Retour sur l’Eurovision Junior 2021

Le concours de l’Eurovision Junior avait lieu ce dimanche 19 décembre en direct de Paris à la Seine Musicale. Le Taurillon était sur place.

, par Quentin Joigneaux, Yané Christov

 Retour sur l'Eurovision Junior 2021
Maléna, gagnante de l’Eurovision Junior 2021. Source : Andres Putting/EBU

Ils étaient 19. 19 pays, 19 artistes de toute l’Europe, 19 titres dans de nombreuses langues différentes… Tous étaient présents à la Seine Musicale pour l’Eurovision Junior. Un concours remporté par la chanteuse arménienne Maléna qui interprétait Qami Qami sur la scène parisienne. La France, avec Enzo, arrive en 3ème position avec sa chanson Tic Tac.

Une organisation complexe et pleine d’enjeux

Pandémie oblige, l’édition 2021 s’est accompagnée de quelques mesures sanitaires, essentielles à la bonne tenue du concours. Malgré la recrudescence des contaminations liées au Covid-19, l’organisation du concours s’est déroulée sans accroc, contrairement à l’année précédente où le concours s’était malheureusement déroulé différemment. Pour la première fois dans l’histoire de l’Eurovision, toutes les chansons ainsi que les performances en compétition avaient été pré-enregistrées dans un studio de chaque pays participant. C’est donc avec ferveur qu’artistes, bénévoles, public ou encore journalistes se sont retrouvés le temps d’une semaine pour partager leur amour pour la musique. Le Taurillon a pu prendre le pouls au sein de la salle de presse. Durant 3 jours, médias spécialisés dans l’Eurovision, médias généralistes ou encore chaînes de télé se sont côtoyés dans une ambiance conviviale pour interviewer les participants ou tout simplement échanger entre eux sur leurs favoris.

Par ailleurs, cette édition 2021 relevait d’un autre enjeu pour la France puisqu’elle n’avait pas organisé d’événement de l’Eurovision depuis 1978, à la suite de la victoire de Marie Myriam grâce à son titre L’Oiseau et l’Enfant en 1977. Cette année l’organisation est revenue à France Télévisions, qui avait à cœur de rendre l’événement unique et magique, placé sous le thème de la magie de Noël. Pari réussi pour la chaîne de télévision française, chaleureusement félicitée par Martin Österdahl, superviseur exécutif du concours.

Des chansons pour tous les goûts

L’édition avait de quoi ravir les téléspectateurs puisqu’il y en avait pour tous les goûts. Fidèles à l’ADN du concours, certaines chansons restaient très enfantines. C’est le cas de la chanson géorgienne interprétée par le jeune Niko Kajaia. Ce dernier nous invitait à “compter les sourires” (Let’s count the smiles) sur un rythme entraînant mêlant à la fois le géorgien, l’anglais et le français. Sur scène, accompagné de deux danseuses, le chanteur d’à peine 10 ans a délivré une prestation haute en couleur qui a su faire danser le public ainsi que le jury, qui lui vaut de se placer au pied du podium.

Toutefois, on appréciera une certaine évolution dans le style musical, avec des chansons plus matures, auxquelles les adolescents d’aujourd’hui peuvent davantage s’identifier. C’est même une formule qui marche, puisque la gagnante de cette édition aurait très bien pu participer à la version adulte du concours. Interrogée sur sa potentielle participation à la version adulte, Maléna répond simplement “qu’elle n’est pas sûre de vouloir y participer, bien que cela ait toujours été son rêve”.

Finalement, ce sont surtout des chansons très engagées et dans l’air du temps qui ont particulièrement retenu l’attention. Par sa chanson Greenforces le groupe nord-macédonien Dajte Muzika dénonce le réchauffement climatique et l’inaction des générations précédentes face à l’urgence environnementale, et invite la jeune génération à “faire bouger les choses”. Les 4 amis révèlent d’ailleurs en conférence de presse que leur modèle est la jeune activiste suédoise Greta Thunberg. Pour sa part, la chanteuse albanaise Anna Gjebrea, nous délivre une chanson sur le thème du harcèlement scolaire à travers son titre Stand by you (à tes côtés). Elle explique qu’il est important pour elle “d’être aux côtés des élèves harcelés, mais qu’il est encore plus important que tout le monde s’implique dans cette cause”.

