Quel rôle pour les jeunes dans la coopération transfrontalière ?

, par Théo Boucart

Quel rôle pour les jeunes dans la coopération transfrontalière ?
Drapeaux suisse, français et allemand à Weil am Rhein, près de l’endroit où se rejoignent les frontières de ces trois pays. Crédit : Pikist

Le forum trinational de la jeunesse s’est tenu le 3 septembre dernier à Bâle, en Suisse. Cet évènement organisé par la Conférence du Rhin supérieur et la Regio Basiliensis se veut une plateforme de dialogue ambitieuse où les jeunes expriment des propositions concrètes pour répondre aux enjeux transfrontaliers.

Organisés dans les locaux modernes du Launchlabs, dans le centre de Bâle, la troisième ville de Suisse et capitale du canton éponyme, le forum trinational de la jeunesse (Trinationales Jugendforum en allemand) s’est tenu jeudi 3 septembre dans l’après-midi et a rassemblé des dizaines de jeunes Suisses, Allemands et Français âgés de 18 à 30 ans, afin de s’exprimer et de proposer des idées concrètes pour l’avenir de la région du Rhin supérieur, un espace de coopération unique en Europe englobant l’Alsace, le pays de Bade, le Palatinat et la Suisse du Nord-Ouest.

En présence de personnalités importantes de la coopération transfrontalière, comme la présidente du Conférence du Rhin supérieur et chef du gouvernement de Bâle-ville Elisabeth Ackermann, la Conseillère régionale et vice-présidente de la Conférence Claudine Ganter, la présidente de l’arrondissement de Karlsruhe Sylvia Felder, ou encore le président de la Regio Basiliensis Manuel Frieseke, ces jeunes ont eu l’opportunité de s’exprimer et de proposer des idées concrètes dans les domaines de l’environnement, de la mobilité ou encore de l’éducation.

Les jeunes et les enjeux de demain

Ce forum est en réalité le troisième de ce type organisé dans la région du Rhin supérieur. La première édition, sous forme d’une restitution d’une enquête commandée par la Conférence du Rhin supérieur sur la sensibilisation des jeunes à la coopération dans la région, s’est tenue à Karlsruhe le 13 février dernier. Deux jours plus tard, un deuxième évènement organisé à Strasbourg, a adopté un format un peu plus participatif. Le forum de début septembre a poussé cette logique encore plus loin en privilégiant un format de démocratie directe et participative.

A Bâle, les jeunes ont ainsi été répartis dans trois ateliers thématiques (l’environnement et la transition énergétique, le transport et la mobilité, et l’éducation) encadrés par des experts dans le domaine. Des brainstormings ont été réalisés sur les mesures à mettre en place pour répondre au mieux aux enjeux dans les domaines susmentionnés. Enfin, la séance de plénière a été l’occasion de restituer les idées et d’en débattre entre tous les participants, parfois de manière assez houleuse.

Manque de communication ?

Si ce genre d’initiative est particulièrement louable et peut permettre une meilleure appropriation des enjeux transfrontaliers par les jeunes citoyens du Rhin supérieur, le forum trinational de la jeunesse a pu révéler les travers de la coopération telle que pratiquée actuellement.

Premièrement, beaucoup d’idées proposées par les jeunes lors des ateliers correspondaient à des projets qui existent déjà, notamment en termes de mobilité, de coopération énergétique ou d’implication des jeunes dans la démocratie transfrontalière. Se pose alors la question de la communication autour des actions concrètes de la Conférence du Rhin supérieur et de la Regio Basiliensis. Lorsque nous avons souligné ce point à Manuel Frieseke, celui-ci a reconnu une marge de progression, « Nous [la Regio Basiliensis] avons une newsletter mensuelle qui récapitule nos actions. Il est vrai cependant que celles-ci sont assez peu relayées dans les médias ».

Deuxièmement, l’organisation de ce forum en plein cœur de Bâle a forcément favorisé une répartition assez homogène des participants, en l’occurrence des jeunes Bâlois qui pouvaient se déplacer facilement pour venir. Aucun dispositif d’ordre financier n’a été mis en place pour permettre la venue de Français ou d’Allemands (même si la frontière avec ces deux pays est très proche). Il faut en effet plus d’une heure de TER pour relier Strasbourg et Bâle, et le billet est assez onéreux, malgré les dispositifs généraux mis en place par la région Grand Est. Les jeunes citoyens du Rhin supérieur qui habitent dans les régions encore plus excentrées (comme le canton du Jura en Suisse ou l’Alsace bossue en France) ont eu encore plus de difficultés pour s’y rendre.

Autre facteur d’exclusion de fait : la langue. A Bâle, le service d’interprétation simultané en français n’a malheureusement pas pu être assuré, même si une interprète s’est proposée pour traduire « en consécutive ». Le fait qu’un forum trinational n’ait pu se tenir qu’en langue allemande (seule Claudine Ganter a pris la parole en français) représente un obstacle à l’inclusivité, dans une région trinationale où le bilinguisme français-allemand, sans être inexistant, est assez limité.

Si l’idée de forum trinationaux de la jeunesse doit être pérennisée (ce qui est plus que souhaitable), la question de l’inclusivité, dans toutes ses acceptions, doit être une priorité absolue. C’est par ce biais que les jeunes pourront véritablement s’approprier les enjeux de coopération transfrontalière dans le Rhin supérieur.

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