OPINION.Qui est vraiment radical ?

, par Moritz Hergl, traduit de l’anglais par Cyprien Bettini

OPINION.Qui est vraiment radical ?
©Pixabay

OPINION.L’article ici présenté s’inscrit dans la plateforme ouverte, une initiative de The New Federalist (version anglophone du Taurillon) afin que les candidat(e)s aux élections des Jeunes Fédéralistes Européens (JEF) Europe puissent exprimer leurs idées pour le réseau en vue du Congrès de Strasbourg, qui se déroulera du 14 au 16 novembre 2025. Dans cet article, c’est le candidat Moritz Hergl, de la JEF Allemagne qui s’exprime.

Que veut dire être radical ? Cette question cache une complexité surprenante ; la radicalité est rarement définie par un acteur, mais plutôt par le destinataire d’un certain message. Si, par exemple, Extinction Rébellion bloque les autoroutes et se glue mains nues sur le bitume, est-ce ainsi que l’on doit comprendre la radicalité ? Doit-on ainsi tous s’arracher la peau des mains pour compter parmi les radicaux ?

Que les Fédéralistes soient perçus comme des radicaux dépend surtout de ceux et celles qui nous regardent. Je suppose que tout individu dispose d’une échelle de tolérance différente sur ce qui est radical, que ce soit en termes d’actions militantes et de positionnement politique. Beaucoup de désastres politiques, économiques et sociétaux ont été le fruit de politiques “radicales”, et le monde a désormais peur des groupes “radicaux”. Je pense notamment à la droite “radicale”, à la gauche “radicale”, aux Islamistes “radicaux", aux activistes environnementaux “radicaux”... Et je ne peux m’empêcher de me demander si ces groupes se perçoivent eux-mêmes comme radicaux. Mais est-ce que la radicalité ne serait pas le fruit de notre imagination ? Tout ce qui est “radical” est-il nécessairement mauvais en soi ? Ces pensées hantent mon esprit depuis le Congrès Fédéral de la JEF à Sofia qui s’est déroulé au printemps 2025. Nous y avons longuement débattu si notre mouvement était radical, et s’il devait se déclarer comme tel. J’étais plus que pour !

Certes, en tant que fédéralistes européens, nous mettons “l’Europe d’abord” comme en témoigne le fait qu’elle figure en première place de notre appellation le. Mais les frontières de l’Europe sont floues, et pourquoi faire la distinction par ailleurs ? Ce qu’il y a de plus important dans notre nom c’est le FÉDÉRALISME. Le fameux gros mot [“F-word” dans la version originale]. Mais qu’est-ce que le fédéralisme ? Si l’on interrogeait des passants allemands, grecs ou lettons, on obtiendrait probablement des réponses bien différentes. Lorsque des personnes me demandent une définition du fédéralisme, je peine toujours à formuler une réponse précise - et j’ai à chaque fois l’impression de donner une définition différente. Peut-être que la définition du fédéralisme est fluide. Peut-être que cette fluidité est la réponse nécessaire au tourbillon des crises que nous traversons. Mais qu’est-ce que le fédéralisme dans ce cas ? J’ai compris que le fédéralisme est en réalité un système reposant sur trois piliers : œuvrer pour une intégration plus profonde des institutions européennes, construire des sociétés plus justes et inclusives et sensibiliser le grand public sur les droits humains et les valeurs européennes. Peut-on vraiment dire que tout ceci est radical ? Existe-t-il une réalité que l’on puisse qualifier de fédéralisme radical ?

Selon Internet, la réponse évidente est : Oui ! Plusieurs générations de fédéralistes ont en effet déjà fait ce travail avant nous : “Le fédéralisme radical, en théorie politique, se définit par une forme de fédéralisme qui met l’accent sur une forte décentralisation des pouvoirs, jusqu’à potentiellement affaiblir significativement l’État central. Il peut se traduire par l’octroi d’une large autonomie des échelons infra-nationaux (comme les Etats fédérés ou les Régions) et limiter l’autorité de l’Etat central jusque dans ses fonctions centrales. Cette approche peut être vue comme une manière de faire cohabiter des idéologies politiques et des identités culturelles variées au sein d’un même État-nation.” Merci, Google AI !

Donc l’IA veut nous diriger vers une réforme institutionnelle ; le fédéralisme radical signifierait qu’il faudrait se mobiliser radicalement pour une réforme des traités de l’UE et appeler à l’intégration de nouveaux Etats-membres à unifier dans une structure de gouvernance ultra-décentralisée. Cependant, elle oublie de se concentrer sur les deux autres piliers : le fédéralisme passe aussi par la rencontre avec d’autres personnes, le partage d’expériences avec des inconnu(e)s aux réalités bien différentes des nôtres, et la mise en action de nos valeurs, à savoir encourager la solidarité et l’espoir ! Nous ne devons en effet pas sous-estimer la force de l’espoir. L’espoir que la guerre à Gaza se termine. L’espoir que l’Ukraine devienne forte et libre. L’espoir d’étendre nos libertés en Europe et de vivre dans un système mondial basé sur des relations mutuellement bénéfiques. S’il n’y a pas d’espoir, il n’y a pas d’action. L’espoir est radical. L’espoir nous fait agir. Et l’action est puissante - du moins parfois.

Je ne peux pas trancher si le fédéralisme est radical en soi ou non. Pour moi, l’espoir est radical. Je comprends pourquoi se tenir à une frontière avec une frite de plage déguisée en barrière n’est pas perçu comme “radical” [l’auteur et son traducteur ont participé à une manifestation devant la chancellerie allemande contre les contrôles aux frontières intra-Schengen] . Certains veulent que nous bloquions des frontières et provoquer plus de perturbations. Mais notre message est clair : les contrôles permanents aux frontières sur les principaux axes de circulation de l’espace Schengen, et particulièrement en Allemagne, sont un non-sens et une politique purement nationaliste. Doit-on dès lors se coller les mains sur une frontière pour se faire entendre ? Peut-être bien !

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