Un parcours éclair
Né à Southampton, de parents originaires du Pendjab ayant migré dans les années 1960, Rishi Sunak étudie au sein de l’élite académique anglo-saxonne. Passé par le pensionnat pour garçons de Winchester Collège, il étudie la philosophie, la politique et l’économie au sein de l’université d’Oxford. Rishi Sunak effectue un MBA à Stanford à l’issue de ses études. Il travaille ensuite en tant qu’analyste financier à Goldman Sachs entre 2001 et 2004, puis travaille à la City de Londres, où il se spécialise dans les fonds spéculatifs. Il participe également à l’activité de son beau-père, Narayana Murthy, milliardaire indien fondateur de Infosys, société indienne de conseil en services en informatique. En 2009, il épouse sa fille, Akshata Murthy, avec qui il a deux filles.
Élu du North Yorkshire en 2015 à 35 ans, il se fait rapidement remarquer en 2016 lorsqu’il est l’un des premiers à apporter son soutien au camp du Brexit, qui ne comptait alors que peu de partisans. Estimant que l’Union européenne était un poids lourd pour l’économie britannique dans sa volonté de s’adapter à « la marche du monde », Sunak défend un Brexit fructueux pour les intérêts britanniques à long-terme. En 2016, sur son site internet, il détaille que le Royaume-Uni sera « plus libre, plus juste et plus prospère hors de l’UE », et qu’une sortie de cette dernière est l’unique moyen de « reprendre contrôle de sa destinée ».
À l’issue des élections victorieuses de décembre 2019, il devient secrétaire en chef du Trésor dans le premier gouvernement de Boris Johnson, puis est reconduit dans le second gouvernement en février 2020. Deux mois après le triomphe électoral des élections anticipées décidées par BoJo, Rishi Sunak se voit confier la lourde responsabilité de réaliser les promesses de ce dernier : l’économie britannique après le Brexit, le NHS et le redressement du nord de l’Angleterre qui connaît des retards économiques certains par rapport aux autres régions du pays. Durant son mandat, Rishi Sunak doit également composer avec la pandémie de Coronavirus.
Alors qu’il n’était qu’un inconnu du grand public, Rishi Sunak s’est fait un nom auprès des Britanniques par son pragmatisme, son image de gendre idéal et sa discrétion. En février 2020, il reçoit le portefeuille de l’Économie et des Finances de la 5ème puissance mondiale à tout juste 39 ans. Il incarne l’avenir du parti conservateur et sa personnalité calme et proprette contraste avec la personnalité détonante de Boris Johnson.
Un homme de confiance qui cultive son image
Nommé à la suite du départ tonitruant de Sajid Javid, Sunak bénéficie d’une grande confiance de la part de Boris Johnson, qui le tient en haute estime et se tourne régulièrement vers lui pour le sonder sur les sujets économiques.
Jeune et issu de la diversité, celui qui est surnommé « Dishy Rishy » (séduisant Rishi) est devenu, en l’espace de deux ans, l’une des figures centrales de la vie politique britannique. Fan absolu de la saga Star Wars, Rishi Sunak a pris une telle stature, qu’il apparaît comme un successeur légitime et apprécié du parti Conservateur. BoJo ne peut le saboter sans s’affaiblir lui-même.
Il n’est pas le plus jeune ministre des Finances - titre qu’il manque de peu - mais il devient le premier ministre né dans les années 1980 à obtenir l’un des quatre portefeuilles les plus importants du gouvernement (premier ministre, Finances, Affaires étrangères et Intérieur). « The Times They Are a-Changin » paraît-il.
Au cours de son mandat, Rishi Sunak n’a de plus pas hésité à marquer ses différences avec BoJo. Sunak a reçu le soutien des cadres du parti, qui apprécient sa rigueur budgétaire et qui, à l’instar de Mark Harper, whip à la chambre des Communes, lui renouvelle sa confiance pour remettre le pays « sur le chemin de la responsabilité budgétaire » après les nombreuses dépenses que la situation sanitaire a exigées.
Dès le début de son mandat, Rishi Sunak doit compter avec un impondérable : la situation pandémique. Il ouvre toutefois le robinet des dépenses budgétaires pour garder à flot l’économie britannique. Une fois sorti de cet épisode, les dissensions se sont manifestées entre le 10 et le 11 Downing Street. En bon adepte de l’austérité, Rishi Sunak a ardemment défendu une stabilisation des finances publiques, notamment en proposant de geler les retraites, et s’est opposé à BoJo sur la taxe carbone, craignant que celle-ci ne pèse sur les ménages britanniques.
BoJo dans la tourmente, Sunak se place
Depuis quelques semaines, Boris Johnson est au cœur du « Party Gate » qui pourrait le faire chuter. Accusé d’avoir participé à plusieurs fêtes pendant le confinement à la résidence du premier ministre, Boris Johnson a été bien en peine de se justifier devant les accusations des MPs.
Cette affaire est d’ampleur, et en coulisse, les conservateurs se pressent pour éventuellement trouver le successeur du remarqué BoJo. Plusieurs noms se dégagent : Liz Truss, secrétaire aux Affaires extérieures et ancienne ministre des Femmes et des Égalités, ou encore Michael Gove, Secrétaire d’État à l’Égalité des chances, au Logement et aux Communautés. Rishi Sunak bénéficie toutefois d’une meilleure popularité, et est la personnalité conservatrice préférée des Britanniques, recueillant 31% d’avis positifs contre 26% pour BoJo.
Pour l’heure, le soutien de Rishi Sunak pour son premier ministre reste indéfectible. Mais Rishi Sunak est attendu au tournant. Il est présenté comme le favori par les Bookmakers pour prendre la relève de Boris Johnson qui l’a pourtant révélé.
L’équipe de collaborateurs de Rishi Sunak ne compte donc pas laisser passer la chance de leur poulain. Site internet de campagne, lancement d’un compte twitter @ReadyForRishi, Cass Horowitz, son conseiller en communication présenté comme un « Boy Genius » de la Com’ politique, s’activerait d’ailleurs en coulisses pour préparer une éventuelle campagne, quitte à trahir celui qui l’a propulsé sur le devant de la scène politique britannique.
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