Qui est Charles Michel, le futur président du Conseil européen ?

, par Timothée Houzel

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Qui est Charles Michel, le futur président du Conseil européen ?
Charles Michel Photo : Flickr - ALDE Party - CC BY-NC-ND 2.0

Le 2 juillet dernier, dans le cadre de l’accord global sur les titulaires des principales responsabilités au sein de l’Union européenne (UE), le belge Charles Michel a été choisi pour occuper le poste de président du Conseil européen, prenant ainsi la succession du Polonais Donald Tusk. Quel est le parcours de ce Premier ministre sortant et les enjeux de sa présidence à venir ?

Une fulgurante carrière politique nationale pour un adepte des coalitions impossibles

Fils d’un ancien ministre d’Etat, ancien ministre des Affaires étrangères puis commissaires européen, Charles Michel s’est engagé à l’âge de 16 ans dans le parti de son père - le Mouvement réformateur (MR). Elu conseiller provincial à 18 ans, il fait son entrée à la Chambre des représentants à 23 ans - devenant le benjamin de l’assemblée -, avant d’être désigné ministre des Affaires intérieures du gouvernement wallon à 24 ans puis ministre de la Coopération au développement du gouvernement fédéral.

Il prend ensuite la tête du Mouvement réformateur en 2011 après plusieurs échecs électoraux de son prédécesseur Didier Reynders et détrône la majorité socialiste en Wallonie en 2012. En 2014, il devient le plus jeune Premier ministre de l’histoire de la Belgique, à l’âge de 38 ans, et le second libéral wallon à diriger le pays. 139 jours après la tenue des élections fédérales, il parvient à former un gouvernement basé sur un accord de coalition réunissant la N-VA - les nationalistes flamands -, coalition qualifiée de “kamikaz”. Si peu en prédisaient la pérennité, une telle coalition dura plus de quatre ans, s’effondrant en décembre 2018 en raison de dissensions relatives au Pacte de l’ONU sur les migrations (ou Pacte de Marrakech).

Sa nomination pose désormais la question de sa succession à la tête du gouvernement fédéral, alors que les dernières élections législatives, dont le scrutin s’est tenu en même temps que les élections européennes, a vu le paysage politique belge se fragmenter, rendant impossible toute nouvelle majorité à court terme.

Président du Conseil européen : une responsabilité requérant un sens aigu du compromis

Selon l’article 15 du traité sur l’Union européenne (TUE), le président du Conseil européen est chargé de présider et conduire les travaux du Conseil européen, institution composée des chefs d’État ou de gouvernement des États membres. Le président du Conseil européen assure également, à son niveau et en sa qualité, la représentation extérieure de l’Union sans préjudice des attributions du haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Si une telle fonction reste officieuse entre 1975 et 2009, car assumée par le chef d’Etat ou de gouvernement de l’Etat membre assumant la présidence du Conseil de l’Union européenne, le traité de Lisbonne - ratifié en 2007 et entré en vigueur en 2009 - institue un poste permanent afin de remplacer le système de président tournant. Désormais élu par le Conseil européen à la majorité qualifiée pour une durée de deux ans et demi, renouvelable une fois, le Président n’est plus seulement un primus inter pares mais oeuvre véritablement à bâtir des compromis entre les chefs d’Etat et de gouvernement.

Prenant la suite d’un premier président du Conseil européen Belge (Herman Van Rompuy, entre 2009 et 2012), ainsi que du polonais Donald Tusk (entre 2014 et 2019), Charles Michel sera directement plongé au coeur des grands enjeux de l’Union, qu’il s’agisse du Brexit, du prochain cadre financier pluriannuel (2021-2027) ou encore de la lutte contre le changement climatique. Il devra assurément chercher des compromis impossibles tant les dernières négociations ont démontré le poids de fractures tant nord-sud - avec une ligue hanséatique refusant tout budget européen commun -, qu’est-ouest - avec un groupe de Visegrád refusant toute solidarité européenne dans l’accueil de demandeurs d’asile.

Un libéral proche d’Emmanuel Macron

En tant que Premier ministre, Charles Michel mène une politique libérale associant privatisation des services publics, réduction des dépenses publiques, réforme des retraites (loi Bacquelaine) et déréglementation du marché du travail (loi Peeters).

Pro-européen libéral assumé, il est proche d’Emmanuel Macron avec qui il représente, en incluant le Néerlandais Mark Rutte ou encore le Luxembourgeois Xavier Bettel, une nouvelle génération persuadée que les grands enjeux contemporains ne peuvent être traités efficacement qu’à l’échelle européenne. Sa nomination illustre par ailleurs l’influence grandissante des libéraux qui sortent renforcés des élections européennes de mai dernier - passant de 68 à 108 sièges - et comptent remettre en cause le tandem entre démocrates chrétiens et sociaux-démocrates au sein des institutions européennes, et ce, alors qu’ils n’avaient pas eu de postes-clés depuis plusieurs mandatures.

Pour relancer la construction européenne, le Président français compte d’ailleurs sur le président Charles Michel pour développer de nouveaux formats de coopération au sein de l’UE, se rapprochant d’une Europe à plusieurs vitesses donnant, aux Etats membres qui le souhaitent, l’occasion d’un approfondissement de la coopération.

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