C’est un nouveau coup dur pour les Polonaises : le 24 mai dernier, le Parlement a voté une loi limitant l’accès au contraceptif d’urgence afin de rendre celui-ci accessible uniquement sur prescription médicale. Une mesure initiée par l’actuel gouvernement conservateur, dirigé par Beata Szydlo, qui met à mal la loi du précédent gouvernement libéral autorisant justement l’accès à la pilule du lendemain sans ordonnance dès l’âge de 15 ans. En outre, la loi ne devrait faire l’objet d’aucune opposition de la part du Sénat polonais ou du président Andrzej Duda.
Des droits de plus en plus limités
Depuis l’arrivée au pouvoir du parti Droit et Justice (PiS) en 2015, la Pologne n’a cessé de subir des mesures controversées et particulièrement conservatrices. Après avoir porté atteinte à l’Etat de droit en modifiant le fonctionnement du Tribunal constitutionnel polonais, c’est aujourd’hui aux droits des femmes que le gouvernement de Beata Szydlo s’en prend.
En effet, le 23 septembre dernier déjà, les parlementaires polonais débattaient sur l’initiative populaire lancée par le comité « Stop Avortement », constitué de plusieurs associations pro-vie. Appuyée par plus de 500 000 signatures citoyennes, la proposition du comité consistait en l’interdiction totale de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) en Pologne – pays où la législation en vigueur sur l’avortement est pourtant déjà l’une des plus restrictives en Europe. Le gouvernement avait finalement abandonné son projet de loi suite à des manifestations massives sur tout le territoire. Force est toutefois de constater que la lutte n’est pas terminée. Un projet de loi qui suscite l’inquiétude
De nombreuses organisations féministes polonaises s’inquiètent aujourd’hui de la situation des droits des femmes dans le pays. Avec ce texte, les médecins pourraient s’abstenir de prescrire la pilule du lendemain en invoquant la clause de conscience. Selon Katarzyna Labedz, militante de la Fédération pour la cause des femmes et du planning familial en Pologne, cette pilule risque désormais de « perdre son sens » dans la mesure où il s’agit d’un contraceptif destiné à être utilisé rapidement après le rapport sexuel. « Nous craignons qu’il ne s’agisse là d’une mesure restrictive de plus et qu’il n’y en ait d’autres prochainement », a-t-elle ajouté. Tout comme à l’automne dernier, la Pologne risque de connaître une nouvelle vague de protestations de la part d’activistes féministes.
Interrogé sur l’intérêt de cette nouvelle mesure, le ministre de la santé Konstanty Radziwill a expliqué la raison retenue par le gouvernement : « Les effets secondaires de la pilule sont néfastes, il s’agit d’un produit au dosage hormonal élevé, et son utilisation sans consultation médicale préalable n’est pas une bonne solution ». Une justification qui n’empêchera probablement pas les Polonaises de redescendre dans la rue pour réclamer leurs droits.
Cet article a été repris du blog Voix d’Europe
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