13-20 mars 2006

Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

Le « Taurillon » lance sa semaine de mobilisation biélorusse...

, par La Rédaction du Taurillon

Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d'Europe

Au Bélarus - ancienne république soviétique - en effet rien n’a franchement vraiment changé depuis la chute du communisme, en 1991 : il y a bientôt quinze ans.

Un pays opprimé et malheureux de dix millions d’habitants où le nouveau ’’petit père du peuple’’, Alexandre Loukachenko, règne depuis plus de dix ans en bureaucrate policier : un dictateur véritable, faussement paternaliste et pas vraiment si débonnaire que ça auquel un récent plébiscite, en 2004, a donné les pleins pouvoirs et la possibilité même d’être réélu sans limitation de durée ni de mandat.

Car le Bélarus est vraiment bien loin d’être le modèle démocratique hypocritement prétendu aujourd’hui par le pouvoir en place. En effet, les Libertés fondamentales y sont niées, les Droits de l’Homme piétinés, la Démocratie n’y est qu’un exercice purement formel et la Justice y est placée sous l’étroit contrôle du pouvoir en toute absence d’Etat de Droit véritable.

De même, l’opposition et les syndicats indépendants y sont muselés, les opposants emprisonnés (quand ils ne sont pas assassinés ou poussés dans des hopitaux psychiatriques...), la presse indépendante bâillonnée, les journalistes arrêtés (quand ils ne sont pas jetés en prison ou condamnés à des peines de travaux forcés...), les diplomates occidentaux ’’trop regardants’’ expulsés et les minorités persécutées... (minorités dont le Pouvoir dissout les associations, ferme les écoles et traîne les responsables devant les tribunaux sous tous les prétextes...).

La Biélorussie, dernière dictature d’Europe.

Une situation bien peu enviable qui nous ramène à une ambiance de tracasseries voire de harcèlement sinon de persécutions policières permanentes, d’oppression politique et de stagnation économiques similaires à celles qui régnaient dans l’URSS des années 1970, au plus fort du règne d’un certain Léonid Brejnev.

Ainsi, au moins que l’on s’interroge sur ce que sont devenus les anciens leaders de l’opposition Youri Zakharenko (ancien ministre de l’intérieur, disparu le 7 mai 1999), Guennadi Karpenko et Viktor Gontchar (ancien vice-président du Parlement, disparu le 16 septembre 1999) dont le premier, parti avec un ami (Anatoly Krasovski, entrepreneur, lui aussi disparu...), n’est en fait ’’jamais revenu’’, et dont le second a ’’perdu la vie’’ dans des circonstances jusqu’à ce jour restées non élucidées.

De même, au moins que l’on s’inquiête des circonstances troubles de l’assassinat récent des journalistes Vassili Grodnikov et Dmitri Zawadski (cameraman pour la chaine TV russe ORT) dont le seul ’’tort’’ était d’avoir osé se montrer critiques vis à vis du pouvoir.

Et, enfin, au moins que l’on se penche sérieusement sur ce qu’il est vraiment advenu de MMe Jozefa Waraksa et Alina Jaroszewicz, deux membres de l’association « Union des Polonais de Biélorussie » (ZPB) qui ont été, pour l’une mystérieusement assassinée en juin 2005, pour l’autre disparue pendant trois semaines avant d’être finalement retrouvée dépressive dans un asile psychiatrique, après avoir subi -il est vrai- des semaines de harcèlement policier.

Mars 2006 : les élections peuvent elles ébranler le régime ?

Mais la toute prochaine élection présidentielle biélorusse du 19 mars à venir (initialement prévue pour le mois de juillet 2006 mais avancée au mois de mars par décision du pouvoir...) pourrait être enfin annonciatrice de changements.

Dans ce scrutin que d’aucuns annoncent déjà comme entaché de fraude massive, l’opposition démocrate biélorusse (qui n’a pas un accès libre aux médias locaux...) y est principalement représentée par le social-démocrate (et pro-russe) Alexandre Kozouline (récemment passé à tabac par les forces de l’ordre, à Minsk, le 2 mars dernier...) et par le candidat démocrate (et de centre-droit) Alexandre Milinkevitch (physicien de 58 ans, maire adjoint de la ville de Grodno de 1990 à 1996 et membre d’honneur de l’ « Union des Polonais de Biélorussie »).

