Les conservateurs se stabilisent et les verts continuent de progresser lors des ces élections
75,6 % des Autrichiens ont participé aux élections législatives, c’est 4,4 % de moins qu’en 2017 (le deuxième pire taux de participation depuis 1945). Deux grands gagnants se sont distingués pendant ces élections : le parti conservateur de l’ex-chancelier Sebastian Kurz (ÖVP), avec 37,5 % des votes, a augmenté son score de 6 % quand le parti vert, avec 13,9 % des suffrages, progresse de plus de dix points. C’est un record pour ces derniers qui n’ont jamais obtenu un score aussi élevé lors d’une élection nationale. Pour la première fois, ils sont en situation d’être l’un des partenaires potentiels pour former une coalition.
Le parti libéral (NEOS) a obtenu 8,1% des suffrages, un chiffre en légère augmentation. Le parti social-démocrate (SPÖ) a quant à lui perdu 5,7 % des suffrages et n’obtient plus que 21,2 %. Le parti d’extrême droite (FPÖ), avec 16,2 %, accuse une perte encore plus nette (plus de dix points) alors qu’il participait jusqu’alors au précédent gouvernement. Il enregistre là son résultat le plus faible depuis 2002. Cet échec peut être attribué à différents scandales, ceux-là mêmes qui ont provoqué ces élections anticipées.
On vous explique l’Ibizagate qui a conduit aux élections anticipées
En mai 2019, le gouvernement autrichien a implosé suite à l’affaire « Ibizagate ». L’ancien chef du parti d’extrême droite, Heinz-Christian Strache, et le député Johann Gudenus (FPÖ) ont été filmés en caméra cachée à Ibiza pendant une rencontre avec une prétendue nièce d’un oligarque russe. Lors de la discussion, ils démontraient leur disposition à la corruption ainsi qu’au rachat secret de médias indépendants. Strache a également donné quelques exemples sur les possibilités de financer son parti de manière occulte. Le lendemain, suite à la publication en ligne d’un extrait de la vidéo par des médias allemands, Strache et Gudenus ont démissionné. Le chancelier Sebastian Kurz a mis fin à la coalition avec le FPÖ dans la journée. L’Assemblée nationale a voté la défiance au gouvernement et celui-ci a été remplacé par un gouvernement de transition. Des élections anticipées ont été planifiées et réalisées fin septembre.
Quelques jours avant les élections anticipées, d’autres révélations se sont succédées, expliquant en partie les mauvais résultats du FPÖ. Strache aurait reçu 10 000 € mensuels de frais de gestion et 2 500 € mensuels d’indemnités logement de la part de son parti. Des investigations sont en cours pour connaître l’origine de ces versements et déterminer s’il s’agit d’un détournement d’argent. Strache se voit aussi reprocher d’avoir falsifié des factures pour financer des produits de luxe pour le compte de son parti.
Ces scandales successifs expliquent en partie les mauvais résultats du FPÖ. Beaucoup d’électeurs sont en effet restés chez eux et une partie considérable des votes se sont déportés vers l’ÖVP.
De la difficulté de former un gouvernement de coalition
Le gagnant de l’élection doit désormais composer un gouvernement de coalition en choisissant de s’allier au choix avec le parti social-démocrate, le parti vert ou le FPÖ. Une alliance avec les deux premières formations politiques semble peu probable tant il y a de positions contraires qui seront difficiles à concilier. En particulier avec le parti vert puisqu’il y a des grandes différences de position qui semblent indépassables, notamment sur la politique migratoire.
Kurz n’exclut pas de négocier avec le parti d’extrême droite FPÖ. Norbert Hofer, le président du FPÖ, rejette pour le moment une nouvelle participation au gouvernement. Cependant, même si Sebastian Kurz pourrait trouver plus facilement un accord avec le FPÖ, il prendrait le risque d’une nouvelle élection anticipée. En effet, aucun gouvernement autrichien antérieur n’a résisté à cette alliance FPÖ-ÖVP.
Dans la mesure où aucune formation de coalition n’est simple, il est fort probable que les négociations prennent du temps. De la décision de Sebastian Kurz et de son parti dépend la future position de l’Autriche dans l’Union européenne. Son choix décidera ainsi si l’Autriche reste dans la tradition de la grande coalition qui a gouverné depuis plus de quarante ans le pays après la Seconde Guerre mondiale, ou s’il prend le risque de s’allier une nouvelle fois avec le FPÖ, en s’exposant à rejouer une crise politique bien connue. Il pourrait bien encore surprendre en optant pour la formation du premier gouvernement conservateurs-verts, une option que le réformateur Kurz pourrait apprécier.
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