Résultats des élections en Allemagne : une mauvaise nouvelle pour Macron

, par Théo Boucart

Résultats des élections en Allemagne : une mauvaise nouvelle pour Macron
La Chancelière Angela Merkel, le Président Emmanuel Macron et le Président du conseil, Paolo Gentiloni CC - Palazzo Chigi

Les électeurs allemands ont tranché : Angela Merkel et la CDU-CSU remportent les élections pour la quatrième fois depuis 2005, malgré une forte baisse. Le SPD, complètement usé par quatre années de Grosse Koalition, ayant signifié son souhait de revenir dans l’opposition, la Chancelière devra très certainement composer avec le FDP et les Verts… Ce qui n’arrange vraiment pas Emmanuel Macron.

Les résultats électoraux de dimanche soir marquent un tournant dans l’histoire politique allemande : l’AfD (Alternative pour l’Allemagne) rentre au Bundestag, une première pour un parti nationaliste largement raciste et la formation d’une coalition à trois partis est le scénario le plus probable, là encore, ce serait inédit. Autant de facteurs de fragilité pour la future législature et Angela Merkel, ce qui représente une mauvaise nouvelle pour le Président français qui comptait sur une Allemagne politiquement stable pour engager les réformes nécessaires de l’Union Européenne, des négociations rapides du contrat de gouvernement et certainement sur un bien meilleur score du SPD, qui avait bien accueilli les propositions européennes d’Emmanuel Macron.

Pour ne pas arranger les choses, les partenaires probables des négociations avec la CDU-CSU, le parti libéral (FDP) et le parti écologique (die Grünen) sont très divisés sur les questions européennes. Le leader du FDP Christian Lindner (qui lorgne sur le ministère des finances) a juste après les résultats des élections réitéré son souhait de ne pas créer plus de solidarité entre les pays de la zone euro car ce serait un moyen de faire payer à l’Allemagne les erreurs des pays du Sud. [1] Le FDP reprend en grande partie les idées de l’AfD d’il y a quatre ans, lorsque c’était un parti plus eurosceptique que xénophobe. Les Verts, en revanche, plaident pour une Europe solidaire face à la crise économique et à la mondialisation qui s’accélère, notamment en investissant dans les secteurs économiques d’avenir partout en Europe et en luttant contre les égoïsmes économiques nationaux. [2] Les négociations d’un contrat de coalition risquent de durer plusieurs mois et pourraient représenter autant de temps perdu pour Emmanuel Macron et sa relance européenne.

"L’occasion pour le Président français de passer pour le dirigeant européen volontariste"

Le Président français n’a cependant aucunement l’intention de nuancer son discours sur les réformes à faire au niveau européen. Il sera à la Sorbonne ce mardi pour présenter en détails ces fameuses propositions devant un parterre d’étudiants et de professeurs et devrait notamment parler de souveraineté, de cohésion et de démocratie européennes, reprenant les principaux axes de son discours de la Pnyx du 7 septembre. La cohésion et la démocratie impliquent une solidarité et une transparence accrue au sein des États membres, l’occasion pour le Président français de passer pour le dirigeant européen volontariste et déterminé à relancer la machine européenne.

Emmanuel Macron aura l’opportunité d’accentuer la pression sur l’Allemagne jeudi et vendredi lors du sommet européen du numérique à Tallinn, la capitale estonienne. L’inclusion des autres partenaires européens dans la discussion franco-allemande (en premier lieu les pays du Sud de l’Europe) est néanmoins indispensable pour maximiser les chances d’avancées sur les réformes. Après une campagne électorale qualifiée « d’ennuyeuse », les négociations gouvernementales promettent d’être animées, avec l’Union Européenne au centre des débats, une bonne chose pour le débat public européen en Allemagne qui pourrait déjà être revigoré par le score très élevé de l’AfD, poussant les Allemands à se montrer plus conciliants avec les propositions de réformes citées dans cet article.

Emmanuel Macron devra se montrer ferme mais également patient durant ces négociations pour ne pas braquer le FDP ou la CDU-CSU tandis que les dirigeants des deux partis devront garder en tête que des réformes pour renforcer la solidarité au sein de l’Union européenne et de la zone euro sont de toute façon nécessaires pour la pérennité du projet européen, sur lequel tant de choses reposent.

Notes

[1Libération : Les libéraux allemands, un partenaire compliqué pour Merkel et l’Europe http://www.liberation.fr/planete/2017/09/25/les-liberaux-allemands-un-partenaire-complique-pour-merkel-et-l-europe_1598776

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