Certes, l’actuelle loi électorale biélorusse et les conditions du scrutin (comme l’accès libre aux média pour l’opposition...) sont telles que l’on ne donne aujourd’hui guère de chance aux ’’challengers’’ démocrates face à l’inamovible ’’Président’’. Mais ces élections pourraient peut-être voir le régime enfin se lézarder, sa corruption éclater au grand jour et la population biélorusse alors se soulever contre ce régime mensonger, autoritaire et oppresseur... (comme ce fut déjà le cas à Kiev, lors de la fameuse ’’révolution orange’’ d’octobre-novembre-décembre 2004...).

Ainsi, en juillet dernier, l’ancien président tchèque (et ancien dissident démocrate face à la dictature communiste) Vaclav Havel confiait la chose suivante au quotidien viennois « Die Presse » :’’Bien que la situation en Biélorussie soit encore difficile, je suis sûr que le système sera renversé tôt ou tard’’. C’est en tout cas tout le mal que l’on souhaite à nos amis blanc-russiens qui ont le triste privilège de subir, au quotidien, la dernière dictature d’Europe.

Mobilisation...

Bordeaux, le 16 mars 2006
Laissez parler les Biélorusses !

Et c’est précisément pour cela que nous avons décidé d’ouvrir très largement nos colonnes au traitement de cette actualité brûlante aux confins de notre Union européenne. Car il ne saurait y avoir d’Europe unie véritable sans la protection de l’idéal démocratique que ses Institutions prétendent représenter. Car il s’agit là en Biélorussie d’une situation bien trop invraisemblable et bien trop inacceptable pour ne pas être dénoncée.

Parce que le silence des gouvernants (et l’indifférence des mass média...) à l’égard de ce que vivent aujourd’hui les Biélorusses sont, en soi-mêmes, un authentique scandale. Parce que nous voulons que nos amis biélorusses sachent qu’ils ne sont pas seuls. Et parce que nous espérons bien voir, bientôt (le plus tôt possible...), l’avènement d’une Biélorussie démocratique et d’une société biélorusse libre et pluraliste, pacifiée et appaisée.

En attendant, vous qui vous intéressez au sort de la Biélorussie, soyez donc les bienvenus - à trois heures d’avion à peine de Paris - dans la dernière dictature communiste post-soviétique d’Europe...

Ronan Blaise (pour la rédaction)

Vos commentaires
  • Le 12 mars 2006 à 22:01, par Ronan Blaise En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Et juste signaler que M. Mikhail Marynich, président du Mouvement européen de Biélorussie, a été condamné, le 31 décembre 2004, à cinq années d’emprisonnement et à la confiscation de ses biens pour ses idées politiques.

    Pour complèments d’informations :

    http://www.jeunes-europeens.org/article.php3?id_article=397

  • Le 15 mars 2006 à 13:33, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Mobilisons nous ! il est urgent que l’Europe se débarasse des derniers relents de la dictature communiste !

  • Le 15 mars 2006 à 17:28, par Ronan Blaise En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Biélorussie, échos de campagne : les candidats au scrutin présidentiel du 19 mars (Sources : Lettre de la fondation Robert Schuman n°243 du 6 février 2006).

    Selon l’agence Balapan, quatre candidats rempliraient les conditions de candidature à l’élection présidentielle biélorusse le 19 mars prochain, dont celle d’avoir collecté au moins cent mille signatures.

    Le président Loukachenko en aurait obtenu 1,9 million alors que le candidat de l’opposition, Alexandre Milinkievitch en aurait recueilli 198 000. Les deux autres candidats sont Siarkhiej Khajdoukievitch (parti démocrate-libéral) et Alexandre Kazouline (parti social-démocrate). La Commission centrale des élections procède maintenant à la vérification des signatures.

    Loukachenko, de son côté, multiplie les apparitions télévisées au cours desquelles il déclare que son pays n’a pas besoin d’un nouveau Président, lui-même lui étant tout entier dévoué. Il continue également d’accuser les États-Unis d’Amérique et les pays de l’Union européenne de tenter de déstabiliser la Biélorussie.

