La leçon de morale de J.D. Vance
Tout a commencé par le discours de l’actuel vice-président des États-Unis, J.D. Vance. Ce dernier a décidé de mettre la Russie au second plan en réalisant une critique très américano-centrée de la situation politique en Europe. D’après lui, le principal danger pour l’ Europe n’est pas la Russie de Vladimir Poutine mais le recul des « valeurs fondamentales » partagées avec les États-Unis. Citant notamment l’annulation de l’élection présidentielle en Roumanie et l’autodafé du Coran par Salwan Momika en Suède, J.D. Vance a voulu rappeler les bonnes conduites à adopter, à l’image d’un professeur.
À noter que l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) situe les États-Unis à la 55ème place mondiale pour la liberté de la presse, soit derrière la Roumanie, la Suède, la France ou encore l’Italie. En tout, 21 pays de l’UE sont positionnés devant les États-Unis dans le classement tandis que les dix premiers sont des pays européens. Si les réactions européennes, mais surtout allemandes, n’ont pas manqué, J.D. Vance a continué son voyage en Allemagne en privilégiant une rencontre avec Alice Weidel, l’actuelle co-présidente de l’AfD, parti d’extrême-droite allemand, plutôt que le chancelier actuel Olaf Scholz. Ce dernier a dénoncé une ingérence américaine dans les élections législatives allemandes.
La nécessité d’une armée européenne
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est aussi venu à Munich pour exposer sa vision de l’Europe. Il a notamment martelé son ambition de voir émerger une armée européenne malgré les réticences de plusieurs pays membres, dont la Pologne. Radoslaw Sikorski, actuel ministre des Affaires étrangères de la Pologne, a répondu via la chaîne de télévision TVP World qu’il fallait être prudent lorsqu’une telle expression est utilisée. Il a aussi ajouté qu’une unification des différentes armées nationales n’est pas à l’ordre du jour. Par ailleurs, il a signalé le danger que représente une négociation avec Vladimir Poutine, accusant ce dernier d’être un menteur réussissant son pari de diviser l’Europe, avant de terminer par un simple mais efficace « si vous ne voulez pas de Bruxelles, ce sera Moscou. À vous de choisir ».
L’affolement des Européens
En parallèle de la conférence de Munich sur la sécurité, les déclarations américaines ont affolé les dirigeants européens. Les États-Unis prévoient un plan de paix directement avec la Russie et sans l’UE. Que dire de l’Ukraine à qui l’administration Trump a proposé un plan d’utilisation des terres rares ukrainiennes en échange d’un possible soutien ? Volodymyr Zelensky a refusé la première version, arguant que les garanties de sécurité de l’Ukraine n’étaient pas remplies. La peur de voir la Russie être contentée dans ses revendications pousse les dirigeants de l’UE à se mettre en ordre de bataille. Olaf Scholz souhaite activer l’état d’urgence en Allemagne pour contourner le frein à l’endettement prévu dans la constitution allemande, tandis que des voix s’élèvent pour modifier le pacte de stabilité et de croissance de l’UE. Emmanuel Macron a notamment déclaré que la règle des 3 % était caduque et que les dépenses liées à la défense devaient en être exclues. Les moyens et les compétences sont présents. Il ne reste que la volonté politique pour éviter une sortie de l’Histoire de l’UE par la petite porte.
En citant Lénine, « Il y a des décennies où rien ne se passe, et des semaines où des décennies se produisent », le président de la Finlande, Alexander Stubb, illustre l’accélération connue par la relation transatlantique. Les États-Unis ne sont désormais plus nos alliés. L’Union européenne a dormi pendant trop longtemps. Le réveil a sonné plusieurs fois mais elle s’est recouchée. Brutalement, le supposé allié de toujours l’a tirée de son sommeil sans lui laisser le temps de prendre un café.
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