Pacte Vert, industrie, emploi
« Nous avons répondu à l’appel de l’histoire », assure la présidente de la Commission au moment de faire le bilan du Pacte Vert. L’objectif : faire de l’UE un continent neutre d’ici 2050. Et cela passe notamment par la décarbonation de l’industrie. La présidente de la Commission l’assure, “nous continuerons à soutenir l’industrie européenne tout au long de cette transition”, en garantissant, entre autres, que la concurrence soit bien équitable sur le marché mondial. Ursula von der Leyen annonce ainsi l’ouverture d’une enquête antisubventions sur les véhicules électriques en provenance de Chine, dont les prix seraient maintenus artificiellement à des niveaux bas.
De l’industrie à l’emploi, il n’y a qu’un pas, aisément franchi par la présidente de la Commission. L’une des priorités évoquées par la Présidente de la Commission concerne la pénurie de compétences, qui touche près de 75% des PME en Europe, explique-t-elle. Sa stratégie ? S’appuyer sur les partenaires sociaux. Elle les convoque donc l’année prochaine à Val Duchesse, en Belgique, à l’endroit même où Jacques Delors avait réuni les principaux syndicats européens en 1985. Cette réunion avait ouvert la voie au dialogue social européen, inscrit dans les traités. L’histoire, toujours l’histoire...
Autre mesure en faveur des PME : la nomination d’un représentant de ces petites entreprises auprès de la Présidente de la Commission. Il aura pour mission de faire remonter à la Commission les difficultés auxquelles elles sont confrontées. Ursula von der Leyen s’engage également à faciliter les procédures administratives à ces petites structures, au travers d’un « contrôle de compétitivité » réalisé lors de chaque nouveau texte législatif. Il s’agit de « réduire les obligations de déclaration au niveau européen de 25 % ».
Ukraine et perspective d’élargissement de l’Union
Ursula von der Leyen réaffirme le soutien de l’UE à l’Ukraine : “Nous serons aux côtés de l’Ukraine à chaque étape." a-t-elle rappelé. L’annonce phare sur ce thème reste sans aucun doute la proposition de la Commission d’étendre la protection temporaire apportée aux Ukrainiens dans l’UE. Si l’UE avait déjà apporté 12 milliards d’euros pour ce mécanisme de protection cette année, elle a proposé 50 milliards d’euros sur les 4 années à venir pour soutenir les investissements et les réformes.
Cette démarche s’inscrit dans un horizon d’intégration de l’Ukraine à l’UE sur le long terme et ça Ursula von der Leyen le souligne : “Le futur de l’Ukraine est dans notre Union”. Elle affirme la même chose pour les Balkans occidentaux, la Moldavie et évoque une perspective plus lointaine pour l’intégration de la Géorgie. Elle rappelle la nécessité de se préparer à un élargissement efficace de l’UE. Les poursuites d’intégration sont aussi essentielles pour des États déjà membres de l’UE mais qui souhaitent aller plus loin. En ce sens, elle invite l’Union à laisser la Bulgarie et la Roumanie intégrer l’espace Schengen “sans plus attendre”. Elle promet que ces idées seront soumises aux chefs d’État et de gouvernement sous la présidence belge du Conseil de l’UE à partir de janvier 2024.
Migration
Ursula von der Leyen rappelle que le soutien de l’UE ne doit pas seulement être dirigé vers l’Ukraine mais aussi vers d’autres régions en conflit comme l’Afrique. Elle a annoncé qu’elle développerait avec le haut représentant Josep Borrell “une nouvelle approche stratégique à faire valoir lors du prochain sommet UE-Union Africaine (UA)”. Concernant l’actualité plus brûlante, le discours de la présidente de la Commission a concrétisé une mesure négociée en marge du sommet du G20 à New Delhi les 9 et 10 septembre : l’établissement d’un corridor économique reliant l’Inde à l’Europe. Un accord de principe a donc été signé entre les Etats-Unis, l’Inde, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Union européenne, la France, l’Allemagne et l’Italie. Celui-ci instaurera une liaison ferroviaire, un hydrogénoduc ainsi que des câbles de données à haut débit afin de rendre les connexions entre l’Europe et l’Inde “plus rapides, plus courtes et plus respectueuses de l’environnement”.
Elle revient également sur le pacte sur la migration et l’asile, proposé par la Commission en septembre 2020 et actuellement en phase de négociations. L’idée derrière ce texte est d’atteindre un compromis entre la sécurité et la protection des personnes. Elle souligne les mesures concrètes déjà réalisées dans ce cadre, comme la réduction des flux irréguliers depuis les Balkans occidentaux et le partenariat noué avec la Turquie. Elle dit envisager des accords similaires avec d’autres pays mais n’a pas donné plus de précision.
Un discours néanmoins insuffisant pour certains acteurs
Ce format de discours reste insuffisant pour évoquer toutes les thématiques liées à l’UE et la présidente de la Commission a donc axé ses priorités, pouvant déplaire à certains partis politiques européens ou acteurs de la société civile.
En effet, lors d’un échange sur le discours organisé par la représentation de la Commission en France au Conseil économique, social et environnemental (CESE), plusieurs personnes travaillant en lien avec les collectivités territoriales ont souligné l’absence de mention de ces dernières dans le discours. L’action de l’UE sur les politiques locales représente une grande partie de son budget et permet de soutenir ces politiques et de réduire les inégalités entre les territoires. Cet élément n’a pas été abordé par Ursula von der Leyen trois années de suite. Les acteurs des collectivités territoriales craignent que ce budget soit négligé au profit d’autres politiques.
De même, pour certains acteurs politiques européens, les mesures sociales n’ont été que trop peu évoquées par la présidente de la Commission. Après le discours, la présidente de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates Iratxe García a indiqué que les annonces d’Ursula von der Leyen manquaient de mesures sociales concrètes. Elle a par exemple vivement encouragé d’inscrire la violence contre les femmes dans la liste des délits de l’UE.
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