  • Le 15 mars 2006 à 17:51, par Ronan Blaise En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Au même moment, d’après les mêmes sources (Cf.), après avoir dénoncé les violations répétées de la démocratie en Biélorussie, le Conseil européen (actuellement sous présidence autrichienne) a solennellement appelé les autorités de la Biélorussie à tout mettre en oeuvre pour que l’élection présidentielle du 19 mars prochain puisse se dérouler de la manière la plus libre et ouverte possible (dans le respect des engagements déjà pris par ce pays à l’égard des Nations-Unis et de l’OSCE).

    Ainsi (Cf. Lettre de la Fondation Robert Schuman, n°248 du 13 mars 2006), l’Union européenne s’est dit vivement préoccupée par la situation en Biélorussie à la veille de l’élection présidentielle du 19 mars ainsi que par la dégradation constante de la situation des droits de l’Homme dans ce pays.

    Ce pourquoi, elle appelle, dans un récent communiqué datant du 9 mars, les autorités biélorusses à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte que le processus électoral se déroule de manière libre et régulière. Elle dénonce les graves violations des droits des candidats et par les mesures d’intimidation, l’arrestation et les violences dont un candidat en particulier a fait l’objet le 2 mars 2006.

    Des faits (des arrestation de militants, des fouilles des bureaux utilisés pour la campagne, la confiscation de matériel électoral et des interruptions de meetings électoraux...) qui ont été confirmées dans le rapport intérimaire de la mission d’observation des élections de l’OSCE/BIDDH, rapport publié le 1er mars dernier.

  • Le 17 mars 2006 à 21:02, par Ronan Blaise En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Par ailleurs, rappelons les conditions du scrutin bélarusse de ce dimanche 19 mars en quelques chiffres :

    Selon la commission centrale électorale cette année environ 7 millions de citoyens biélorusses sont sur la liste électorale (ce qui représente 34 000 électeurs de plus par rapport aux élections parlementaires et au référendum de 2004). Cette liste n’est pas définitive car elle peut être complétée et corrigée jusqu’à la fin du vote lors de ces prochaines élections (c’est-à- dire jusqu’au 19 mars, 20h00).

    Les électeurs peuvent se présenter dans 6 586 commissions électorales ouvertes dès 10h00 le 14 mars prochain, date du début du vote par anticipation. Le 13 mars, toutes les commissions électorales reçoivent les bulletins de vote (qui sont en russe cette année et seront gardées par les représentant de la milice).

    A l’heure actuelle, 13 300 observateurs nationaux et 704 internationaux sont accrédités par la commission centrale, d’autres sont attendus durant cette semaine. Les groupes les plus importants sont les observateurs du CEI (342 observateurs) et du BIDDH de l’OSCE (131 observateurs de longue durée).

    - Sources : Lettre de la Fondation Schuman du 13 mars 2006 (n° 248).

  • Le 19 mars 2006 à 23:29, par Fabien En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Les médias de masse ont enfin parler du scrutin ce week-end... Ils le tournent plus sous l’angle de « une nouvelle révolution orange, est-ce possible ? »...

    Espérons que dans deux mois si rien ne se passe, ils continueront d’en parler...

  • Le 20 mars 2006 à 06:49, par Ronan Blaise En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Belarus : Alexandre Loukachenko reconduit dans ses fonctions ?

    Le président sortant du Belarus Alexandre Loukachenko est, depuis hier soir - 20h00, donné vainqueur du scrutin présidentiel bélarusse par des sondages sortis des urnes lui donnant environ 82% des suffrages à l’élection de ce dimanche. Un ’’résultat’’ confirmé, dès ce lundi matin, par la Commission électorale du pays (après dépouillement d’environ 70/75% des bulletins de vote).

    Le principal candidat de l’opposition Alexandre Milinkevitch arriverait loin derrière avec seulement 06% des suffrages, selon la commission. La participation aurait été de 90/95%.

