Le prix Sakharov trouve son origine dans son nom, Sakharov, un scientifique russe qui, avec son équipe inventa dans les années 1950, la bombe H, une bombe bien plus puissante que la bombe atomique utilisée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cet homme, après quelques essais de cette bombe H et devant la course aux armements que se livraient les Etats-Unis et l’URSS, commença son combat pour l’arrêt des essais et des poursuites des expériences nucléaires.
Au début des années 1970, son combat s’amplifie, et il devint l’un des fondateurs du « Comité pour la défense des droits de l’Homme et la défense des victimes politiques ». Il ne cessa de dénoncer le régime de son pays et devint l’un des principaux dissident du pouvoir en place. Par son combat, il obtint le prix Nobel de la Paix en 1975, prix qu’il ne put retirer lui-même, son visa lui étant été refusé. A partir de 1979, il fut placé en résidence surveillée, en exil intérieur, ne pouvant communiquer avec personne. Ses privilèges et fonctions lui sont alors retirés. Il est libéré et réhabilité en 1986, grâce à la politique modérée de Gorbatchev. Il consacra les dernières années de sa vie à sa cause, et mourut en 1989.
Avant qu’un des lauréats obtiennent le prix, il y a des nominations. Un groupe politique ou au minimum quarante députés peuvent nominer une personnalité ou un groupe d’individus.
Personnalités engagées, figures polémiques
Les nominés cette année sont nombreux. Le premier d’entre eux est Raif Badawi, un blogueur saoudien qui a été condamné en novembre 2014 à 1000 coups de fouets et 10 ans de prison car il a écrit sur son blog que les musulmans, les juifs, les chrétiens et les athées sont égaux. Deuxième personnalité nominée, Ednan Adan Ismai, la fondatrice de la maternité Edna Adan en Somalie, présidente de l’organisation pour les victimes de torture et une fervente activiste pour l’abolition des mutilations génitales féminines. Plus controversé dans cette période de tensions avec la Russie, Boris Nemtsov, opposant politique russe, assassiné en février dernier, alors qu’il était en train d’écrire sur « la vérité au sujet de l’ingérence du Kremlin dans la politique ukrainienne ». De même, Nadiya Savtchenko, pilote de l’armée ukrainienne, qui s’engagea dans le bataillon Aidar, unité paramilitaire chargée de lutter contre l’insurrection pro-russe et qui fut arrêtée, livrée à la Russie, emprisonnée et inculpée pour meurtre avec préméditation de deux journalistes russes. Des prisonniers politiques au Venezuela et l’opposition démocratique incarnée par la Table de l’unité démocratique, un parti politique formé en 2008, comprenant des membres de droite comme de gauche, uni pour s’opposer au parti du président Hugo Chávez et qui a obtenu 47% des voix aux élections nationales de 2010, s’ajoutent à la liste des nominés. Enfin, pour terminer la sélection, les trois lanceurs d’alerte, Edward Snowden, Antoine Deltour et Stéphanie Gibaud, qui ont révélé respectivement des programmes de surveillance de masse des Etats, les accords fiscaux secrets conclus entre certaines multinationales et le Luxembourg, et les pratiques d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent de la banque suisse UBS AG.
Dans une seconde étape, les commissions parlementaires des Affaires étrangères et du développement voteront pour choisir les trois finalistes. Enfin, la conférence des présidents du Parlement européen choisit le lauréat, qui sera révélé en octobre prochain. En attendant, les pronostics vont bon train.
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