Prenons l’Europe pour frontière : pour un service civique européen

, par Collectif pour un Service Civique Européen

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Prenons l'Europe pour frontière : pour un service civique européen

Groupe de jeunes actifs, nous formons un collectif citoyen militant pour la mise en place d’un service civique universel en Europe. À l’heure où le projet européen est remis en question par les extrêmes et à l’approche des élections européennes de mai 2019, nous avons la conviction que nos concitoyens européens attendent une mesure concrète telle que celle-ci pour renforcer leur volonté de construire un projet commun.

En mai 2019, l’ensemble des citoyens européens sera appelé aux urnes pour se prononcer sur une seule question : où va l’Europe ? Notre conviction est claire : à l’heure du Brexit et de la montée en puissance de partis eurosceptiques à travers l’Union, l’Europe ne peut pas uniquement rester une Europe du marché unique, intégrée, certes, mais à laquelle il manque une âme, un horizon politique mobilisant les citoyens. Il faut oser ancrer à nouveau l’Europe dans le quotidien de tout un chacun par un projet concret, capable de les toucher et de les interpeller. Il en va sans doute de sa survie.

Instaurer un service civique européen

Notre idée pour cela est simple : créer un service civique européen universel dédié à l’ensemble des jeunes d’une classe d’âge, visant à réaliser dans tous les territoires de l’Union des projets d’intérêt commun. Quelle réalisation plus grande, quel symbole plus beau, en effet, pourrait mieux marquer l’affirmation d’une Europe plus politique, une Europe par les citoyens, investie pour une prospérité et un avenir commun ? Nous sommes persuadés que nous pouvons trouver là le moyen de mobiliser l’ensemble des citoyens européens pour qu’ils contribuent activement à un projet d’Union en lequel ils peuvent croire, à condition encore qu’on leur en donne les moyens et l’envie... Les réalisations concrètes tirées des efforts des jeunes mobilisés dans tous les territoires et États participants, marqueraient en effet une solidarité européenne impliquant l’ensemble de la société. Cette transformation nécessitera toutefois un engagement politique clair de la part des États prêts à s’impliquer dans ce processus.

Agir pour le changement, agir pour l’Europe

Animés par cet espoir de renouveau depuis maintenant quelques mois, nous nous mobilisons, en tant que mouvement citoyen, mais aussi en tant que jeunes, pour porter cette idée auprès de l’opinion publique. Nous nous sommes ainsi adressés aux pouvoirs publics français, qui ont d’ailleurs ostensiblement placé la construction européenne et la jeunesse au cœur de leurs priorités. Nous souhaitons aujourd’hui que l’ensemble des citoyens français et européens se saisissent de notre idée, en débattent et y donnent corps, pour fournir à l’Europe le projet dont elle a si cruellement besoin. Les avantages d’un service civique européen sont en effet trop importants et évidents pour pouvoir être ignorés. À l’heure où les grandes ambitions initiales du service national universel en France ont été remisées, pour n’aboutir qu’à un service court, risquant au final de n’avoir que peu d’effet, le service civique européen offre tous les avantages d’un service national et va même bien au-delà.

Miser sur l’Europe des citoyens

Le Service Civique Européen (SCE) aurait trois principaux atouts. D’abord, un avantage civique. Il permettrait de répondre au désir d’engagement des jeunes, manifeste en France par le succès du service civique volontaire, des divers corps de réserves et de l’engagement associatif, formel ou non. Ensuite, un avantage économique. Il offrirait aux jeunes une opportunité de construire leur vie, en échappant à des destins tout tracés et marqués par le spectre du chômage, qui touche de 25 à 50% des jeunes actifs dans de nombreux pays européens. Il fournirait en effet à tous une première expérience professionnelle, utile à la société, et permettant peut-être de rompre avec la “génération stagiaire, intérimaire, galère” qui hante tout le continent, même dans ses parties les plus prospères. Il donnerait lieu, enfin, à des rencontres inédites au niveau européen, s’affranchissant de toutes les barrières économiques, culturelles, sociales, qui minent de plus en plus nos sociétés. C’est cela sans doute, plus que tout, qui nous pousse à militer sur le long terme, pour son caractère obligatoire : l’un des seuls moyens à l’heure actuelle permettant de s’assurer de ne laisser ainsi personne en chemin.

Fonder un nouveau pacte européen

Les succès des programmes existants, tels Erasmus ou le Service Volontaire Européen, démontrent le désir de découverte de l’étranger de toute une génération - une expérience de plus en plus nécessaire dans un monde ouvert - mais qui reste encore inaccessible, voire inimaginable pour le plus grand nombre. Le service civique européen, accessible à tous, sans restriction de formation et de niveau initial en langues, permettra à ceux qui pensent aujourd’hui encore une expérience à l’étranger inaccessible de pouvoir l’envisager. Il y a là sans doute le seul moyen, à travers la rencontre et l’expérience directe de ce qu’est l’Europe, de donner naissance à un véritable esprit européen. Pour alimenter ce projet, les défis communs aux États européens ne manquent pas : transition écologique, vieillissement des populations, solidarité sociale et territoriale, adaptations technologiques, et tant d’autres urgences communes nécessitant des investissements publics trop longtemps retardés et qui trouveraient là un moyen direct d’exécution.

Se mobiliser pour défendre la construction européenne

Répondre à ces besoins nécessitera la mobilisation et la coopération de l’ensemble des niveaux des pouvoirs publics, en priorité l’échelle locale. C’est ce qui nous incite à mettre en place au plus tôt des expérimentations transfrontalières qui pourront démontrer la viabilité du dispositif, avant d’envisager de le généraliser pour l’Europe. Une coopération renforcée ou ad hoc, comme ont été menés jusque-là tous les grands projets de la construction européenne, permettra ensuite de rassembler le cercle des États-membres volontaires. Pour cela, les traditions de service civique et de césure à l’étranger, nombreuses chez nos voisins et partenaires les plus proches, existent. Le besoin, l’envie même d’une jeunesse européenne rêvant d’ailleurs et d’engagement civique, existent aussi. Les modalités de réalisation concrète du projet ont été pensées. Elles sont prêtes pour être mises sur la place et discutées publiquement. Le projet paraîtra ambitieux. Il l’est, cela est certain. Il est pourtant nécessaire et conforme à l’esprit du projet européen en ce qu’il doit permettre progressivement le rapprochement des peuples et des citoyens. Reste donc à savoir si nous saurons trouver la détermination suffisante pour édifier cet avenir européen.

TRIBUNE : Toutes les idées et arguments développés dans cette colonne reflètent les opinions des auteurs, pas du Taurillon.

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