    Ce dimanche soir, à l’annonce de ces résultats ’’provisoires’’, le candidat démocrate Alexandre Milinkevitch a alors très vivement contesté ces ’’résultats’’ électoraux, demandant l’organisation d’une nouvelle élection, dénonçant là un scrutin truqué (une ’’farce’’) caractérisé par des fraudes massives et évidentes (et une campagne électorale durant laquelle l’opposition et les électeurs biélorusses ont dû faire face à de nombreuses pressions de toute nature).

    Plusieurs milliers des partisans du candidat de l’opposition se sont alors rassemblés sur la place principale de Minsk pour dénoncer cette ’’parodie d’élection’’, pour dénoncer les fraudes ayant entachées le scrutin, pour demander l’annulation de celui-ci et pour exiger l’organisation d’une nouvelle élection, véritablement libre et pluraliste.

    Une manifestation qui pourrait déclencher de violentes confrontations, le gouvernement bélarusse ayant averti qu’il ne tolérerait pas de rassemblements de rue à l’annonce des résultats de l’élection : Alexandre Loukachenko ayant interdit l’organisation de tout rassemblement massif du même type de ceux qui ont récemment permis à l’opposition démocrate d’accéder au pouvoir en Ukraine, en Géorgie et au Kirghizstan...

    Compilation d’informations tirées des dépêches d’agence AP, AFP et Reuters.

  • Le 20 mars 2006 à 16:53, par dudu En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    J’ai failli crier à l’erreur en disant que la Biélorussie n’est pas la dernière dictature d’Europe puisqu’il reste la Turquie.

    Mais somme toute, vous avez raison car la Turquie n’est pas (et ne sera jamais) en Europe !

  • Le 21 mars 2006 à 17:08, par Ronan Blaise En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Cher Monsieur Dudu...

    Quelques soient les griefs (personnels ou non) que vous puissiez effectivement émettre à l’égard de la République de Turquie (ou de ses actuels dirigeants), je trouve tout de même assez outrancier que l’on compare ainsi la Biélorussie de Loukachenko (où sévit une véritable et authentique dictature...) (voir supra) avec cette République de Turquie où, si tout n’est effectivement certes pas parfait (en seuls termes de respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales...), la situation politique n’est tout de même pas, à bien des égards, aussi dramatique...

    (Ronan Blaise)

  • Le 21 mars 2006 à 19:57, par vxl En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Je serais curieux de vous entendre nous expliquer en quoi la Turquie est une dictature au juste. Qu’elle ait mis du temps à sortir d’un autoritarisme militariste et ethnocentrique est un fait mais la situation actuelle la fait largement appartenir au camps des démocraties en comparaison de la Biéolorussie stalinienne de Loukachenko.

  • Le 2 août 2007 à 17:19, par mikael En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    pour suivre l’actualité sur la biélorussie vous pouvez toujours aller sur mon site http://mikael6363.skyblog.com

  • Le 7 mai 2009 à 10:58, par Moraliste En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    Je regarde un reportage sur la Biélorussie, ce matin (7 mai 2009, sur Arte). Un groupe de jeunes proteste contre le pouvoir en place en donnant des concerts à travers le pays (des chansons assez explicites sur ce qu’ils pensent), à leurs risques et périls. Je me dis qu’ils sont courageux, qu’ils savent ce qu’il faut faire et qu’ils n’hésitent pas à mettre les mains dans le cambouis, comme on dit, mais combien de temps pourront-ils le faire ? Je viens de voir des images où ils ont été arrêtés pour avoir agité le vrai drapeau biélorusse (une bande blanche, une bande rouge, une bande blanche, dans le sens horizontal), dit que « leur pays était vivant »...slogan antiétatique, on leur a dit au procès...parce que oui, il y a eu un « procès », où les jeunes n’ont pas eu le droit de parler, où ils ont été condamnés à 7 jours de prison...sans commentaire...

  • Le 23 janvier 2021 à 22:58, par 123456789abcdefgh En réponse à : Pour la Démocratie en Biélorussie, dernière dictature d’Europe

    En 2020, encore et toujours les mêmes problèmes avec la Biélorussie.

    J ai l’impression de lire un article datant de 2020 mais avec diffèrent personnalité comme opposant politique.

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