et a touché son paroxysme avec le Brexit et l’installation partout dans l’Union de partis europhobes et eurosceptiques, de droite ou de gauche.
L’Europe a longtemps été évitée ; elle est désormais invitée
Emmanuel Macron parle d’Europe et peu d’Union européenne en évoquant des dossiers connus du grand public (Erasmus+, énergie, universités, climat, numérique) ; il relaie l’idée des conventions, qualifiées de « grands débats ». Mais rien ne dit que les autres Etats membres s’inscrivent dans une telle démarche. La proposition deviendrait alors exclusivement hexagonale. Ainsi, si le discours du président a une indéniable saveur européenne, le propos se retrouve emprunt de fragrances franco-françaises. En outre, si l’idée est séduisante, elle doit venir en complémentarité avec le questionnement de la Commission européenne qui interroge, au travers de son Livre blanc sur l’avenir de l’Union européenne et de cinq scénarios possibles, l’ensemble des citoyens européens.
Il avance ensuite l’idée d’une « refondation de l’Europe ». Mais est-ce bien ce dont l’Union a besoin ? Robert Schuman a en son temps posé l’architecture de la construction européenne : utilisons justement ces fondations pour repenser le fonctionnement de l’UE. C’est l’Union européenne, et non pas l’Europe qui a besoin d’évoluer et de se mettre à jour vis-à-vis des contingences d’une société mondialisée par une « Union sans cesse plus étroite ».
Approfondir l’Union nécessite d’en faire une puissance
Sauf à vouloir une simple zone de libre-échange, la réponse ne peut donc être une Europe à plusieurs vitesses, à la carte ou à étages, ou encore à l’échelle de la zone euro avec des risques de fragmentation et de fragilisation. Construire cette Europe puissante et consolider l’édification du projet européen passent par une réforme de la gouvernance actuelle : une remise en question de la méthode inter- gouvernementale. Une approche de nature fédérale est nécessaire pour faire évoluer l’Union européenne qui a besoin d’une tête et d’un cœur. Plus qu’un nouveau traité, ce qui manque fortement pour passer à la vitesse supérieure est un texte partagé, une loi fondamentale commune à l’ensemble des citoyens de l’Union afin qu’ils s’y reconnaissent : une Europe souveraine, unie et démocratique.
Pour une éducation à la citoyenneté européenne
Enfin, pour que le projet européen fonctionne, il convient que les citoyens se sentent fiers d’être européens. Qu’ils aient pour l’Europe, non pas de la crainte, mais du cœur et du goût. L’Union européenne ne peut être froide et uniquement technique. La dimension anthropologique constitue sa raison d’être. Cela passe par une véritable éducation à la citoyenneté européenne et concerne tout le monde et, commençant dès le plus jeune âge, se construit tout au long de la vie. Le projet européen doit faire partie intégrante de la socialisation des citoyens de l’Union. La mission en revient aux gouvernements, à l’école et aux structures de la société civile comme les associations spécialisées ou les Maisons de l’Europe. Faire adhérer les Européens à l’Union européenne, c’est tout l’enjeu du projet d’avenir pour notre histoire commune. C’est par là que le président atteindra son objectif, et la France celui de pays porteur en Europe. Car une chose est certaine : en conscience on ne nait pas citoyen européen, on le devient.
1. Le 11 novembre 2017 à 14:06, par Yvon Morvan En réponse à : On ne naît pas citoyen européen, on le devient
Fier d’être Européen,l’ Europe a été le motif principal de mon engagement.
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