L’Eurovision ou le rassemblement européen

L’Eurovision est avant tout un concours qui rassemble, et qui met sur une même scène, différents pays qui s’affrontent en chanson. Un moment de partage, culturel comme humain. Comme l’expliquait Fabien Venon, auteur universitaire, dans L’Eurovision et les frontières culturelles de l’Europe, “l’Eurovision s’affirme comme la plus ancienne manifestation d’unité culturelle européenne”. Pour des jeunes comme ceux qui participent à cette compétition, c’est un moment unique pour sortir de sa bulle quotidienne et rencontrer d’autres enfants venant de partout en Europe. L’une des chanteuse du groupe Dajte Muzika confiait en conférence de presse des participants que c’était “la première fois” que le groupe était avec “des enfants venant de partout en Europe et pas seulement de la Macédoine du Nord”. Et ajoute qu’ils étaient “très fiers d’avoir vécu cette expérience”.

Au-delà du rassemblement des participants, c’est également un public européen (et mondial) qui se retrouve devant le concours. Même si l’Eurovision Junior est un peu moins réputé que sa version adulte, il a tout de même rassemblé, sans compter le public devant le live réalisé sur YouTube, 32 millions de personnes. Pour le directeur des antennes et programmes de France Télévisions, Stéphane Sitbon-Gomez, ce concours rassemble et se présente comme un rendez-vous et qu’il est un peu “notre super bowl".

Pour l’organisateur, c’est également une grande occasion de travailler main dans la main avec de nombreux diffuseurs européens. Stéphane Sitbon-Gomez expliquait durant la conférence de presse de l’UER et de France Télévision que c’est “un honneur” de recevoir le concours en France. Comme il le dit lui même, “notre futur est européen, et notre futur est de travailler avec les autres chaînes européennes”.

Une finale et des résultats hauts en couleurs

La finale du concours avait donc lieu le 19 décembre et a vu gagner l’Arménie, représentée par Malena, grâce à son titre pop Qami Qami (“Vent”). Le podium se complète de la Pologne représentée par la chanteuse Sara James et son titre Somebody et du français Enzo et sa chanson Tic-Tac.

L’Irlande et les Pays-Bas ferment le classement et se retrouvent en dernière position. Dans le bas de classement nous retrouvons également l’Allemagne qui, dans les deux versions du concours, peine à se retrouver dans les hauts de classement. Le Portugal lui crée la surprise en se classant dans le bas de classement du jury mais en remontant le classement grâce au vote du public qui lui accorde la 3ème place et 92 points !

Un concours en évolution

Un top 2 jugé très “pop teenager” par certains fans. Pour eux, le concours aurait perdu depuis quelques années son côté “junior” et donc plus enfantin. Bien que certains pays continuent sur cette route tels que la Géorgie ou la France, d’autres pays envoient depuis quelques années des musiques jugées beaucoup plus matures. Le public également se diversifie et voit sa moyenne d’âge augmenter, ce qui favorise la victoire de chansons moins enfantines. Pour certains, c’est problématique, pour d’autres, cela prouve que les enfants aussi peuvent chanter des chansons matures sur des sujets importants. Pour Alexandra Redde-Amiel, cheffe de la délégation française à l’Eurovision et Martin Österdahl superviseur exécutif du Concours Eurovision de la chanson et du Concours Eurovision de la chanson junior, le concours est “avant tout un rendez-vous familial qui doit s’adapter et être accessible à tous, les enfants et les parents”.

Des résultats très politiques

Les votes également ont posé problème pour des raisons politiques. Même dans la version junior, ce côté est bien présent chez les enfants. Le trio formé par le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan et la Russie continue à s’échanger les points, tandis que l’Azerbaïdjan et l’Arménie se sont tous les deux, comme tous les ans, mis en dernière position.

Un autre drame politique est arrivé lors de la cérémonie dimanche, l’Azerbaïdjan a non seulement laissé ses commentateurs parler par dessus la prestation de l’Arménie, mais en addition à cette action politique, le pays a tout simplement arrêté la diffusion du show dès lors que l’arménienne Maléna a remporté la victoire. La politique a donc encore une très (trop) grande présence dans le concours, même dans sa version junior qui devrait pourtant être aussi innocente que les enfants y participant. Participeront-ils l’an prochain maintenant que l’Arménie et l’UER ont officialisé le fait que le pays recevra le concours en 2022 ?

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